Matthieu 28, 2

Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.

Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.
Saint Thomas d'Aquin
2911. ET VOILÀ QU’IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE. Il est ici question de l’ange qui fait une révélation. Premièrement, la venue de l’ange est abordée ; deuxièmement, son action ; troisièmement, son attitude ; quatrièmement, l’effet. Le second point [se trouve] en cet endroit : IL S’APPROCHA ET ROULA LA PIERRE [28, 2] ; le troisième, en cet endroit : ET IL S’ASSIT SUR ELLE [28, 2] ; le quatrième, en cet endroit : EN LE VOYANT, LES GARDES FURENT SAISIS D’EFFROI [28, 4].

À propos du premier point, la venue de l’ange est d’abord indiquée ; deuxièmement, la cause de sa venue est abordée, en cet endroit : L’ANGE DU SEIGNEUR DESCENDIT DU CIEL [28, 2].

2912. [Matthieu] dit donc : ET VOILÀ QU’IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE. Cela était approprié et était dû à une cause liée au texte. Selon Chrysostome, la raison était que [les femmes] étaient venues de nuit ; il se peut donc qu’elles se soient endormies. Pour les réveiller, IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE, afin de les réveiller. Jérôme dit qu’on avait touché quelque chose de l’humanité [du Christ] ; il fallait donc toucher quelque chose de [sa] divinité. Ainsi, après qu’il a été question du tombeau, qui relève de [son] humanité, un tremblement de terre se fit afin d’indiquer que celui qui était mort ne pouvait pas être retenu sous terre. Il était libre parmi les morts, Ps 87[88], 6.

2913. Au sens mystique, il y eut deux tremblements de terre, afin que par le premier soit signifié le mouvement des cœurs, car nous avons été libérés du péché par [sa] mort, et par l’autre, le passage à la gloire. Rm 4, 25 : Il a été livré à cause de nos péchés, et il est ressuscité pour notre justification. Et en Ps 59[60], 4 : Tu as ébranlé la terre et tu l’as bouleversée. De même, la résurrection [du Christ] est une certaine préfiguration de la résurrection à venir, car, dans [la résurrection] à venir, la terre tremblera. Ps 75[76], 9 : La terre a tremblé puis s’est calmée, lorsque Dieu s’est levé pour juger.

2914. Et pourquoi ? On ajoute : L’ANGE DU SEIGNEUR DESCENDIT DU CIEL. Si la terre n’a pu supporter un ange, elle pourra encore moins [supporter] l’avènement du Christ pour le jugement. Et [Matthieu] dit : [L’ANGE] DESCENDIT, car, même si l’ange n’est par circonscrit dans un lieu, il est cependant défini par un lieu pour ce qui est de son action. Un certain mouvement lui convient donc. Il convient aussi que la résurrection soit annoncée par un ange, tant pour la gloire de celui par qui elle arrive, comme le dit Paul en Ac 13, 30 : Dieu l’a ressuscité des morts (car les anges sont des serviteurs), que pour indiquer la dignité de celui qui ressuscite. Il est dit de lui, plus haut, 4, 11, que les anges s’approchèrent et le servaient. Cela convient aussi, car, par la résurrection, les réalités célestes étaient unies aux réalités terrestres.

2915. Ensuite, l’action de l’ange est présentée : IL S’APPROCHA ET ROULA LA PIERRE. Et ceci, à la lettre, afin d’ouvrir la voie aux femmes, car, en réalité, le Christ était déjà ressuscité. En effet, de même qu’il était sorti d’un sein clos, de même [était-il sorti] d’un tombeau scellé. Cela a donc été fait pour que ce soit mis en évidence pour les femmes. IL ROULA donc, c’est-à-dire qu’il roula de nouveau, afin de montrer la gloire de celui qui ressuscitait. Ce roulement signifiait la manifestation de la loi, qui avait été écrite sur des tables de pierre.

2916. Ensuite, l’attitude [de l’ange] est présentée : premièrement, par sa position assise ; deuxièmement, par son aspect ; troisièmement, par son vêtement.

Par sa position assise, car IL S’ASSIT, non pas parce qu’il était fatigué, mais pour indiquer qu’il était le docteur de la résurrection du Seigneur. Être assis est aussi le propre de ceux qui se reposent. Par là est indiqué le repos que [le Christ] obtint par sa résurrection dans la gloire. Rm 6, 9 : Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus : la mort n’aura plus de prise sur lui. De même, s’asseoir est le propre de celui qui domine. Ps 109[110], 1 : Le Seigneur dit à mon Seigneur : «Siège à ma droite.» Et cet [ange] s’assied SUR LA PIERRE, c’est-à-dire sur le Diable, pour indiquer que [le Christ] dominait déjà la mort et le Diable.
Louis-Claude Fillion
Les versets 2-4 racontent des faits antérieurs à l'arrivée des saintes femmes. C'est pendant qu'elles étaient en route que l'ange descendit du ciel et ouvrit le tombeau : elles le trouvèrent assis sur la pierre ; il ne fit donc pas sous leurs yeux sa première apparition. - Et voici… Cette particule annonce un prodige éclatant. Le vendredi soir, au moment où Jésus expirait, une violente commotion s'était fait sentir aux alentours du Calvaire, cf. 27, 51, 54 ; un ébranlement du même genre se produisit le dimanche matin dans le voisinage du sépulcre. Il avait pour but de montrer aux sentinelles romaines, placées là par le Sanhédrin, le caractère surnaturel et divin de tout ce qui se passait alors. - Car un ange du Seigneur… explique la relation qui existait entre le tremblement de terre et l'apparition de l'ange. - Il renversa la pierre. Brisant les scellés du Grand Conseil, l'envoyé céleste roule de côté cette énorme pierre et ouvre ainsi le sépulcre de Jésus. On admet généralement, à la suite des Pères, que la résurrection du Sauveur avait eu lieu quelques instants auparavant. Ce n'est pas pour Lui que le tombeau fut ouvert, mais pour les saintes femmes et pour les disciples. Ce signe devait leur dire dès leur approche : « Il n'est pas ici, il est ressuscité », Cf. v. 6. Quant au fait même de la Résurrection, il est complètement passé sous silence par les écrivains sacrés : c'est un mystère dont il n'a pas plu à l'Esprit-Saint de nous révéler les détails. Les Pères le comparent à la naissance miraculeuse de Jésus. « Les Juifs perfides ont scellé la pierre du monument pour que Christ n’ait pas d’issue. Mais comment ne pouvait-il pas sortir du sépulcre celui qui est sorti du sein non souillé de sa mère en préservant sa virginité ? », S. August. Serm. 138 de tempore ; Cf. Euthymius, in h.l. Glorieux triomphe, devant lequel il faut encore adorer et nous taire ! - Il s'assit : l'ange prend ainsi l'attitude d'un conquérant qui foule aux pieds ses ennemis vaincus ; c'est lui qui est désormais le vrai gardien du saint Sépulcre, mais du sépulcre vide.