Matthieu 28, 9

Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui.

Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui.
Saint Thomas d'Aquin
2932. ET VOICI QUE JÉSUS VINT À LEUR RENCONTRE. Ici est présentée l’apparition du Christ : premièrement, l’apparition est présentée ; deuxièmement, la salutation ; troisièmement, la révérence des femmes.

2933. [Matthieu] dit donc : ET VOICI QUE JÉSUS VINT À LEUR RENCONTRE. C’est à juste titre qu’il dit : IL VINT À LEUR RENCONTRE, car il se présente sans qu’on l’ait espéré en donnant la grâce. Sg 6, 14 : Il s’établit d’avance chez ceux qui le désirent, afin de se montrer à eux en premier. Is 64, 5 : Tu es venu au-devant de celui qui se réjouissait et accomplissait la justice. [Jésus] les salue aussi : JE VOUS SALUE. En grec, «Je vous salue» [khairété] indique la joie. C’est ainsi qu’on a dit plus haut qu’elles allaient dans la joie. La joie spirituelle sera donc toujours accrue chez les justes, et cela, par la conversation spirituelle. Ps 84[85], 5 : J’écouterai ce que Dieu dira en moi. C’étaient là des paroles de consolation, car de même que la première femme avait entendu la malédiction, de même ces femmes ont-elles entendu la bénédiction, et la bénédiction répond à la malédiction.

2934. Puis, ELLES S’APPROCHÈRENT ET ÉTREIGNIRENT SES PIEDS EN SE PROSTERNANT DEVANT LUI. Elles s’approchèrent donc, étreignirent ses pieds et l’adorèrent. Ainsi, l’âme du pécheur ne doit pas recevoir la grâce de Dieu en vain, et cela est indiqué par le fait qu’ELLES S’APPROCHÈRENT. Ps 33[34], 6 : Approchez-vous de lui, et vous serez illuminés. Ils doivent aussi s’attacher à lui solidement, et cela est indiqué par le fait qu’ELLES ÉTREIGNIRENT SES PIEDS. Dt 33, 3 : Ceux qui s’approchent de ses pieds recevront son enseignement. [Matthieu] aborde aussi la révérence [des femmes] lorsqu’il dit : ELLES SE PROSTERNÈRENT DEVANT LUI, car elles le reconnurent comme Dieu. Ps 131[132], 7 : Nous nous prosternerons à l’endroit que ses pieds ont touché.

2935. Mais une question peut se poser, car, en Jn 21, 12, il est dit : Ne me touchez pas ! mais ici il est dit qu’ELLES ÉTREIGNIRENT SES PIEDS. Il faut donc comprendre qu’elles l’ont vu deux fois, et qu’une fois elles ont vu un seul ange, comme le dit Augustin, et, une autre fois, deux. Mais ce fut aussi le cas pour le Christ. En premier lieu, Marie Madeleine éplorée le vit, comme on le lit en Jn 20, 14. Mais, par la suite, il vint au-devant d’elles alors qu’elles s’approchaient. Mais Marie Madeleine n’a pas pu d’abord le tenir. Selon Augustin, c’est parce qu’elle douta d’abord et n’en était donc pas digne. Mais, une fois rassurée, elle devint digne de toucher le Christ, afin que son contact extérieur concorde avec [son contact] intérieur.
Louis-Claude Fillion
Ce verset et le suivant contiennent le récit abrégé de l'apparition que Jésus fit aux saintes femmes peu de temps après leur sortie du sépulcre. Sur la manière de concilier la narration de S. Matthieu avec celles de S. Marc, 16, 9-11, et de S. Jean, 20, 11-18, voir l'explication de ces deux passages. - Jésus vint au-devant d'elles. Puisqu'elles se rendaient à la ville, il semblait donc en venir lui-même. Il prononça probablement la formule hébraïque « la paix soit avec vous ». - Elles s'approchèrent . Ce fut leur premier mouvement : dès qu'elles aperçurent Jésus, elles s'approchèrent de lui avec amour. - Elles embrassèrent ses pieds. Elles saisirent respectueusement ses pieds pour les baiser. C'est de la même manière que la Sunnamite avait témoigné sa vénération au prophète Elisée, 4 Reg. 4, 27. - Et l'adorèrent. Elles demeurèrent quelque temps prosternées, dans le sentiment d'une profonde adoration pour le Fils de Dieu ressuscité.
Catéchisme de l'Église catholique
Marie de Magdala et les saintes femmes, qui venaient achever d’embaumer le corps de Jésus (cf. Mc 16, 1 ; Lc 24, 1) enseveli à la hâte à cause de l’arrivée du Sabbat le soir du Vendredi Saint (cf. Jn 19, 31. 42), ont été les premières à rencontrer le Ressuscité (cf. Mt 28, 9-10 ; Jn 20, 11-18). Ainsi les femmes furent les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 9-10). C’est à eux que Jésus apparaît ensuite, d’abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1 Co 15, 5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères (cf. Lc 22, 31-32), voit donc le Ressuscité avant eux et c’est sur son témoignage que la communauté s’écrie : " C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon " (Lc 24, 34. 36).

Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher (cf. Lc 24, 39 ; Jn 20, 27) et le partage du repas (cf. Lc 24, 30. 41-43 ; Jn 21, 9. 13-15). Il les invite par là à reconnaître qu’il n’est pas un esprit (cf. Lc 24, 39) mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été martyrisé et crucifié puisqu’il porte encore les traces de sa passion (cf. Lc 24, 40 ; Jn 20, 20. 27). Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles d’un corps glorieux : il n’est plus situé dans l’espace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut (cf. Mt 28, 9. 16-17 ; Lc 24, 15. 36 ; Jn 20, 14. 19. 26 ; 21, 4) car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et n’appartient plus qu’au domaine divin du Père (cf. Jn 20, 17). Pour cette raison aussi Jésus ressuscité est souverainement libre d’apparaître comme il veut : sous l’apparence d’un jardinier (cf. Jn 20, 14-15) ou " sous d’autres traits " (Mc 16, 12) que ceux qui étaient familiers aux disciples, et cela pour susciter leur foi (cf. Jn 20, 14. 16 ; 21, 4. 7).