Matthieu 4, 17

À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Saint Jean Chrysostome
Jésus n'a point prêché avant que Jean-Baptiste fût mis en prison, pour ne pas diviser la multitude. C'est pour une raison semblable que Jean ne fit pas de miracle (cf. Jn 10, 41), pour laisser au Sauveur le moyen d'attirer tous les hommes à lui.

Jésus fait paraître sa sagesse dans la manière dont il commence le cours de ses prédications ; il ne détruit point la doctrine prêchée par Jean-Baptiste, mais il l'appuie et montre la vérité de son témoignage.

Celui-là seul a le droit de prêcher la justice chrétienne qui peut résister à ses appétits sensuels, mépriser les biens de ce monde, étouffer tout désir de vaine gloire. Aussi l'Évangéliste écrit-il avec raison : " Depuis ce temps, " c'est-à-dire après qu'il eût triomphé de la tentation de la faim dans le désert, méprisé les séductions de la cupidité sur la montagne, repoussé la vaine gloire sur le pinacle du temple. Ou bien, " depuis ce temps là, " c'est-à-dire depuis que Jean-Baptiste fut mis en prison, Jésus commença le cours de ses prédications ; car s'il l'eût commencé alors que Jean continuait encore ses prédications, il eût amoindri la réputation de son précurseur et détruit l'utilité de la doctrine de Jean par la comparaison qu'on en aurait fait avec la sienne. C'est ainsi que le soleil éclipse la beauté de l'étoile du matin, lorsqu'il la rencontre sur l'horizon.

Ce n'est point tout d'abord la justice qui fait le sujet de ses prédications, tous la connaissent ; mais c'est la pénitence dont tous avaient besoin. Quel est donc celui qui a osé dire : " Je veux être bon, et je ne le puis ? " Est-ce que la pénitence ne redresse pas la volonté ? Si la crainte des maux dont on vous menace ne peut vous amener à la pénitence, laissez-vous conduire, du moins, par l'attrait des biens qui vous sont promis, écoutez en effet ce qui suit : " Le royaume des cieux, est proche, " c'est-à-dire le bonheur du royaume des cieux comme s'il disait : Préparez-vous par la pénitence, car le temps de la récompense éternelle est proche. "

Considérez aussi, que dans cette première prédication, il ne dit rien ouvertement de lui-même, ce qui était convenable pour le moment, car le peuple n'avait pas encore de sa personne l'opinion qu'il devait en avoir. Ce premier discours ne renferme non plus aucun reproche, aucune menace, comme ceux de saint Jean lorsqu'il leur parlait de cognée, d'arbre coupé et de choses semblables ; Jésus ne propose en commençant que des vérités douces, il annonce, il promet son royaume.
Saint Jérôme
C'est en cela qu'il prouve qu'il est le Fils de ce même Dieu dont Jean avait été le prophète, et c'est pour cela qu'il dit : " Faites pénitence. "

Dans le sens mystique, le Christ ne commence ses prédications qu'après l'emprisonnement de saint Jean, parce que l'Évangile doit commencer à paraître, alors que la loi a cessé d'exister.
Saint Rémi
Remarquez qu'il ne dit pas le royaume des Chananéens ou des Jébuséens, mais le royaume des cieux : la loi promettait des biens purement temporels, le Seigneur promet un royaume éternel.
Rabanus Maurus
Il nous apprend par là à ne jamais mépriser la parole d'un inférieur, ce qui a fait dire à l'apôtre : " Si une révélation est faite à un autre de ceux qui sont assis parmi vous, que celui qui parlait auparavant se taise. "
Saint Thomas d'Aquin
458. Après avoir indiqué le lieu où Jésus commença en premier à prêcher, [Matthieu] indique ici la façon de prêcher.

459. DÈS LORS, c’est-à-dire après la victoire sur la gourmandise, la vaine gloire et l’ambition – ou l’avidité –, IL SE MIT A PRÊCHER : ce sont de tels [hommes] en effet qui peuvent convenablement prêcher. Et alors s’accomplit ceci : Ac 1, 1 : Jésus se mit à faire et à enseigner. Ou bien : DÈS LORS, c’est-à-dire après l’incarcération de Jean, [JÉSUS] SE MIT À PRÊCHER en public ; en effet, auparavant, il le faisait secrètement et à quelques-uns, Jn 1, 38s, c’est-à-dire à Pierre, André, Philippe et Nathanaël, mais ici il le fait publiquement. Il n’a pas voulu prêcher en public dès le début, pour laisser la place à la prédication de Jean ; autrement celle-ci n’aurait pas eu de valeur, de même que la lumière des étoiles est obscurcie par la lumière du soleil. Est signifié par cela que les formes légales ont cessé et que la prédication du Christ a commencé : 1 Co 13, 10 : Quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel sera évacué. Jean en effet symbolise la loi. Mt 11, 13 : La loi et les prophètes [ont prophétisé] jusqu’à Jean.

