Matthieu 28, 1
Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre.
Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre.
2905. Après avoir achevé les sacrements de la passion du Seigneur, l’évangéliste traite du triomphe de la résurrection du Seigneur. [Cette section comporte] des divisions : premièrement, il montre comment les disciples ont appris la résurrection par l’ouïe ; deuxièmement, comment [ils l’ont apprise] par la vue, de sorte que, par l’ouïe et la vue, ils en donnent un témoignage certain.
À propos du premier point, on présente comment [ils l’ont apprise] en écoutant les femmes ; deuxièmement, comment [ils l’ont apprise] des gardes. Le second point [se trouve] en cet endroit : TANDIS QU’ELLES S’EN ALLAIENT, VOICI QUE QUELQUES GARDES VINRENT EN VILLE [28, 11].
2906. À propos du premier point, [l’évangéliste] fait deux choses : premièrement, il dit comment les femmes l’ont apprise de l’ange ; deuxièmement, comment [elles l’ont apprise] en voyant le Christ, en cet endroit : ELLES SORTIRENT AUSSITÔT DU TOMBEAU [28, 8].
À propos du premier point, [Matthieu] fait trois choses : premièrement, les personnes à qui la révélation a été faite sont présentées ; deuxièmement, l’ange qui fait la révélation ; troisièmement, la révélation. Le second point [se trouve] en cet endroit : ET VOILÀ QU’IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE [28, 2] ; le troisième, en cet endroit : MAIS L’ANGE RÉPONDIT ET DIT [28, 5].
En premier lieu, [l’évangéliste] indique le moment ; en second lieu, les personnes.
2907. [Il indique] le moment : LE SOIR DU SABBAT. À ce sujet, il existe un double doute. Le premier [porte] sur le fait que [l’évangéliste] dit : LE SOIR ; le second, sur le fait qu’il dit : [LE JOUR] COMMENÇAIT À POINDRE. Sur ce point, il y a un doute, car Matthieu et Jean semblent se contredire, puisque Jean dit qu’il faisait encore noir.
Que veut donc dire [Matthieu] par : LE SOIR DU SABBAT ? Il y a ici une triple solution. La première est celle de Jérôme : [les femmes] sont venues le soir et le matin. Que l’un dise : LE SOIR, et l’autre : LE MATIN, cela n’est pas le fait d’une discordance, mais de l’empressement des saintes femmes. Bède donne la solution suivante : [les femmes] se mirent en route le soir et arrivèrent le matin. Mais est-ce qu’il y avait une telle distance ? Il dit que non, mais on dit que quelqu’un fait [quelque chose] lorsqu’il se prépare à le faire. On lit cela en Lc 23, 55 : Voyant le tombeau et la façon dont le corps y reposait, elles revinrent préparer des aromates. Elles achetèrent les aromates à la Parascève, se reposèrent le jour du sabbat et, le soir, elles se préparèrent à [utiliser les aromates]. La troisième solution est celle d’Augustin : il dit que c’est la coutume dans la Sainte Écriture de prendre la partie pour le tout. On entend donc par : LE SOIR, toute la nuit du sabbat. Ainsi, LE SOIR DU SABBAT, c’est-à-dire [le soir] qui suivait le sabbat, donc, le soir qui est le commencement du jour qui suivait le sabbat. On lit quelque chose de semblable en Gn 1, 5, lorsqu’on rappelle les œuvres de Dieu : IL Y EUT UN SOIR ET IL Y EUT UN MATIN : PREMIER JOUR. Elles vinrent donc LE SOIR, car c’était la première partie de la nuit. C’est ce que veut dire : ALORS QUE LE JOUR COMMENÇAIT À POINDRE. Le jour ne point pas le soir, car, le soir, il fait noir. Elles vinrent donc lorsque le jour commença à poindre, c’est-à-dire à la première lueur du jour. Notez que les Juifs comptent tous les jours à partir du sabbat. Le jour après le sabbat était donc un dimanche. Et si tu demandes à Augustin pourquoi Matthieu utilise une telle façon de parler, il dit que, le soir, elles préparèrent les aromates et qu’elles vinrent le matin. Cela revient donc au même que [ce que dit] Bède. Mais, selon Jérôme, comment faut-il comprendre ce que [l’évangéliste] dit : ALORS QUE LE JOUR COMMENÇAIT À POINDRE ? Parce que le soir, il fait noir. Il faut savoir que, chez les Juifs, le jour commence le soir [précédent]. La raison en est qu’ils comptaient le jour à partir de la lune. Or, la lune commence à briller le soir. Ce jour commence donc le soir, mais il brille le jour qui suit le sabbat. [On trouve] la même façon de s’exprimer en Lc 23, 54 : Or, c’était la Parascève, et le sabbat pointait.
