Matthieu 5, 15
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
Le Sauveur avertit ses apôtres qu'ils doivent briller d'une lumière si vive qu'en admirant leurs bonnes oeuvres les hommes en rendent gloire à Dieu : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres. »
Ce n'est pas qu'il nous faille rechercher la gloire qui vient des hommes (car toutes nos actions doivent être faites pour la gloire de Dieu), mais tout en nous cachant ce qui nous est personnel dans nos bonnes oeuvres, nous ne devons pas laisser de briller pour l'édification de ceux au milieu desquels nous vivons.
La nature de la lumière c'est d'émettre sa clarté partout où elle est portée, et de forcer les ténèbres à disparaître de nos demeures sous l'influence d'un jour bienfaisant. Or le monde placé en dehors de la connaissance de Dieu était enveloppé dans les ténèbres de l'ignorance, et c'est par les Apôtres qu'il a été inondé de la clarté de la science, que la connaissance de Dieu lui est devenue plus certaine, et ils ont répandu à flots la lumière partout où ils ont porté leurs corps faibles et mortels.
Cette cité peut encore signifier la chair dont le Sauveur s'est revêtu, car en s'unissant ainsi à notre nature, il renferme en lui la totalité du genre humain et nous-mêmes par la participation de sa chair nous devenons les habitants de cette ville. Or Jésus-Christ ne peut demeurer caché, placé qu'il est sur les hauteurs incommensurables de la divinité, et offert à l'admiration du genre humain par les oeuvres merveilleuses qu'il opère.
Ou bien c'est la synagogue que le Seigneur compare au boisseau, parce que, gardant sans les distribuer les fruits qu'elle a reçus, elle ne contenait d'ailleurs qu'une certaine mesure de perfection.
Ou bien cette lampe du Christ placée sur le chandelier, c'est cette lampe suspendue par sa Passion au bois de la croix et qui doit répandre son éternelle clarté sur tous ceux qui font partie de l'Église ; c'est pour cela qu'il ajoute : « Afin qu'elle brille aux yeux de tous ceux qui sont dans la maison. »
Que personne donc ne renferme sa foi dans les bornes étroites de la loi mosaïque, mais qu'il en fasse part à l'Église où brille la grâce de l'Esprit qui possède les sept dons.
De même que les prédicateurs sont par l'exemple de leurs vertus le sel qui assaisonne les peuples, de même ils sont par leur doctrine la lumière qui éclaire les ignorants. Or une vie sainte est la condition première, essentielle avant de bien enseigner. C'est pour cela qu'il appelle ses Apôtres le sel de la terre avant de leur dire : « Vous êtes la lumière du monde. » C'est peut-être aussi parce que le sel ne fait que conserver les choses dans l'état où elles sont, et les préserve ainsi de toute altération, tandis que la lumière les rend meilleures en répandant sur elles la clarté. Les Apôtres sont donc appelés le sel de la terre à cause du peuple juif et de l'Église chrétienne qui ont la connaissance de Dieu, tandis qu'ils sont appelés la lumière du monde à cause des Gentils qu'ils amènent à la lumière de la science.
Comprenez la grandeur des promesses qu'il leur fait, ils étaient inconnus dans leur propre pays, leur renommée s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre, et les persécutions qu'il leur avait prédites, loin de les tenir cachés n'ont fait que les rendre plus illustres.
Il leur enseigne encore à veiller avec soin sur leur propre conduite, parce qu'ils sont exposés à la vue du monde entier, comme une ville bâtie sur une montagne, ou comme une lumière placée sur le chandelier.
Cette cité, c'est l'Église des saints dont il est écrit : « Cité de Dieu, des merveilles ont été dites de toi. »Les citoyens de cette ville sont tous les fidèles dont l'Apôtre a dit : « Vous êtes les concitoyens des saints. » Cette cité a été bâtie sur la montagne qui est le Christ et dont le prophète Daniel avait dit (Dn 2, 34) : « Une pierre détachée de la montagne sans la main d'aucun homme est devenue une grande montagne. »
Une ville placée sur le sommet d'une montagne ne peut se dérober aux regards, quand elle le voudrait, car la montagne qui la porte, la dévoile à tous les yeux. Ainsi les Apôtres et les prêtres qui sont fondés sur Jésus-Christ, ne peuvent rester cachés, quand bien même ils le voudraient, parce que Jésus-Christ les découvre à tous les regards.