460. FAITES PÉNITENCE. Il faut noter que le Christ dit ici les mêmes paroles que Jean, pour deux raisons. D’abord il nous exhorte à l’humilité, pour que personne ne dédaigne de prêcher des paroles dites par d’autres, puisque la Source elle-même de la science ecclésiastique a prêché les mêmes choses. Deuxièmement, parce que Jean est la voix, mais Jésus est la parole. La voix et la parole expriment la même chose, sauf que la parole est exprimée par la voix. A cet égard, [Jésus] fait deux choses : premièrement, il exhorte ; deuxièmement, il promet. Premièrement : FAITES PÉNITENCE ; deuxièmement : LE ROYAUME DES CIEUX VA S’APPROCHER.

461. Mais pourquoi au début de sa prédication incite-t-il à la pénitence et non à la justice ? Il faut dire que la cause était qu’auparavant [Dieu] a exhorté à la justice par la loi de la nature et de l’Écriture, mais qu’ils [l’] avaient transgressée. Is 24, 5 : Ils ont transgressé les lois, ils ont changé le droit, ils ont rompu l’alliance éternelle. En cela il donne à comprendre qu’il trouve tous les hommes pécheurs. 1 Tm 1, 15 : Jésus-Christ est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs. Rm 3, 23 : Tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu. Ainsi, FAITES PÉNITENCE.

462. Il fait aussi une promesse : LE ROYAUME DES CIEUX VA S’APPROCHER. Cette promesse a deux différences avec la promesse de l’Ancien Testament : dans celui-ci elle concernait les choses temporelles, tandis qu’ici elle concerne les choses spirituelles et éternelles. Is 1, 19 : Si vous m’écoutez, vous mangerez les biens de la terre. De plus, là [il s’agit] du royaume des Cananéens et des Jébuséens, ici du royaume des cieux, d’où : LE ROYAUME DES CIEUX VA S’APPROCHER de vous. Et c’est pourquoi l’enseignement du Christ est appelé Nouveau Testament, car une nouvelle alliance a été faite ici entre nous et Dieu, à propos du royaume des cieux. Jr 31, 31 : Je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda un nouveau traité.

463. Deuxième [différence] : l’ancienne loi comportait, en même temps que la promesse, une menace. Is 1, 19 : Si vous voulez bien m’écouter, vous mangerez les biens de la terre ; si vous ne voulez pas et me provoquez à la colère, l’épée vous dévorera. Et en Dt 28, [15 68], on a la même chose : de nombreuses bénédictions sont promises à ceux qui observeront la loi, mais Moïse menace de nombreuses malédictions les transgresseurs de la loi. Et c’est pourquoi il y a ce fait que l’ancienne loi était une loi de peur, et la nouvelle une loi d’amour. Augustin [dit] : «La différence est brève : peur (timor) et amour (amor).» He 12, 18 : Vous ne vous êtes pas approchés du feu palpable et accessible, et du tourbillon, et des ténèbres, et de l’ouragan, et du son de la trompette, et du bruit de paroles telles que ceux qui l’entendirent prièrent qu’on ne leur parle pas davantage. Et c’est pourquoi il dit : LE ROYAUME DES CIEUX VA S’APPROCHER, c’est-à-dire la béatitude éternelle. Et il dit : VA S’APPROCHER, car celui qui [le] donnait est descendu vers nous, parce que nous ne pouvions pas monter vers Dieu.
Louis-Claude Fillion
Jésus commença à prêcher. C’est donc alors seulement que Jésus commença son ministère proprement dit en Galilée, sa prédication évangélique. On est tout d’abord vivement surpris, en lisant, le sommaire de ses premiers discours, de voir que son enseignement ne diffère en rien de celui du Précurseur, Cf. 3, 2. - Faites pénitence... C’est des deux côtés l’exhortation à la pénitence, motivée par la proximité du royaume des cieux. Faut-il conclure de là, d’une part, avec de Wette, que la prédication de Jésus se transforma plus tard complètement sous le rapport de la doctrine, par suite de je ne sais quelles évolutions opérées dans ses idées ? d’autre part avec Strauss qu’à cette époque de sa vie le Sauveur ne se croyait pas encore appelé à jouer le rôle de Messie ? L’Évangile réfute à chaque page ces assertions blasphématoires. Non, Jésus n’ a jamais modifié son enseignement qui est, à la fin de sa vie publique, ce qu’il avait été au début. Mais n’était-il pas naturel que, prenant la place de son Précurseur, il rattachât sa prédication à celle de Jean par l’emploi des mêmes formules, pour se faire reconnaître ainsi plus aisément ? Du reste, « la pénitence est la condition fondamentale de l’entrée dans le royaume de Dieu, royaume que Jésus-Christ était venu fonder ; c’est pour cela qu’elle constitua le fond de l’enseignement du Christ », Bisping. Il est inutile d’ajouter que, sur les lèvres de Notre-Seigneur, les mots « faites pénitence » et surtout « le royaume des cieux est proche » ont une énergie et une vitalité nouvelles.
Concile œcuménique
Le mystère de l’Église sainte se manifeste en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du règne de Dieu promis dans les Écritures depuis les siècles : « que les temps sont accomplis et que le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt 4, 17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). Les miracles de Jésus confirment également que le Royaume est déjà venu sur la terre : « si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cependant, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, « venu pour servir et donner sa vie en rançon d’une multitude » (Mc 10, 45).