2908. Cette manière de parler est appropriée au mystère. Premièrement, [pour exprimer] la solennité de la résurrection du Seigneur, car cette nuit fut radieuse. Ps 138[139], 12 : Et la nuit brillera comme le jour. De même, cela convient au rétablissement de l’homme qui a été accompli par le Christ : en effet, dans le premier homme, on était passé du jour à la nuit, à savoir, celle du péché ; et son état a été changé, à savoir qu’il est passé de la nuit au jour. Ep 5, 8 : Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Il est aussi indiqué que tout ce qui était obscur dans la loi et les prophètes a été totalement éclairé par la résurrection du Christ. Une eau ténébreuse dans les nuées de l’air, Ps 17, 12. Cela est éclairé par la résurrection, comme on le lit en Lc 24, 27 : En commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur expliqua tout ce qui se rapportait à lui dans les Écritures.
2909. Ensuite, [l’évangéliste] traite des personnes : MARIE MADELEINE ET L’AUTRE MARIE (il faut comprendre : la mère de Jacques). Marc en ajoute une troisième : Et Salomé. Salomé est donc un nom de femme.
Mais ce ne fut pas sans mystère que deux du même nom vinrent [au tombeau]. [Le Seigneur] a donc voulu apparaître d’abord à une femme parce que, de cette manière, le sexe féminin était d’une certaine manière rétabli, car, de même que la femme avait été la première à entendre la mort dans le premier lieu de vie, de même, par une disposition divine, elle fut la première à voir la vie dans un lieu de mort. Si 25, 33 : Le péché est d’abord venu d’une femme. Elles portaient le même nom, car l’unité de l’Église est indiquée par elles : en effet, l’une était issue de Juifs, l’autre de païens, mais maintenant ils sont tous dans l’Église. Ct 6, 8 : Ma colombe est unique. Elles s’appellent aussi Marie : en effet, de même que Marie a conçu un enfant en son sein clos, de même celles-ci ont-elles mérité de voir [le Christ] sortir d’un tombeau fermé.
2910. [ELLES] VINRENT DONC VISITER LE TOMBEAU : par cela, leur dévotion est indiquée, car elles ne pouvaient apaiser leur soif. Comme elles ne pouvaient le voir, elles voulaient au moins voir le tombeau. Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur, plus haut, 6, 21.
À propos du premier point, on présente comment [ils l’ont apprise] en écoutant les femmes ; deuxièmement, comment [ils l’ont apprise] des gardes. Le second point [se trouve] en cet endroit : TANDIS QU’ELLES S’EN ALLAIENT, VOICI QUE QUELQUES GARDES VINRENT EN VILLE [28, 11].
2906. À propos du premier point, [l’évangéliste] fait deux choses : premièrement, il dit comment les femmes l’ont apprise de l’ange ; deuxièmement, comment [elles l’ont apprise] en voyant le Christ, en cet endroit : ELLES SORTIRENT AUSSITÔT DU TOMBEAU [28, 8].
À propos du premier point, [Matthieu] fait trois choses : premièrement, les personnes à qui la révélation a été faite sont présentées ; deuxièmement, l’ange qui fait la révélation ; troisièmement, la révélation. Le second point [se trouve] en cet endroit : ET VOILÀ QU’IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE [28, 2] ; le troisième, en cet endroit : MAIS L’ANGE RÉPONDIT ET DIT [28, 5].
En premier lieu, [l’évangéliste] indique le moment ; en second lieu, les personnes.
2907. [Il indique] le moment : LE SOIR DU SABBAT. À ce sujet, il existe un double doute. Le premier [porte] sur le fait que [l’évangéliste] dit : LE SOIR ; le second, sur le fait qu’il dit : [LE JOUR] COMMENÇAIT À POINDRE. Sur ce point, il y a un doute, car Matthieu et Jean semblent se contredire, puisque Jean dit qu’il faisait encore noir.