Le Sauveur explique par une autre comparaison pourquoi ses disciples ne doivent point rester cachés dans l'obscurité, mais se produire au grand jour : « On n'allume pas une lampe pour la placer sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier. »
Cette lampe c'est la parole de Dieu dont il est dit : « Votre parole est une lampe pour mes pieds. » Ceux qui allument cette lampe, sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
On peut dire encore que par la comparaison de la ville bâtie sur la montagne, le Sauveur montre quelle sera sa vertu, et que par celle de la lampe allumée, il forme ses disciples à la liberté de l'apostolat : « C'est moi qui ai allumé le flambeau, » semble-t-il leur dire : « c'est à vous de veiller à ce qu'il ne cesse jamais de briller, non seulement pour vous, et pour ceux que vous devrez éclairer, mais encore pour la gloire de Dieu. »
Disons encore que le boisseau représente les hommes du monde, car de même que le boisseau est vide par le haut, et plein par le bas, ainsi les hommes du monde sont insensés à l'égard des biens spirituels, et n'ont de sagesse que pour les choses de la terre. Ainsi le boisseau tient la parole de Dieu cachée lorsque pour quelque motif tout humain, ils n'osent prêcher ouvertement ni la parole de Dieu ni la vérité de la foi. Le chandelier, c'est l'Église qui porte la parole, et c'est aussi chacun de ses ministres.
C'est-à-dire, répandez la lumière de votre enseignement de manière que non seulement on entende vos paroles, mais encore qu'on voie vos oeuvres, et qu'ainsi vous assaisonniez, par le sel de vos exemples, ceux que vous aurez éclairés de la lumière de votre parole. Dieu se trouve glorifié par ces docteurs qui joignent la pratique à l'enseignement, car on reconnaît la sagesse du Maître aux m'urs de ceux qui composent sa famille, et c'est pour cela que Jésus-Christ ajoute : « Afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. »
Les Apôtres auraient pu se dérober par la crainte aux persécutions qui les menaçaient, Jésus-Christ veut qu'ils se produisent en toute liberté, et il leur apprend avec quelle assurance ils doivent prêcher l'Évangile : « Une ville placée sur une montagne ne peut être cachée. »
Rien ne s'oppose à ce que, par cette maison, on entende l'Église ; ou bien encore cette maison c'est le monde lui-même, comme sembleraient l'indiquer ces paroles : « Vous êtes la lumière du monde. »
Par le monde, il faut entendre ici non pas le ciel et la terre, mais les hommes qui habitent le monde, ou ceux qui aiment le monde, et vers lesquels les Apôtres ont été envoyés pour les éclairer.
Ou bien elle est située sur une montagne, parce qu'elle est assise sur une justice éminente, figurée par la montagne du haut de laquelle le Seigneur fait entendre sa parole.
Mais que veulent dire ces paroles :« On ne la place pas sous le boisseau ? » Signifient-elles seulement qu'il ne faut point cacher cette lampe, comme s'il disait, ou n'allume pas une hampe pour la cacher ? Ou bien le mot boisseau a-t-il une signification particulière ? Placer la lampe sous le boisseau ne serait-ce pas préférer les avantages temporels à la prédication de la vérité ? On place donc la hampe sous le boisseau, toutes les fois qu'on obscurcit et qu'on couvre la lumière d'une saine doctrine sous les nuages des biens temporels. Le boisseau est une figure très juste de ces biens du corps, soit à cause de la récompense qui sera donnée avec mesure, puisque chacun recevra ce qu'il aura mérité pendant qu'il était revêtu de son corps (2 Co 5, 10), soit parce que ces biens qui ont le corps pour objet et pour instrument, ont aussi le temps pour mesure de leur existence passagère figurée par le boisseau, tandis que les choses spirituelles et éternelles ne sont pas renfermées dans ces étroites limites. Or on place la lumière sur le chandelier, quand on assujettit son corps au ministère de la parole, de manière que la prédication de la vérité occupe le premier rang, et les soins du corps la dernière place. Car cet assujettissement du corps donne à la doctrine un nouvel éclat qui la fait pénétrer dans l'âme des disciples, à l'aide du concours que les bonnes oeuvres du corps viennent donner à la voix.