Ainsi, c’est l’assemblée eucharistique qui est le centre de la communauté des fidèles présidée par le prêtre. Les prêtres apprennent donc aux fidèles à offrir la victime divine à Dieu le Père dans le sacrifice de la messe, et à faire avec elle l’offrande de leur vie ; dans l’esprit du Christ Pasteur, ils les éduquent à soumettre leurs péchés à l’Église avec un cœur contrit dans le sacrement de pénitence, pour se convertir de plus en plus au Seigneur, se souvenant de ses paroles : « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 4, 17). De même, ils leur apprennent à participer aux célébrations liturgiques de manière à pouvoir y prier sincèrement ; ils les guident, suivant les grâces et les besoins de chacun, à approfondir sans cesse leur esprit de prière pour en imprégner toute leur vie ; ils donnent à tous le désir d’être fidèles à leurs devoirs d’état, et aux plus avancés celui de pratiquer les conseils évangéliques d’une manière adaptée à chacun. Bref, ils instruisent les chrétiens à célébrer le Seigneur de tout cœur par des hymnes et des chants spirituels, rendant grâces en tout temps pour toutes choses au nom de Notre Seigneur Jésus Christ à Dieu, le Père.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Nouveau Testament utilise plusieurs expressions pour caractériser la béatitude à laquelle Dieu appelle l’homme : l’avènement du Royaume de Dieu (cf. Mt 4, 17) ; la vision de Dieu : " Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu " (Mt 5, 8 ; cf. 1 Jn 3, 2 ; 1 Co 13, 12) ; l’entrée dans la joie du Seigneur (cf. Mt 25, 21. 23) ; l’entrée dans le Repos de Dieu (He 4, 7-11) :

La première œuvre de la grâce de l’Esprit Saint est la conversion qui opère la justification selon l’annonce de Jésus au commencement de l’Evangile : " Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche " (Mt 4, 17). Sous la motion de la grâce, l’homme se tourne vers Dieu et se détourne du péché, accueillant ainsi le pardon et la justice d’en haut. " La justification comporte donc la rémission des péchés, la sanctification et la rénovation de l’homme intérieur " (Cc. Trente : DS 1528).
Pape Saint Jean-Paul II
Jésus de Nazareth conduit à son terme le plan de Dieu. Après avoir reçu l'Esprit Saint au baptême, il manifeste sa vocation messianique; il parcourt la Galilée, «proclamant l'Evangile de Dieu et disant: "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l'Evangile"» (Mc 1, 14-15; cf. Mt 4, 17; Lc 4, 43 ) . La proclamation et l'instauration du Royaume de Dieu sont l'objet de sa mission: «C'est pour cela que j'ai été envoyé» (Lc 4, 43). Mais il y a plus: Jésus est lui-même la Bonne Nouvelle, comme il le déclare dans la synagogue de son village, dès le début de sa mission, en s'appliquant la parole d'Isaïe sur l'Oint, envoyé par l'Esprit du Seigneur (cf. Lc 4, 14-21). Le Christ étant la Bonne Nouvelle, il y a en lui identité entre le message et le messager, entre le dire, l'agir et l'être. Sa force et le secret de l'efficacité de son action résident dans sa totale identification avec le message qu'il annonce: il proclame la Bonne Nouvelle non seulement par ce qu'il dit ou ce qu'il fait, mais par ce qu'il est.