Matthieu 4, 12
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
442. Plus haut, l’évangéliste montre comment le Christ a été éprouvé et comment il a réussi la mise à l’épreuve en étant vainqueur du diable. Ici, il montre comment le Christ a commencé à enseigner, et à cet égard il fait trois choses. D’abord est décrit l’endroit où il prêche ; deuxièmement, [Matthieu] montre comment [le Christ] choisit les serviteurs de sa prédication, en cet endroit : JÉSUS SE PROMENANT LE LONG DE LA MER DE GALILÉE VIT DEUX FRÈRES ; troisièmement, comment il amena la foule à l’écouter, en cet endroit : ET JÉSUS FAISAIT LE TOUR DE TOUTE LA GALILÉE.
443. À propos du premier point, [Matthieu] décrit le moment, le lieu et la manière de prêcher. Le deuxième point [se trouve] en cet endroit : IL SE RETIRA EN GALILÉE, etc. Le troisième, en cet endroit : ET À PARTIR DE LÀ, JÉSUS SE MIT A PRÊCHER.
444. Cette époque de la prédication publique du Christ eut lieu après l’incarcération de Jean [Baptiste]. C’est pourquoi [Matthieu] dit : COMME JÉSUS AVAIT APPRIS QUE JEAN AVAIT ÉTÉ LIVRÉ, c’est-à-dire par Dieu, avec sa permission. Et il faut noter, pour la compréhension des Evangiles, qu’apparaît ici une contradiction entre Jean et les trois autres [évangélistes], car ceux-ci disent que le Christ descendit à Capharnaüm avant l’incarcération de Jean [Baptiste], tandis que Jean dit qu’il descendit à Capharnaüm après l’incarcération de Jean [Baptiste], laquelle pourtant eut lieu en Galilée. On répondra que Jean, qui fut le dernier, a ajouté pour compléter ce que les autres avaient omis. Mais pourquoi l’ont-ils omis ? Il faut dire que bien que le Christ ait fait des choses les deux premières années, il en avait quand même fait peu en considération de ce qu’il a fait la dernière année. Il faut donc dire que Jean parle de ce que [le Christ] a fait la première et la deuxième année, et certaines choses de la troisième. Et les autres, de ce qu’il a fait la dernière année.
445. On se demande aussi combien d’années le Christ a prêché. Certains disent que ce fut deux ans et demi – en comptant une moitié de l’Épiphanie à Pâques, bien que cela ne fasse pas une [demi-année] complète. En effet, Jean ne fait mention que de trois Pâques, car après le baptême il dit que [le Christ] alla à Jérusalem, Jn 2, 13. Ensuite, il mentionne une Pâque, quand fut accompli le miracle des cinq pains, et ensuite il y eut une seule année jusqu’à la Passion. Mais cette opinion ne paraît pas exacte pour autant, car elle ne concorde pas avec l’opinion de l’Église : en effet, l’Église tient que trois miracles ont été faits le jour de l’Épiphanie, à savoir, l’adoration des mages, le baptême, le changement de l’eau en vin. Il faut donc dire que du baptême au changement de l’eau en vin, il y eut un an. D’où il apparaît que le Christ a prêché trois ans, car jusqu’au miracle du vin il y eut un an ; de là à Pâques, il y eut la moitié d’une autre [année] ; de la purification à la Passion, une autre. C’est l’opinion de l’Église. Et d’après cela, il faut dire que Jean parle peu de la première année ; de la deuxième il dit quelque chose, à savoir comment [le Christ] descendit à Capharnaüm, et [il parle] de la discussion qui eut lieu entre le Christ lui-même et les Juifs, à propos de la purification. Il faut savoir aussi que Jean [Baptiste] fut exécuté aux environs de la Pâque, car il est dit en Jn 6, 4 que lorsqu’eut lieu le miracle des cinq pains, la Pâque était proche, et en Mt 14, 13, il est dit que le Christ, ayant appris la mort de Jean, se retira en Galilée. Il est donc évident que Jean fut décapité aux environs de la Pâque, et le Christ ne fit pas de prédication publique, du moins pendant un an.
446. Ensuite il est question du lieu, quand il est dit : IL SE RETIRA EN GALILÉE. D’abord [Matthieu] localise la province, ensuite la ville.
447. Il dit : IL SE RETIRA. Cette retraite n’est pas la première dont parle Jean, mais elle eut lieu après un an ou deux car les [autres] évangélistes la taisent.