S'il avait dit seulement : « Afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, » il aurait paru leur assigner pour fin les louanges des hommes que recherchent les hypocrites ; mais il ajoute : « Afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ; » il ne veut donc pas qu'en étant agréable aux hommes, on place dans leur estime la fin de ses bonnes oeuvres, mais qu'on les rapporte à la gloire de Dieu, en un mot qu'on ne cherche à plaire aux hommes qu'afin que Dieu en soit glorifié.
Semblable au soleil qui lance ses rayons de toutes parts, le Seigneur, vrai soleil de justice, a dirigé ses Apôtres contre les ténèbres qui couvraient le genre humain tout entier.
Ou bien c'est le Christ lui-même qui allume le flambeau lorsqu'il a rempli de la flamme de sa divinité la lampe de terre de notre nature, lampe qu'il ne veut cacher à aucun de ceux qui croient en lui, ni placer sous le boisseau (c'est-à-dire sous la mesure de la loi), ni resserrer dans les limites d'un seul peuple. Le chandelier sur lequel il a placé la lumière c'est l'Église, parce qu'il a marqué sur nos fronts la foi en son Incarnation.
619. Le Seigneur avait dit : HEUREUX ÊTES-VOUS QUAND ON VOUS INSULTERA, et CEUX QUI SUBISSENT PERSÉCUTION. Ils pourraient donc dire : «Nous allons supporter tellement de persécutions ! Nous voulons donc nous cacher.» C’est pourquoi le Seigneur écarte ensuite la timidité, d’où : UNE VILLE [SITUÉE SUR UNE MONTAGNE] NE PEUT SE CACHER. D’abord il interdit la dissimulation ; deuxièmement, il montre de quelle façon ils doivent se manifester, en cet endroit : QU’AINSI VOTRE LUMIÈRE [BRILLE DEVANT LES HOMMES].
620. Qu’ils ne doivent pas se cacher, il le prouve par deux raisons. Premièrement, ils ne ourraient pas, même s’ils voulaient : UNE VILLE SITUÉE SUR UNE MONTAGNE, etc. ; deuxièmement, ils n’ont pas le droit : ON N’ALLUME PAS [UNE LAMPE POUR LA METTRE SOUS LE BOISSEAU].
621. Tout d’abord, UNE VILLE [SITUÉE SUR UNE MONTAGNE] NE PEUT [SE CACHER]. La VILLE était le rassemblement des fidèles, c’est-à-dire le groupe des apôtres lui-même, Ps 86, 3 : Il parle de toi pour ta gloire, [cité de Dieu]. Elle était SITUÉE SUR UNE MONTAGNE, c’est-à-dire sur le Christ, Mi 4, 1 : La demeure [du Seigneur] sera une montagne ; Dn 2, 34 : Une pierre se détacha […et vint frapper la statue…et la brisa…et la pierre devint une grande montagne]. Ou bien : SUR UNE MONTAGNE, c’est-à-dire dans la perfection de la justice, Ps 35, 7 : Ta justice, comme une montagne.
622. UNE VILLE SITUÉE SUR UNE MONTAGNE NE PEUT SE CACHER : ainsi en est-il des apôtres, dit Chrysostome. Les hommes installés tout en bas, s’ils pèchent, peuvent se cacher ; mais s’ils sont installés au sommet, ils ne peuvent pas, 1 R 1, 20 : C’est vers toi [monseigneur le roi] que les yeux de tout Israël regardent.