Que veut donc dire [Matthieu] par : LE SOIR DU SABBAT ? Il y a ici une triple solution. La première est celle de Jérôme : [les femmes] sont venues le soir et le matin. Que l’un dise : LE SOIR, et l’autre : LE MATIN, cela n’est pas le fait d’une discordance, mais de l’empressement des saintes femmes. Bède donne la solution suivante : [les femmes] se mirent en route le soir et arrivèrent le matin. Mais est-ce qu’il y avait une telle distance ? Il dit que non, mais on dit que quelqu’un fait [quelque chose] lorsqu’il se prépare à le faire. On lit cela en Lc 23, 55 : Voyant le tombeau et la façon dont le corps y reposait, elles revinrent préparer des aromates. Elles achetèrent les aromates à la Parascève, se reposèrent le jour du sabbat et, le soir, elles se préparèrent à [utiliser les aromates]. La troisième solution est celle d’Augustin : il dit que c’est la coutume dans la Sainte Écriture de prendre la partie pour le tout. On entend donc par : LE SOIR, toute la nuit du sabbat. Ainsi, LE SOIR DU SABBAT, c’est-à-dire [le soir] qui suivait le sabbat, donc, le soir qui est le commencement du jour qui suivait le sabbat. On lit quelque chose de semblable en Gn 1, 5, lorsqu’on rappelle les œuvres de Dieu : IL Y EUT UN SOIR ET IL Y EUT UN MATIN : PREMIER JOUR. Elles vinrent donc LE SOIR, car c’était la première partie de la nuit. C’est ce que veut dire : ALORS QUE LE JOUR COMMENÇAIT À POINDRE. Le jour ne point pas le soir, car, le soir, il fait noir. Elles vinrent donc lorsque le jour commença à poindre, c’est-à-dire à la première lueur du jour. Notez que les Juifs comptent tous les jours à partir du sabbat. Le jour après le sabbat était donc un dimanche. Et si tu demandes à Augustin pourquoi Matthieu utilise une telle façon de parler, il dit que, le soir, elles préparèrent les aromates et qu’elles vinrent le matin. Cela revient donc au même que [ce que dit] Bède. Mais, selon Jérôme, comment faut-il comprendre ce que [l’évangéliste] dit : ALORS QUE LE JOUR COMMENÇAIT À POINDRE ? Parce que le soir, il fait noir. Il faut savoir que, chez les Juifs, le jour commence le soir [précédent]. La raison en est qu’ils comptaient le jour à partir de la lune. Or, la lune commence à briller le soir. Ce jour commence donc le soir, mais il brille le jour qui suit le sabbat. [On trouve] la même façon de s’exprimer en Lc 23, 54 : Or, c’était la Parascève, et le sabbat pointait.
2908. Cette manière de parler est appropriée au mystère. Premièrement, [pour exprimer] la solennité de la résurrection du Seigneur, car cette nuit fut radieuse. Ps 138[139], 12 : Et la nuit brillera comme le jour. De même, cela convient au rétablissement de l’homme qui a été accompli par le Christ : en effet, dans le premier homme, on était passé du jour à la nuit, à savoir, celle du péché ; et son état a été changé, à savoir qu’il est passé de la nuit au jour. Ep 5, 8 : Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Il est aussi indiqué que tout ce qui était obscur dans la loi et les prophètes a été totalement éclairé par la résurrection du Christ. Une eau ténébreuse dans les nuées de l’air, Ps 17, 12. Cela est éclairé par la résurrection, comme on le lit en Lc 24, 27 : En commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur expliqua tout ce qui se rapportait à lui dans les Écritures.
2909. Ensuite, [l’évangéliste] traite des personnes : MARIE MADELEINE ET L’AUTRE MARIE (il faut comprendre : la mère de Jacques). Marc en ajoute une troisième : Et Salomé. Salomé est donc un nom de femme.
Mais ce ne fut pas sans mystère que deux du même nom vinrent [au tombeau]. [Le Seigneur] a donc voulu apparaître d’abord à une femme parce que, de cette manière, le sexe féminin était d’une certaine manière rétabli, car, de même que la femme avait été la première à entendre la mort dans le premier lieu de vie, de même, par une disposition divine, elle fut la première à voir la vie dans un lieu de mort. Si 25, 33 : Le péché est d’abord venu d’une femme. Elles portaient le même nom, car l’unité de l’Église est indiquée par elles : en effet, l’une était issue de Juifs, l’autre de païens, mais maintenant ils sont tous dans l’Église. Ct 6, 8 : Ma colombe est unique. Elles s’appellent aussi Marie : en effet, de même que Marie a conçu un enfant en son sein clos, de même celles-ci ont-elles mérité de voir [le Christ] sortir d’un tombeau fermé.