448. Sa retraite eut deux causes. D’abord pour différer le temps de sa Passion, Jn 7, 6 : Mon temps n’est pas encore venu. Deuxièmement, pour nous donner l’exemple de fuir les persécutions, Jn 15, 20 : S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Quant au sens mystique, il est clair : la prédication du Christ était destinée à passer vers les païens, car les Juifs persécutaient la grâce de Dieu, Ac 13, 46 : C’est à vous que la parole de Dieu devait être dite en premier, mais puisque vous l’avez repoussée et que vous êtes jugés indignes de la vie éternelle, eh bien nous nous tournons vers les païens.
443. À propos du premier point, [Matthieu] décrit le moment, le lieu et la manière de prêcher. Le deuxième point [se trouve] en cet endroit : IL SE RETIRA EN GALILÉE, etc. Le troisième, en cet endroit : ET À PARTIR DE LÀ, JÉSUS SE MIT A PRÊCHER.
444. Cette époque de la prédication publique du Christ eut lieu après l’incarcération de Jean [Baptiste]. C’est pourquoi [Matthieu] dit : COMME JÉSUS AVAIT APPRIS QUE JEAN AVAIT ÉTÉ LIVRÉ, c’est-à-dire par Dieu, avec sa permission. Et il faut noter, pour la compréhension des Evangiles, qu’apparaît ici une contradiction entre Jean et les trois autres [évangélistes], car ceux-ci disent que le Christ descendit à Capharnaüm avant l’incarcération de Jean [Baptiste], tandis que Jean dit qu’il descendit à Capharnaüm après l’incarcération de Jean [Baptiste], laquelle pourtant eut lieu en Galilée. On répondra que Jean, qui fut le dernier, a ajouté pour compléter ce que les autres avaient omis. Mais pourquoi l’ont-ils omis ? Il faut dire que bien que le Christ ait fait des choses les deux premières années, il en avait quand même fait peu en considération de ce qu’il a fait la dernière année. Il faut donc dire que Jean parle de ce que [le Christ] a fait la première et la deuxième année, et certaines choses de la troisième. Et les autres, de ce qu’il a fait la dernière année.
445. On se demande aussi combien d’années le Christ a prêché. Certains disent que ce fut deux ans et demi – en comptant une moitié de l’Épiphanie à Pâques, bien que cela ne fasse pas une [demi-année] complète. En effet, Jean ne fait mention que de trois Pâques, car après le baptême il dit que [le Christ] alla à Jérusalem, Jn 2, 13. Ensuite, il mentionne une Pâque, quand fut accompli le miracle des cinq pains, et ensuite il y eut une seule année jusqu’à la Passion. Mais cette opinion ne paraît pas exacte pour autant, car elle ne concorde pas avec l’opinion de l’Église : en effet, l’Église tient que trois miracles ont été faits le jour de l’Épiphanie, à savoir, l’adoration des mages, le baptême, le changement de l’eau en vin. Il faut donc dire que du baptême au changement de l’eau en vin, il y eut un an. D’où il apparaît que le Christ a prêché trois ans, car jusqu’au miracle du vin il y eut un an ; de là à Pâques, il y eut la moitié d’une autre [année] ; de la purification à la Passion, une autre. C’est l’opinion de l’Église. Et d’après cela, il faut dire que Jean parle peu de la première année ; de la deuxième il dit quelque chose, à savoir comment [le Christ] descendit à Capharnaüm, et [il parle] de la discussion qui eut lieu entre le Christ lui-même et les Juifs, à propos de la purification. Il faut savoir aussi que Jean [Baptiste] fut exécuté aux environs de la Pâque, car il est dit en Jn 6, 4 que lorsqu’eut lieu le miracle des cinq pains, la Pâque était proche, et en Mt 14, 13, il est dit que le Christ, ayant appris la mort de Jean, se retira en Galilée. Il est donc évident que Jean fut décapité aux environs de la Pâque, et le Christ ne fit pas de prédication publique, du moins pendant un an.
446. Ensuite il est question du lieu, quand il est dit : IL SE RETIRA EN GALILÉE. D’abord [Matthieu] localise la province, ensuite la ville.
447. Il dit : IL SE RETIRA. Cette retraite n’est pas la première dont parle Jean, mais elle eut lieu après un an ou deux car les [autres] évangélistes la taisent.