623. Hilaire donne une autre explication mais c’est presque le même sens : la VILLE SUR UNE MONTAGNE, c’est le Christ, parce que la ville relève de la nature humaine qu’il a en commun avec nous, Jr 1, 18 : Aujourd’hui je t’ai établi comme ville [fortifiée]. Il est SUR UNE MONTAGNE, car [il est] sur la divinité qui est une montagne, Ps 67, 16 : Montagne de Dieu, montagne grasse. C’est pourquoi le Christ n’a pu rester invisible, et c’est pourquoi vous, [mes] apôtres, vous n’avez pas le droit de m’occulter.
624. Le deuxième point commence en cet endroit : ET ON N’ALLUME PAS [UNE LAMPE POUR LA METTRE SOUS LE BOISSEAU], comme s’il disait : «Même en supposant qu’on puisse [se] cacher, vous n’avez pas le droit. Car personne, recevant un bienfait, n’a le droit d’agir contre l’intention du donateur. Dieu vous a donné la science pour que vous la communiquiez.» 1 P 4, 10 : Chacun selon la grâce reçue, [mettez-vous au service les uns des autres]. Ainsi, ON N’ALLUME PAS UNE LAMPE. ON, c’est-à-dire les hommes, ou le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
625. Par LAMPE on peut comprendre d’abord l’enseignement évangélique, Ps 118, 105 : Une lampe pour mes pieds, [ta parole, une lumière sur ma route], car la lampe a une lumière incorporée. La lumière de la vérité a été mise dans l’Écriture sainte ; elle a été allumée par le Père et le Fils et le Saint-Esprit.
Ou bien par LAMPE on peut comprendre les apôtres en tant que la lumière de la grâce a été mise en eux, Jn 5, 35 : Celui-là [Jean Baptiste] était la lampe [qui brûle et qui luit]. Ps 131, 17 : J’ai préparé une lampe [pour mon Messie]. Ou bien par LAMPE [on entend] le Christ, car de même que la lampe est une lumière dans une poterie d’argile, de même la divinité [est] dans l’humanité, 2 R [2 S] 22, 29 : C’est toi [Seigneur] ma lampe.
626. La lampe ainsi comprise, par LE BOISSEAU nous pouvons entendre trois choses. Premièrement, selon Augustin, les choses corporelles, pour deux raisons : la première est que le boisseau est une mesure, Dt 25, 15. Or, ce que nous faisons dans le corps nous sera payé de retour, 2 Co 5, 10 : Car il faut que tous nous soyons mis à découvert [devant le tribunal du Christ, pour que chacun récupère ce qu’il aura fait, en bien ou en mal, pendant qu’il était dans son corps]. Ou bien parce que tous les corps sont mesurables. Or, les choses divines [sont] infinies, car elles dépassent la mesure. Donc ceux qui mettent LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU sont ceux qui rapportent leur enseignement à l’intérêt temporel, car celui-ci est plus précieux [pour eux]. À l’encontre de cela, l’Apôtre [dit en] 1 Th 2, 5 : Jamais nous n’avons eu [un mot de flatterie ni une arrière-pensée de cupidité].
627. En second lieu, selon Chrysostome, on appelle BOISSEAU les gens du monde, car ils sont vides en haut et consistants en bas. En effet, en haut, ils sont insensés puisqu’ils ne comprennent rien au Saint-Esprit, 1 Co 2, 14 : L’homme animal [ne perçoit pas ce qui est de l’Esprit de Dieu]. Mais en bas, pour les affaires du monde, ils sont avisés, Lc 16, 8 : Les fils de ce monde [sont plus avisés que les fils de lumière]. Cette interprétation est plus littérale. Ainsi donc, selon ce [point de vue], la lampe est mise SOUS LE BOISSEAU quand l’enseignement est occulté par peur mondaine, Is 51, 12 : Qui es-tu pour craindre l’homme ? 2 Tm 2, 9 : [Pour lui] je souffre jusqu’à porter des chaînes.
