Matthieu 4, 6
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
416. ET IL LUI DIT : «SI TU ES FILS DE DIEU, JETTE-TOI D’EN HAUT.» Toujours le diable frappe de deux flèches : d’une part, il induit à la vaine gloire ; d’autre part, à l’homicide, et c’est [ce qui est dit] : «SI TU ES FILS DE DIEU, etc.» Mais certes cette conséquence n’est pas dans la logique du Christ ; ce qui lui convient c’est de monter, Jn 3, 13 : Personne n’est monté au ciel sauf celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est dans le ciel, etc. Il dit : JETTE-TOI, car son but est toujours de faire tomber, comme lui-même a été jeté à bas, Ap 12, 4 : La queue du dragon entraînait un tiers des étoiles du ciel et les jeta par terre. Le diable révèle sa faiblesse, car personne n’est vaincu par lui sans le vouloir, c’est pourquoi il dit : JETTE-TOI, il ne le jette pas. Is 51, 23 : Courbez-vous, que nous passions !
417. Mais pourquoi sur le faîte ? La Glose [dit] : «Parce qu’en ce lieu on enseignait.» C’est pourquoi Matthieu veut dire que le diable tente de vaine gloire les gens importants. Contre quoi l’Apôtre dit en 1 Th 2, 6 : Ne cherchant pas la gloire qui vient des hommes, ni auprès de vous ni auprès des autres. [Le diable] dit : «JETTE-TOI D’EN HAUT, etc.», parce que les hommes qui cherchent la gloire doivent se persuader que c’est dans l’humilité en beaucoup de choses qu’ils se montrent fils de Dieu. Et c’est pourquoi Tullius [Cicéron] dit dans son livre De Officiis : «Il faut prendre garde au désir de gloire car il arrache du cœur la liberté, vers laquelle les hommes généreux doivent porter tous leurs efforts.»
418. Ensuite [le diable] introduit l’autorité : IL EST ÉCRIT, et il l’utilise non pour enseigner mais pour tromper, et il prend cet argument parce que de même qu’il se déguise en ange de lumière, de même aussi ses serviteurs, qui utilisent l’autorité de la Sainte Écriture pour tromper les gens simples. 2 P 3, 16 : Les gens ignorants et instables faussent les Écritures pour leur propre perdition. C’est pourquoi le diable préfigurait cela en lui-même, en tant que chef.
419. CAR IL T’A RECOMMANDÉ À SES ANGES. Note qu’on fausse l’autorité de la Sainte Écriture de trois façons. Parfois, lorsque ce qui est dit sur un sujet est appliqué à un autre. De même, si ce qui est dit d’un juste est appliqué au Christ. Exemple : Qui aurait pu transgresser et n’a pas transgressé, Si 31, 10. Et aussi Jn 14, 28 : Le Père est plus grand que moi ; cela est dit du Christ en tant qu’homme. Donc si on le lui applique en tant que Fils de Dieu, l’autorité est faussée. Ainsi, le diable dit ici : ANGES, parce que le Ps 90 dit cela d’un membre du Christ qui a besoin de la garde des anges, ce qui est clair parce que [le psaume] dit ensuite : Pour que tu ne trébuches [Ps 90, 12], et en effet cela ne peut être dit du Christ car il ne pouvait trébucher à l’occasion d’un péché.
420. Deuxième façon : on fausse [l’autorité de l’Écriture] quand on donne autorité à quelque chose qui n’a pas autorité, ainsi Pr 25, 21 et Rm 12, 20 : Si ton ennemi a faim, nourris-le [car en agissant ainsi tu amasseras des charbons ardents sur sa tête]. Car si on fait quelque chose à quelqu’un pour qu’il soit puni par Dieu, on est en contradiction avec le sens du [texte qui fait] autorité. Ainsi [fait] le diable, parce que l’Écriture soutient que le juste est protégé par les anges, de sorte qu’il ne court pas de danger, Ps 9, 10 : Un aide qui vient à propos dans la tribulation etc. Le diable, lui, propose que l’homme se jette dans le danger, ce qui est tenter Dieu.
421. Troisième façon : quand on accepte l’autorité de ce qui nous arrange et qu’on la délaisse en ce qui ne nous arrange pas, ce qui est la coutume de l’hérétique. Ainsi fit ici le diable, car il a enlevé la suite du texte, qui était contre lui : Sur la vipère et le basilic tu marcheras, tu fouleras le lion et le dragon [Ps 90, 13]. C’est pourquoi il est devenu le modèle de tous ceux qui faussent les Écritures.
417. Mais pourquoi sur le faîte ? La Glose [dit] : «Parce qu’en ce lieu on enseignait.» C’est pourquoi Matthieu veut dire que le diable tente de vaine gloire les gens importants. Contre quoi l’Apôtre dit en 1 Th 2, 6 : Ne cherchant pas la gloire qui vient des hommes, ni auprès de vous ni auprès des autres. [Le diable] dit : «JETTE-TOI D’EN HAUT, etc.», parce que les hommes qui cherchent la gloire doivent se persuader que c’est dans l’humilité en beaucoup de choses qu’ils se montrent fils de Dieu. Et c’est pourquoi Tullius [Cicéron] dit dans son livre De Officiis : «Il faut prendre garde au désir de gloire car il arrache du cœur la liberté, vers laquelle les hommes généreux doivent porter tous leurs efforts.»
