Matthieu 4, 13
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
449. Venant en Galilée, il vint d’abord à Nazareth comme dit Luc 4, 18s, et là il entra à la synagogue et enseigna : L’Esprit du Seigneur est sur moi. De là les Juifs l’emmenèrent sur un escarpement rocheux et voulurent le jeter en bas, après quoi le Christ s’enfuit et VINT À CAPHARNAÜM, et là aussitôt il guérit un possédé – il en est question en Mc 1, 23, mais Matthieu n’en parle pas. «Nazareth» se traduit «fleur». On entend par là les docteurs de la loi qui n’arrivent pas à maturité. «Capharnaüm» se traduit «ville très belle» et représente l’Eglise. Ct 6, 3 : Tu es belle, mon amie, etc. Capharnaüm est MARITIME, littéralement, car elle est au bord d’un lac d’eau douce – les Juifs appellent en effet «mer» toute étendue d’eau – et mystiquement, car l’Église est située au bord des tribulations du monde.
450. SUR LES CONFINS DE ZABULON ET DE NEPHTALI. La Galilée était divisée, et une partie était dans les tribus de Zabulon et de Nephtali. C’est de là que furent choisis les princes de l’Église, c’est-à-dire les apôtres.
[4, 14 15]
451. POUR QUE SOIT ACCOMPLI CE QUI A ÉTÉ DIT PAR LE PROPHÈTE ISAÏE. Note qu’ici les termes ne sont pas les mêmes qu’en Is 9, 1, mais le sens est le même. Isaïe [parle] ainsi [Is 8, 23 9, 1] : Au premier temps fut humiliée [litt. allégée] la terre de Zabulon et la terre de Nephtali, et au dernier temps fut glorifiée [litt. alourdie] la route de la mer, de la Galilée des nations au-delà du Jourdain. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, etc.
452. Selon Jérôme, il y a trois explications. La première : au premier temps elle fut allégée de ses péchés par la prédication du Christ, et au dernier temps la route qui longe la mer de Galilée fut alourdie du poids de ses péchés, car après la prédication du Christ ils persécutèrent les apôtres. La deuxième : Au premier temps touche à l’histoire, car le roi des Assyriens, Téglat Phalassar, qui vint le premier sur la terre des Juifs, fut le premier à emmener leurs tribus en captivité. Et au dernier, etc., car ensuite tout le peuple fut conduit en captivité. Mais quel rapport avec le sujet ? Il faut dire que là où la persécution a commencé en premier, c’est là d’abord que le Seigneur a voulu donner consolation. La troisième : Au premier temps, c’est-à-dire au temps de la prédication du Christ, elle fut allégée, etc, c’est-à-dire elle fut déchargée du poids de ses péchés par la prédication du Christ, et au dernier elle fut alourdie, c’est-à-dire la prédication du Christ fut condensée et multipliée par Paul qui prêcha là.
453. L’évangéliste ne s’intéresse [pas au sens littéral mais] seulement à la signification, dans la phrase : TERRE DE ZABULON ET TERRE DE NEPHTALI, ROUTE DE LA MER AU-DELÀ DU JOURDAIN, c’est-à-dire le long de la mer. Il dit : TERRE, c’est-à-dire «peuple», pour que tous soient nommés. Il dit : GALILÉE DES NATIONS, car la Galilée est divisée en deux parties, une de païens, une de Juifs, et à l’époque elle était divisée selon ce qui est dit, en 1 R 9, 11 [Le roi Salomon donna à Hiram vingt villes dans le pays de Galilée], que Salomon, à cause du bois que le roi de Tyr lui envoya pour la construction du Temple, lui donna vingt villes. [Ce roi], comme il était païen, mit des païens pour y habiter, et c’est pourquoi on dit : GALILÉE DES NATIONS, et c’était sur le territoire de Nephtali, bien qu’[il y en ait] d’autres sur le territoire de Juda. Autre lecture du texte : TRANSJORDANE DE GALILÉE, c’est-à-dire en face de la Galilée. Mais la première explication est meilleure.
450. SUR LES CONFINS DE ZABULON ET DE NEPHTALI. La Galilée était divisée, et une partie était dans les tribus de Zabulon et de Nephtali. C’est de là que furent choisis les princes de l’Église, c’est-à-dire les apôtres.
[4, 14 15]
451. POUR QUE SOIT ACCOMPLI CE QUI A ÉTÉ DIT PAR LE PROPHÈTE ISAÏE. Note qu’ici les termes ne sont pas les mêmes qu’en Is 9, 1, mais le sens est le même. Isaïe [parle] ainsi [Is 8, 23 9, 1] : Au premier temps fut humiliée [litt. allégée] la terre de Zabulon et la terre de Nephtali, et au dernier temps fut glorifiée [litt. alourdie] la route de la mer, de la Galilée des nations au-delà du Jourdain. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, etc.
452. Selon Jérôme, il y a trois explications. La première : au premier temps elle fut allégée de ses péchés par la prédication du Christ, et au dernier temps la route qui longe la mer de Galilée fut alourdie du poids de ses péchés, car après la prédication du Christ ils persécutèrent les apôtres. La deuxième : Au premier temps touche à l’histoire, car le roi des Assyriens, Téglat Phalassar, qui vint le premier sur la terre des Juifs, fut le premier à emmener leurs tribus en captivité. Et au dernier, etc., car ensuite tout le peuple fut conduit en captivité. Mais quel rapport avec le sujet ? Il faut dire que là où la persécution a commencé en premier, c’est là d’abord que le Seigneur a voulu donner consolation. La troisième : Au premier temps, c’est-à-dire au temps de la prédication du Christ, elle fut allégée, etc, c’est-à-dire elle fut déchargée du poids de ses péchés par la prédication du Christ, et au dernier elle fut alourdie, c’est-à-dire la prédication du Christ fut condensée et multipliée par Paul qui prêcha là.