628. En troisième lieu, si par la LAMPE on entend l’enseignement évangélique ou le Christ, alors par LE BOISSEAU on peut entendre la Synagogue, car le Christ ne s’est pas incarné pour demeurer caché en Judée, mais pour se manifester au monde entier, Is 49, 6 : Je t’ai établi lumière [pour les nations].
629. MAIS SUR LE LAMPADAIRE. Cela peut s’expliquer de trois façons, car LE LAMPADAIRE peut représenter le corps, et la LAMPE l’enseignement évangélique. LE BOISSEAU et LE LAMPADAIRE sont donc la même chose. [C’est] comme s’[il disait] : «L’enseignement évangélique ne doit pas être mis sous les choses temporelles ; toutes choses doivent être à son service. Donc quand tu donnes tes biens, ton corps et même ta vie à la mort par amour du Christ, tu mets la lampe SUR LE LAMPADAIRE.» Ou bien par LE LAMPADAIRE, on entend l’Église, car ceux qui sont une lampe sont placés en hauteur, Si 26, 17 : Une lumière brillant [sur un lampadaire sacré]. Mais si on voit [dans la lampe] l’image du Christ, alors LE LAMPADAIRE est la croix, Col 1, 20 : [En faisant la paix] par le sang de sa croix.
630. POUR QU’ELLE BRILLE POUR TOUS. Il y a deux explications à cela : premièrement, la maison peut représenter l’Église, 1 Tm 3, 15 : Que tu saches comment te comporter [dans la maison de Dieu] ; deuxièmement, la maison est le monde entier, He 3, 4 : Car toute maison est construite [par quelqu’un, et celui qui a tout construit, c’est Dieu].
620. Qu’ils ne doivent pas se cacher, il le prouve par deux raisons. Premièrement, ils ne ourraient pas, même s’ils voulaient : UNE VILLE SITUÉE SUR UNE MONTAGNE, etc. ; deuxièmement, ils n’ont pas le droit : ON N’ALLUME PAS [UNE LAMPE POUR LA METTRE SOUS LE BOISSEAU].
621. Tout d’abord, UNE VILLE [SITUÉE SUR UNE MONTAGNE] NE PEUT [SE CACHER]. La VILLE était le rassemblement des fidèles, c’est-à-dire le groupe des apôtres lui-même, Ps 86, 3 : Il parle de toi pour ta gloire, [cité de Dieu]. Elle était SITUÉE SUR UNE MONTAGNE, c’est-à-dire sur le Christ, Mi 4, 1 : La demeure [du Seigneur] sera une montagne ; Dn 2, 34 : Une pierre se détacha […et vint frapper la statue…et la brisa…et la pierre devint une grande montagne]. Ou bien : SUR UNE MONTAGNE, c’est-à-dire dans la perfection de la justice, Ps 35, 7 : Ta justice, comme une montagne.
622. UNE VILLE SITUÉE SUR UNE MONTAGNE NE PEUT SE CACHER : ainsi en est-il des apôtres, dit Chrysostome. Les hommes installés tout en bas, s’ils pèchent, peuvent se cacher ; mais s’ils sont installés au sommet, ils ne peuvent pas, 1 R 1, 20 : C’est vers toi [monseigneur le roi] que les yeux de tout Israël regardent.
623. Hilaire donne une autre explication mais c’est presque le même sens : la VILLE SUR UNE MONTAGNE, c’est le Christ, parce que la ville relève de la nature humaine qu’il a en commun avec nous, Jr 1, 18 : Aujourd’hui je t’ai établi comme ville [fortifiée]. Il est SUR UNE MONTAGNE, car [il est] sur la divinité qui est une montagne, Ps 67, 16 : Montagne de Dieu, montagne grasse. C’est pourquoi le Christ n’a pu rester invisible, et c’est pourquoi vous, [mes] apôtres, vous n’avez pas le droit de m’occulter.