2910. [ELLES] VINRENT DONC VISITER LE TOMBEAU : par cela, leur dévotion est indiquée, car elles ne pouvaient apaiser leur soif. Comme elles ne pouvaient le voir, elles voulaient au moins voir le tombeau. Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur, plus haut, 6, 21.
La première partie de ce verset
est assez obscure, surtout dans la Vulgate : heureusement, on peut l'éclaircir à l'aide des autres récits. - Le
sabbat passé. Cette locution ne désigne pas le soir du samedi ; mais, comme on le voit par le contexte, le
début du jour suivant. Le grec porte « tard dans le sabbat », c'est-à-dire après le sabbat. Ce sens est garanti
par de nombreux exemples tirés des classiques. Cf. Philostrat. Vit. Apoll. 4, 18, après l'achèvement des
mystères ; Thucyd, 4, 96, le jour fini ; etc. Voir Bretschneider, Lexic. Man. t. 2, p. 195. ; Hagen, Sprachl.
Eroerterungen zur Vulgata, p. 101. Cependant, on peut admettre aussi avec Maldonat que cette expression
représente par métaphore tout le temps écoulé entre le samedi soir et le dimanche matin : « Ce que
l’évangéliste appelle le soir du sabbat, ce n’est pas le temps vespéral qui s’écoule entre le jour et la nuit,
mais toute la nuit, à la fin de laquelle, c’est-à-dire à l’aurore, on dit que les femmes sont venues au
sépulcre ». Toutefois, cette interprétation nous paraît moins exacte. - A luire. Le verbe grec correspondant se
dit habituellement des astres, quand on veut dépeindre les premiers rayons qu'ils envoient sur la terre en
apparaissant à l'horizon ou au firmament ; mais on l'emploie souvent aussi pour représenter le crépuscule du
matin, les premières lueurs du jour. Le « premier jour de la semaine » est un terme technique emprunté au
langage liturgique des anciens Juifs, pour désigner le lendemain du sabbat, le jour du Seigneur (d'où nous
avons fait Dimanche), comme l'a plus tard nommé l'Église. De même que nous prenons le dimanche pour
point de départ, dans la numération chrétienne des jours, de même les Hébreux rapportaient au sabbat tous
les jours suivants de la semaine. Le premier jour après le sabbat est donc la dénomination juive du dimanche,
qui demeura en usage dans la chrétienté pendant un certain nombre d'années. Cf. Act. 20, 7 ; 1 Cor. 16, 2 ;
Joan. 20, 1. - De toutes les explications qui précèdent, il suit que la phrase obscure de S. Matthieu pourrait se
traduire simplement par ces mots : à l'aube du dimanche. Cf. Luc. 14, 1 ; Joan. 20, 1. - Marie-Madeleine...
Nous retrouvons ici les deux saintes femmes qui avaient été mentionnées plus haut, 28, 61. Demeurées les
dernières auprès du sépulcre dans la soirée du vendredi, elles arrivent les premières le dimanche matin. Il est
vrai que S. Marc, 16, 1, et S. Luc, 14, 10, nomment encore plusieurs autres des amis de Jésus. - Pour voir le
tombeau. Plus exactement, elles venaient pour embaumer le corps du Sauveur, et pour compléter sa sépulture
que l'approche du sabbat avait interrompue.
Jésus est ressuscité d’entre les morts, " le premier jour de la semaine " (Mt 28, 1 ; Mc 16, 2 ; Lc 24, 1 ; Jn 20, 1). En tant que " premier jour ", le jour de la Résurrection du Christ rappelle la première création. En tant que " huitième jour " qui suit le sabbat (cf. Mc 16, 1 ; Mt 28, 1) il signifie la nouvelle création inaugurée avec la Résurrection du Christ. Il est devenu pour les chrétiens le premier de tous les jours, la première de toutes les fêtes, le jour du Seigneur (Hè kuriakè hèmera, dies dominica), le " dimanche " :