Matthieu 28, 12

Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme

Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme
Saint Thomas d'Aquin
2942. Puis, la malice de ceux qui font obstacle est présentée. Premièrement, la malice des grands prêtres est présentée ; deuxièmement, la corruption des gardes ; troisièmement, celle du peuple.

À propos du premier point, quatre choses contribuent à accroître la malice [des grands prêtres]. Premièrement, leur réunion. [Matthieu] dit donc : CEUX-CI SE RÉUNIRENT AVEC LES ANCIENS, etc., car il n’y en pas seulement un seul. Dn 12, 5 : L’iniquité est venue des anciens du peuple. De même, leur malice est accrue par le fait qu’ils ne firent pas cela par faiblesse, mais par malice ou après avoir méchamment délibéré. Tel est le conseil des impies, dont parle Ps 1, 1 : Bienheureux l’homme qui ne s’est pas joint au conseil des impies. Ils ont aussi pratiqué la fraude, car ils ont dépensé l’argent offert en proférant un mensonge. Ils savaient donc ce [que dit] Qo 10, 19 : L’argent fait obéir tout le monde. Comme le dit Jérôme, ceux-ci sont semblables à ceux qui vendent les biens ecclésiastiques pour se donner du plaisir.
Louis-Claude Fillion
Le sujet change tout à coup, ainsi qu'il arrive souvent dans les récits grecs ; cf. Winer, Gramm. des neutestam. Sprachidioms, § 67, 1. Il était question des soldats romains, et c'est des prêtres qu'il s'agit à présent. Ceux-ci convoquent les membres du Sanhédrin pour une nouvelle séance qui sera, par son objet, le digne couronnement de toutes les précédentes. - Ayant tenu conseil. Ces mots indiquent une résolution officielle, prise après délibération de l'assemblée. - Une forte somme. Ils ont acheté la coopération du traître ; ils achètent maintenant le silence des soldats romains, ce qui fut tout aussi facile, quoique beaucoup plus coûteux. Les Sanhédristes, fidèles à eux-mêmes, ne reculent devant aucune infamie pour arriver à leurs fins honteuses. Chose remarquable : ils n'essaient pas même d'accuser les gardes d'avoir été infidèles ou négligents. C'est donc qu'ils croyaient eux-mêmes à la résurrection de Jésus. Autrement, ils auraient tout d'abord recouru à ce moyen pour répandre l'erreur qu'ils désiraient accréditer. Mais les soldats prouvèrent sans doute qu'ils étaient parfaitement en règle. A Rome en effet chaque homme de garde, au moment de se diriger vers le poste qu'on lui assignait, recevait une tablette sur laquelle était marquée son heure de corvée. Il la remettait ensuite au surveillant qui s'assurait de la vigilance des sentinelles. On pouvait donc avoir des preuves matérielles que tout s'était bien passé.