624. Le deuxième point commence en cet endroit : ET ON N’ALLUME PAS [UNE LAMPE POUR LA METTRE SOUS LE BOISSEAU], comme s’il disait : «Même en supposant qu’on puisse [se] cacher, vous n’avez pas le droit. Car personne, recevant un bienfait, n’a le droit d’agir contre l’intention du donateur. Dieu vous a donné la science pour que vous la communiquiez.» 1 P 4, 10 : Chacun selon la grâce reçue, [mettez-vous au service les uns des autres]. Ainsi, ON N’ALLUME PAS UNE LAMPE. ON, c’est-à-dire les hommes, ou le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
625. Par LAMPE on peut comprendre d’abord l’enseignement évangélique, Ps 118, 105 : Une lampe pour mes pieds, [ta parole, une lumière sur ma route], car la lampe a une lumière incorporée. La lumière de la vérité a été mise dans l’Écriture sainte ; elle a été allumée par le Père et le Fils et le Saint-Esprit.
Ou bien par LAMPE on peut comprendre les apôtres en tant que la lumière de la grâce a été mise en eux, Jn 5, 35 : Celui-là [Jean Baptiste] était la lampe [qui brûle et qui luit]. Ps 131, 17 : J’ai préparé une lampe [pour mon Messie]. Ou bien par LAMPE [on entend] le Christ, car de même que la lampe est une lumière dans une poterie d’argile, de même la divinité [est] dans l’humanité, 2 R [2 S] 22, 29 : C’est toi [Seigneur] ma lampe.
626. La lampe ainsi comprise, par LE BOISSEAU nous pouvons entendre trois choses. Premièrement, selon Augustin, les choses corporelles, pour deux raisons : la première est que le boisseau est une mesure, Dt 25, 15. Or, ce que nous faisons dans le corps nous sera payé de retour, 2 Co 5, 10 : Car il faut que tous nous soyons mis à découvert [devant le tribunal du Christ, pour que chacun récupère ce qu’il aura fait, en bien ou en mal, pendant qu’il était dans son corps]. Ou bien parce que tous les corps sont mesurables. Or, les choses divines [sont] infinies, car elles dépassent la mesure. Donc ceux qui mettent LA LAMPE SOUS LE BOISSEAU sont ceux qui rapportent leur enseignement à l’intérêt temporel, car celui-ci est plus précieux [pour eux]. À l’encontre de cela, l’Apôtre [dit en] 1 Th 2, 5 : Jamais nous n’avons eu [un mot de flatterie ni une arrière-pensée de cupidité].
627. En second lieu, selon Chrysostome, on appelle BOISSEAU les gens du monde, car ils sont vides en haut et consistants en bas. En effet, en haut, ils sont insensés puisqu’ils ne comprennent rien au Saint-Esprit, 1 Co 2, 14 : L’homme animal [ne perçoit pas ce qui est de l’Esprit de Dieu]. Mais en bas, pour les affaires du monde, ils sont avisés, Lc 16, 8 : Les fils de ce monde [sont plus avisés que les fils de lumière]. Cette interprétation est plus littérale. Ainsi donc, selon ce [point de vue], la lampe est mise SOUS LE BOISSEAU quand l’enseignement est occulté par peur mondaine, Is 51, 12 : Qui es-tu pour craindre l’homme ? 2 Tm 2, 9 : [Pour lui] je souffre jusqu’à porter des chaînes.
628. En troisième lieu, si par la LAMPE on entend l’enseignement évangélique ou le Christ, alors par LE BOISSEAU on peut entendre la Synagogue, car le Christ ne s’est pas incarné pour demeurer caché en Judée, mais pour se manifester au monde entier, Is 49, 6 : Je t’ai établi lumière [pour les nations].