418. Ensuite [le diable] introduit l’autorité : IL EST ÉCRIT, et il l’utilise non pour enseigner mais pour tromper, et il prend cet argument parce que de même qu’il se déguise en ange de lumière, de même aussi ses serviteurs, qui utilisent l’autorité de la Sainte Écriture pour tromper les gens simples. 2 P 3, 16 : Les gens ignorants et instables faussent les Écritures pour leur propre perdition. C’est pourquoi le diable préfigurait cela en lui-même, en tant que chef.
419. CAR IL T’A RECOMMANDÉ À SES ANGES. Note qu’on fausse l’autorité de la Sainte Écriture de trois façons. Parfois, lorsque ce qui est dit sur un sujet est appliqué à un autre. De même, si ce qui est dit d’un juste est appliqué au Christ. Exemple : Qui aurait pu transgresser et n’a pas transgressé, Si 31, 10. Et aussi Jn 14, 28 : Le Père est plus grand que moi ; cela est dit du Christ en tant qu’homme. Donc si on le lui applique en tant que Fils de Dieu, l’autorité est faussée. Ainsi, le diable dit ici : ANGES, parce que le Ps 90 dit cela d’un membre du Christ qui a besoin de la garde des anges, ce qui est clair parce que [le psaume] dit ensuite : Pour que tu ne trébuches [Ps 90, 12], et en effet cela ne peut être dit du Christ car il ne pouvait trébucher à l’occasion d’un péché.
420. Deuxième façon : on fausse [l’autorité de l’Écriture] quand on donne autorité à quelque chose qui n’a pas autorité, ainsi Pr 25, 21 et Rm 12, 20 : Si ton ennemi a faim, nourris-le [car en agissant ainsi tu amasseras des charbons ardents sur sa tête]. Car si on fait quelque chose à quelqu’un pour qu’il soit puni par Dieu, on est en contradiction avec le sens du [texte qui fait] autorité. Ainsi [fait] le diable, parce que l’Écriture soutient que le juste est protégé par les anges, de sorte qu’il ne court pas de danger, Ps 9, 10 : Un aide qui vient à propos dans la tribulation etc. Le diable, lui, propose que l’homme se jette dans le danger, ce qui est tenter Dieu.
421. Troisième façon : quand on accepte l’autorité de ce qui nous arrange et qu’on la délaisse en ce qui ne nous arrange pas, ce qui est la coutume de l’hérétique. Ainsi fit ici le diable, car il a enlevé la suite du texte, qui était contre lui : Sur la vipère et le basilic tu marcheras, tu fouleras le lion et le dragon [Ps 90, 13]. C’est pourquoi il est devenu le modèle de tous ceux qui faussent les Écritures.
Et il lui dit. La localité est changée, mais le tentateur conserve la même
méthode. Pour la seconde tentation comme pour la première, il s’appuie sur la voix du ciel qui a déclaré
Jésus Fils de Dieu. Toutefois s’il s’était adressé précédemment à la chair, il s’adresse maintenant à l’esprit.
En essayant d’inspirer à Jésus de la défiance envers Dieu, il n’avait réussi qu’à lui faire exprimer la plus
entière confiance à l’égard de la Providence divine ; il va, dans une nouvelle tentative, le pousser à la
présomption. - Jette-toi en bas ; car il est écrit..., Satan se manifeste vraiment ici, ainsi qu’on l’a dit, comme
le « singe de Dieu ». Il a senti l’effet puissant d’une bonne citation de l’Écriture ; à son tour, il apporte un
passage scripturaire à l’appui du perfide conseil qu’il vient de donner à Jésus. L’admirable texte dont il fait
un usage sacrilège est emprunté au Ps. 90, vv. 11 et 12, selon la traduction des Septante, et décrit en très
beaux termes le soin paternel que Dieu prend en tout temps des justes. N’a-t-il pas promis que ses Anges les
porteraient délicatement dans leurs bras, pour les sauver de tout danger ? « A fortiori » protégera-t-il son
Christ. Si Jésus est le Fils de Dieu, pourquoi hésiterait-il donc à se précipiter du haut de l’édifice ? La
citation et l’application étaient assez heureuses, Cf. Hebr. 1, 14, sans compter qu’en se prêtant aux idées de
Satan, Jésus éblouirait par ce coup d’éclat la multitude des Juifs, et serait immédiatement acclamé comme le
Messie depuis longtemps attendu, venant tout droit du ciel. Mais non ! Jéhova aurait-il donc promis de nous
protéger contre nous-mêmes au milieu de toutes nos folies ? « Car il ordonnera à ses anges de te garder dans
toutes tes voies », avait dit le Psalmiste, 91, 11 ; quand nous sommes hors de nos voies nous cessons d’avoir
droit aux secours providentiels. Le démon abuse donc du texte sacré pour encourager au péché, Jésus-Christ
saura bien le lui démontrer.