448. Sa retraite eut deux causes. D’abord pour différer le temps de sa Passion, Jn 7, 6 : Mon temps n’est pas encore venu. Deuxièmement, pour nous donner l’exemple de fuir les persécutions, Jn 15, 20 : S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Quant au sens mystique, il est clair : la prédication du Christ était destinée à passer vers les païens, car les Juifs persécutaient la grâce de Dieu, Ac 13, 46 : C’est à vous que la parole de Dieu devait être dite en premier, mais puisque vous l’avez repoussée et que vous êtes jugés indignes de la vie éternelle, eh bien nous nous tournons vers les païens.
Quand Jésus eut appris. Quand on rapproche le récit des trois premiers évangélistes de celui de S.
Jean, on voit sans peine qu’il existe entre ce verset et le précédent une lacune considérable, qui équivaut
certainement à plusieurs mois. En effet, c’est avant l’arrestation du Précurseur, avant l’installation de Jésus à
Capharnaüm, qu’eurent lieu les événements racontés par le disciple bien-aimé dans ses premiers chapitres, 1,
19 - 4, 42. Voici quelle fut la vraie suite des faits d’après l’ordre chronologique : la tentation de Jésus, Matth.
4, 1-11 et parall. ; le témoignage rendu par Jean-Baptiste au Messie devant la députation du Sanhédrin et
devant ses propres disciples, Joan. 1, 19-34 ; la première vocation de Pierre, d’André, de Philippe et de
Nathanaël, Joan. 1, 35-51 ; le changement de l’eau en vin aux noces de Cana et un séjour momentané de
Jésus à Capharnaüm, Joan. 2, 1-12 ; le voyage de Notre-Seigneur à Jérusalem à l’occasion de la Pâque et
l’expulsion des vendeurs du temple, Joan. 2, 13-25 ; l’entretien avec Nicodème, Joan. 3,1-21 ; les débuts du
ministère du Sauveur en Judée, Joan. 3, 22-36 ; sa marche vers la Galilée à travers la Samarie et l’entretien
avec la Samaritaine, Joan. 4, 1-42, enfin son arrivée en Judée et son établissement à Capharnaüm, Matth. 4,
12 et ss. et parall. Joan. 4, 43. Voir notre Harmonie évangélique à la fin de l’Introduction générale. Nous
aurons plus d’une fois à signaler d’autres lacunes semblables dans le compte-rendu des synoptiques : leur
plan étant de raconter la vie publique de Jésus-Christ en Galilée, ils ont presque complètement passé sous
silence son ministère en Judée et à Jérusalem, où ils ne le conduiront que peu de jours avant sa mort. - Jean
avait été mis en prison. Livré, mis en prison : « mot appartenant au vocabulaire juridique qui est utilisé par
les écrivains profanes et sacrés et qui porte sur ce qui est livré à ceux qui ont le pouvoir de nuire »
Berlepsch. S. Matthieu veut désigner par cette expression l’emprisonnement du Précurseur par Hérode
Antipas ; il réserve pour plus tard, Cf. 14, 4 et suiv., les détails de cet acte tyrannique, afin de les associer au
récit du martyre de S. Jean. Actuellement, il se borne à l’enregistrer comme une date importante pour la vie
de Jésus. Jusque-là, Notre-Seigneur était demeuré en quelque sorte à l’arrière-scène ; désormais au contraire,
il prend le rôle principal. Le héraut disparaît donc lorsque son Maître arrive ; il n’est plus besoin du
sacerdoce symbolique quand on possède le vrai royaume des cieux. D’après Tischendorf, Synops., c’est vers
la fin de l’an 781 que Jean-Baptiste fut arrêté et que Jésus passa de Judée en Galilée pour y prêcher
l’Évangile. - Il se retira, mot parfaitement choisi, qui exprime l’idée d’un danger auquel le Sauveur se
proposait en même temps d’échapper ; Cf. Joan. 4, 1-3. - En Galilée. Heureuse province, tant favorisée de
Jésus et pendant sa vie cachée et durant sa vie publique ! Elle lui fournira un excellent séjour, la plupart de
ses apôtres, de nombreux et fidèles disciples ; en échange, il a daigné la choisir pour y fonder son Église.
Nulle part il ne pouvait jouir d’une plus grande liberté, d’une plus complète indépendance ; nulle part il
n’échappait mieux aux fausses tendances messianiques qui exerçaient surtout leur influence à Jérusalem et
en Judée. Nous décrirons plus bas la province de Galilée au point de vue physique et politique.