Matthieu 4, 9
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
429. ET IL LUI DIT : «TOUT CELA, JE TE LE DONNERAI.» Dans ces paroles, il fait deux choses : il promet et il réclame. Il est menteur dans la promesse, orgueilleux dans l’exigence. Le diable a d’abord cherché à savoir si c’était le fils de Dieu ; croyant seulement avoir déjà découvert qu’il ne l’était pas, il dit : «TOUT CELA, JE TE LE DONNERAI», et là il ment, car ce n’était pas en son pouvoir. Pr 8, 15 : Par moi les princes règnent, et les puissants décrètent le droit. Dn 4, 14 : Jusqu’à ce que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et il le donnera à qui il veut. Autrement il n’aurait pas dit : «TOUT CELA, JE TE LE DONNERAI», car aucun méchant ne règne sans permission divine, Jb [34, 30 ?] : Celui qui fait régner l’hypocrite à cause des péchés du peuple.
430. Il a réclamé autre chose : «SI TOMBANT [A TERRE] TU M’ADORES.» Note trois choses. D’abord le diable persévère toujours dans ce qu’il a demandé au début, Is 14, 13[ 14] : J’escaladerai le ciel, au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône, je m’assiérai sur la montagne du testament sur les côtés de l’Aquilon, je monterai au sommet des nuages, je serai semblable au Très-Haut. À cause de cela, il conduit les hommes à l’idolâtrie, voulant s’approprier illégalement ce qui est à Dieu.
431. Note aussi que personne n’adore le diable sans tomber, comme le diable lui-même est tombé. Dn 3, 7 : Tombant par terre ils adorèrent la statue d’or. C’est pourquoi il dit : «SI TOMBANT TU M’ADORES.»
432. Troisièmement, note l’avidité qui est ici : il promet un royaume qui comprend une abondance de richesses et de hauts honneurs. Il lui demande de tomber, car les ambitieux s’humilient toujours plus qu’ils ne doivent. Ambroise [dit] : «L’ambition comporte en soi un danger, elle se plie à la complaisance pour être gratifiée d’honneurs, mais en voulant s’élever elle s’abaisse.»
433. Ensuite l’ennemi se fait prendre : ALORS JÉSUS LUI DIT. Et à cet égard, [le Seigneur] fait deux choses : d’abord il écarte la tentation ; deuxièmement, il introduit l’autorité, en cet endroit : IL EST ÉCRIT, etc.
430. Il a réclamé autre chose : «SI TOMBANT [A TERRE] TU M’ADORES.» Note trois choses. D’abord le diable persévère toujours dans ce qu’il a demandé au début, Is 14, 13[ 14] : J’escaladerai le ciel, au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône, je m’assiérai sur la montagne du testament sur les côtés de l’Aquilon, je monterai au sommet des nuages, je serai semblable au Très-Haut. À cause de cela, il conduit les hommes à l’idolâtrie, voulant s’approprier illégalement ce qui est à Dieu.
431. Note aussi que personne n’adore le diable sans tomber, comme le diable lui-même est tombé. Dn 3, 7 : Tombant par terre ils adorèrent la statue d’or. C’est pourquoi il dit : «SI TOMBANT TU M’ADORES.»
432. Troisièmement, note l’avidité qui est ici : il promet un royaume qui comprend une abondance de richesses et de hauts honneurs. Il lui demande de tomber, car les ambitieux s’humilient toujours plus qu’ils ne doivent. Ambroise [dit] : «L’ambition comporte en soi un danger, elle se plie à la complaisance pour être gratifiée d’honneurs, mais en voulant s’élever elle s’abaisse.»
433. Ensuite l’ennemi se fait prendre : ALORS JÉSUS LUI DIT. Et à cet égard, [le Seigneur] fait deux choses : d’abord il écarte la tentation ; deuxièmement, il introduit l’autorité, en cet endroit : IL EST ÉCRIT, etc.
Pensant avoir ébloui le Sauveur par ce magnifique spectacle, Satan prend la parole pour achever de le gagner. - Je te donnerai toutes ces choses. Dans les âmes ordinaires, la vue des biens et des honneurs terrestres excite
aussitôt l’ardent désir de les posséder et d’en jouir ; le tentateur va tout droit au-devant de ce désir qu’il croit
avoir fait naître dans le cœur de Jésus, et il promet d’en procurer la satisfaction complète. « Toutes ces
choses » ; ce sera la monarchie universelle. « Dans son arrogance et dans son orgueil, il se vante de faire ce
qui dépasse son pouvoir, car il ne peut disposer de tous les royaumes, puisque nous savons qu'un grand
nombre de Saints ont reçu la royauté des mains de Dieu lui-même », s'écrie S. Jérôme. Il a sans doute, avec
la permission de Dieu, un certain pouvoir sur le monde, non toutefois celui dont il se vante ici ; il parle donc
en vrai père du mensonge. - Si te prosternant tu m'adores. Telle est la condition « sine qua non » qu’il met à
sa faveur, condition monstrueuse et tout à fait satanique : Jésus devra le reconnaître pour son Seigneur et
Maître, et lui rendre hommage en se prosternant à ses pied, manifestant par cet acte extérieur sa soumission
et son obéissance intérieures. Il est facile de le reconnaître, dans cette tentative suprême et décisive le démon
a entièrement transformé sa méthode. Il ne dit plus « Si tu es le Fils de Dieu » ; comment eût-il été possible
d’associer ce titre à une proposition aussi infâme ? Il semble plutôt, selon la pensée de S. Hilaire, vouloir se
faire passer lui-même pour le Fils de Dieu. Il ne cite plus l’Écriture à la façon d’un Scribe : où trouverait-il
cette fois un texte à alléguer ? Il ne cache plus son jeu, au contraire il met bas le masque et, puisqu’il a
échoué sous son déguisement, il agit désormais ouvertement comme le rival et l’ennemi de Dieu dont il veut
prendre la place ici-bas. « Adore moi », telle est, dans toute sa nudité, l’horrible demande qu’il ose adresser à
celui qu’il sait être le Christ. Le rôle du Messie consiste à reconquérir pour Dieu le monde coupable, après
l’avoir arraché au joug du démon : le tentateur propose à Jésus d’en accepter la possession et le
gouvernement glorieux sous sa suzeraineté. C’est le renversement total des choses.