Matthieu 28, 17

Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.

Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Saint Thomas d'Aquin
2950. ET QUAND ILS LE VIRENT. Il faut remarquer que, parmi ceux qui contemplent les grandes œuvres de Dieu, il y en a deux sortes. Certains les considèrent avec respect. Ainsi Abraham dit, Gn 18, 27 : Je parlerai à mon Seigneur, même si je suis cendre et poussière. Et Jb 9, 14 : Qui suis-je pour lui répondre et parler avec lui avec mes mots ? Vient ensuite : Je me reprends donc, et je fais pénitence dans la poussière et dans la cendre. Ce respect se trouve aussi chez les anges. Ap 7, 1 : Tous les anges se prosternaient face contre terre devant son trône, et ils adoraient Dieu. Cela s’explique par le fait que, plus quelqu’un le connaît, plus il le révère. Mais certains se tournent vers l’infidélité : en effet, ils veulent que tout soit égal à leur intelligence, de sorte que ce qu’ils ne comprennent pas, ils le blasphèment.

Il en fut donc ainsi des disciples, car, QUAND ILS LE VIRENT, ILS SE PROSTERNÈRENT. Ps 31[32], 7 : Nous adorerons à l’endroit où ses pieds se sont posés. D’AUTRES CEPENDANT DOUTÈRENT, à savoir que le Seigneur se laissa toucher, comme il est dit en Lc 24, 39.
Louis-Claude Fillion
Dès que le divin Maître apparut, les disciples se prosternèrent à ses pieds, avec les sentiments les plus vifs de la foi et de l'amour. - L'évangéliste fait pourtant une restriction : quelques-uns eurent des doutes. Assurément ce ne furent pas les Apôtres qui doutèrent ; comment l'auraient-ils pu après avoir déjà contemplé à plusieurs reprises Jésus ressuscité ? Cf. Luc. 24, 19-26. Il y a donc là une nouvelle preuve qu'ils n'étaient pas seuls sur la montagne, mais que d'autres disciples, dans le sens large de l'expression, les y avaient accompagnés. Ceux-ci, bien qu'on leur eût certifié le fait de la Résurrection, bien qu'ils vissent actuellement le Sauveur de leurs propres yeux, hésitèrent pourtant encore à croire que ce fût vraiment lui. Les Onze, dans une circonstance semblable, Luc. 24, 36-37, n'avaient-ils pas supposé que c'était un fantôme qui leur apparaissait ? Il n'est donc pas nécessaire de traduire, comme on le fait quelquefois, le verbe par le plus-que-parfait : Tous l'adorèrent, c'est-à-dire crurent en lui, bien que plusieurs eussent douté auparavant. Ce sens est contraire à la pensée que voulait exprimer S. Matthieu. Après avoir présenté la masse des assistants à genoux devant Jésus, il se reprend pour noter que plusieurs d'entre les disciples n'avaient pas encore une foi parfaite.
Fulcran Vigouroux
Quelques-uns néanmoins doutèrent ; non quelques-uns des apôtres, puisque Thomas, qui seul avait douté de la vérité de la résurrection, en était alors pleinement convaincu ; mais quelques-uns des disciples qui se trouvaient là présents avec les apôtres et dont le doute portait non sur le fait de la résurrection, qui était indubitable, mais sur la personne même de Jésus-Christ. Saint Paul dit que Notre-Seigneur, après sa résurrection, se fit voir à plus de cinq cents personnes (voir 1 Corinthiens, 15, 6).
Catéchisme de l'Église catholique
Même mis devant la réalité de Jésus ressuscité, les disciples doutent encore (cf. Lc 24, 38), tellement la chose leur paraît impossible : ils croient voir un esprit (cf. Lc 24, 39). " Dans leur joie ils ne croient pas encore et demeurent saisis d’étonnement " (Lc 24, 41). Thomas connaîtra la même épreuve du doute (cf. Jn 20, 24-27) et, lors de la dernière apparition en Galilée rapportée par Matthieu, " certains cependant doutèrent " (Mt 28, 17). C’est pourquoi l’hypothèse selon laquelle la résurrection aurait été un " produit " de la foi (ou de la crédulité) des apôtres est sans consistance. Bien au contraire, leur foi dans la Résurrection est née – sous l’action de la grâce divine – de l’expérience directe de la réalité de Jésus ressuscité.