453. L’évangéliste ne s’intéresse [pas au sens littéral mais] seulement à la signification, dans la phrase : TERRE DE ZABULON ET TERRE DE NEPHTALI, ROUTE DE LA MER AU-DELÀ DU JOURDAIN, c’est-à-dire le long de la mer. Il dit : TERRE, c’est-à-dire «peuple», pour que tous soient nommés. Il dit : GALILÉE DES NATIONS, car la Galilée est divisée en deux parties, une de païens, une de Juifs, et à l’époque elle était divisée selon ce qui est dit, en 1 R 9, 11 [Le roi Salomon donna à Hiram vingt villes dans le pays de Galilée], que Salomon, à cause du bois que le roi de Tyr lui envoya pour la construction du Temple, lui donna vingt villes. [Ce roi], comme il était païen, mit des païens pour y habiter, et c’est pourquoi on dit : GALILÉE DES NATIONS, et c’était sur le territoire de Nephtali, bien qu’[il y en ait] d’autres sur le territoire de Juda. Autre lecture du texte : TRANSJORDANE DE GALILÉE, c’est-à-dire en face de la Galilée. Mais la première explication est meilleure.
Ayant quitté... On a interprété de deux manières le
verbe « quitter ». Il peut signifier, en effet, ou bien que Jésus quitta la ville de Nazareth après un nouveau
séjour qu’il venait d’y faire, ou qu’il renonça simplement à l’habiter désormais. Dans le premier cas, il
l’avait nécessairement traversée avant de se rendre à Capharnaüm, ainsi que le veulent de nombreux
commentateurs ; dans le second, il l’aurait laissée à sa gauche sans y passer, comme l’affirment d’autres
exégètes. La cause du litige est dans la place différente attribuée d’un côté par S. Luc, 4, 16-30, de l’autre par
S. Matthieu, 13, 54-58, et par S. Marc, 6, 1-6, à l’attentat sacrilège des habitants de Nazareth envers
Jésus-Christ. Mais nous prouverons, en expliquant ces passages, que la visite de Jésus à Nazareth racontée
par les deux premiers synoptiques diffère de celle que rapporte S. Luc, par conséquent que le Sauveur
s’arrêta réellement dans cette ville en revenant de la Judée et avant d’aller se fixer à Capharnaüm. Voir
l’Harmonie évangélique. - Notre-Seigneur abandonne donc formellement la ville de Nazareth parce qu’elle
s’était rendue indigne, par son incrédulité, de le conserver plus longtemps dans ses murs ; bien plus, parce
qu’elle l’avait banni de la manière la plus criminelle. Mais, l’eût-elle parfaitement reçu, eût-elle cru à sa
divine mission, le Sauveur, à cette époque de sa vie, ne pouvait plus conserver à Nazareth sa résidence
habituelle. Cette petite cité perdue au milieu des montagnes ne convenait plus à la nouvelle existence de
Jésus : excellente pour une de retraite, elle ne valait rien pour un ministère public. Il fallait maintenant au
Christ un théâtre plus étendu, plus populeux, plus intelligent, plus abordable. C’est pourquoi il s’établit dans
une ville qui remplissait admirablement ces conditions. - Il vint habiter à Capharnaum. Le nom de Capharnaüm signifie en hébreu « village de la consolation », il s’adapte à merveille aux grâces accordées par
Jésus à son nouveau domicile. Malheureusement, la ville du lac fut incrédule et ingrate comme celle des
montagnes, et par là elle s’attira une malédiction terrible que nous verrons s’accomplir à la lettre, Matth. 11,
20 et ss. Elle n’est mentionnée nulle part dans l’Ancien Testament. S. Matthieu lui donne l’épithète de
maritime parce qu’elle était située sur les bords de la mer de Galilée ou lac de Tibériade, du côté de
l’Occident et, selon toute vraisemblance, assez près de l’endroit où le Jourdain se jette dans le lac. Placée sur
la route qui conduisait des rivages de la Méditerranée à Damas, dans la partie la plus habitée et la plus
fréquentée de la Palestine, elle était alors un centre important de commerce entre l’Occident et l’Orient. Elle
possédait un poste de douane et une garnison romaine. Les relations que le négoce n’avait pas manqué
d’établir entre ses habitants juifs et les païens dont elle était remplie, avait imprimé à l’esprit des premiers
une tournure si libérale, comme nous dirions aujourd’hui, qu’elle s’attira de la part des Rabbins le titre
infamant de ville hérétique et libre-penseuse. Depuis cette époque, l’Évangile l’appelle au contraire la propre
cité du Christ ; 9, 1 ; etc. - Sur les confins... Capharnaüm était bâtie sur les limites des anciennes tribus de
Zabulon et de Nephthali : un coup d’œil jeté sur une bonne carte de Palestine suffira pour montrer au lecteur
la vérité de cette réflexion. L’évangéliste la fait, comme l’indiquent les vv. 14-16, pour introduire sa citation
d’Isaïe, et pour montrer le rapport providentiel qui existe entre la prédiction du grand prophète et l’arrivée de
Jésus à Capharnaüm avec l’intention de s’y fixer.
Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revient si souvent dans les Evangiles, est encore aujourd’hui un problème. La malédiction prononcée par le Sauveur contre cette ville coupable s’est si littéralement accomplie que personne ne peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Capharnaüm était à Khan Miniéh, d’après les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un monceau de ruines qui tire son nom d’un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac de Tibériade, à l’extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d’heure environ à l’ouest-sud-ouest de l’embouchure du Jourdain dans le lac.