629. MAIS SUR LE LAMPADAIRE. Cela peut s’expliquer de trois façons, car LE LAMPADAIRE peut représenter le corps, et la LAMPE l’enseignement évangélique. LE BOISSEAU et LE LAMPADAIRE sont donc la même chose. [C’est] comme s’[il disait] : «L’enseignement évangélique ne doit pas être mis sous les choses temporelles ; toutes choses doivent être à son service. Donc quand tu donnes tes biens, ton corps et même ta vie à la mort par amour du Christ, tu mets la lampe SUR LE LAMPADAIRE.» Ou bien par LE LAMPADAIRE, on entend l’Église, car ceux qui sont une lampe sont placés en hauteur, Si 26, 17 : Une lumière brillant [sur un lampadaire sacré]. Mais si on voit [dans la lampe] l’image du Christ, alors LE LAMPADAIRE est la croix, Col 1, 20 : [En faisant la paix] par le sang de sa croix.
630. POUR QU’ELLE BRILLE POUR TOUS. Il y a deux explications à cela : premièrement, la maison peut représenter l’Église, 1 Tm 3, 15 : Que tu saches comment te comporter [dans la maison de Dieu] ; deuxièmement, la maison est le monde entier, He 3, 4 : Car toute maison est construite [par quelqu’un, et celui qui a tout construit, c’est Dieu].
736. Ensuite [le Seigneur] indique qu’ils ne doivent pas cacher leur doctrine. C’est pourquoi il dit : ET ON (c’est-à-dire les hommes saints) N’ALLUME PAS UNE LAMPE, c’est-à-dire la doctrine de prédication, ou la chaleur de la doctrine, car dans la lampe il y a feu et lumière. De même aussi dans la prédication, il doit y avoir la chaleur de l’Esprit à l’intérieur, et la lumière du bon exemple à l’extérieur. C’est ainsi qu’on dit que Jean [Baptiste] était la lampe qui brûle et qui brille [Jn 5, 35].
737. SOUS LE BOISSEAU, c’est-à-dire dans le secret, MAIS SUR LE LAMPADAIRE, c’est-à-dire en évidence. Glose de Bède : «C’est-à-dire sur l’Église », comme s’il disait : «La doctrine de prédication n’a pas été donnée pour être sous le boisseau de la timidité ou du confort de la vie présente », car un boisseau, selon Isidore (Livre des étymologies, 17), c’est à la fois le récipient dans lequel on mesure, et la chose qu’on mesure.
738. Selon Bède, au sens mystique, le Christ n’a pas enfermé la lampe de son Incarnation SOUS LE BOISSEAU, c’est-à-dire sous la mesure de la loi, ni dans les limites d’une seule nation, MAIS SUR LE LAMPADAIRE, c’est-à-dire sur l’Église, POUR QU’ELLE BRILLE POUR TOUS CEUX QUI SONT DANS LA MAISON, c’est-à-dire dans l’Église ou dans le monde.
739. Mais ici se pose une question : pourquoi les apôtres, ou la doctrine apostolique, sont-ils appelés UNE VILLE, alors qu’ils sont plutôt les fondations, et l’Église, la ville dont ils sont les fondations ? Réponse : on les appelle UNE VILLE parce que sous le Christ, ils ont été les fondateurs de l’Église. Ou bien dans le nom du tout on entend la partie : sous le nom de VILLE [on entend] les fondations. Car la montagne sur laquelle la ville est située, c’est le Christ, de qui [parle] Is 2, 2 : Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines, alors toutes les nations afflueront vers elle.
737. SOUS LE BOISSEAU, c’est-à-dire dans le secret, MAIS SUR LE LAMPADAIRE, c’est-à-dire en évidence. Glose de Bède : «C’est-à-dire sur l’Église », comme s’il disait : «La doctrine de prédication n’a pas été donnée pour être sous le boisseau de la timidité ou du confort de la vie présente », car un boisseau, selon Isidore (Livre des étymologies, 17), c’est à la fois le récipient dans lequel on mesure, et la chose qu’on mesure.
738. Selon Bède, au sens mystique, le Christ n’a pas enfermé la lampe de son Incarnation SOUS LE BOISSEAU, c’est-à-dire sous la mesure de la loi, ni dans les limites d’une seule nation, MAIS SUR LE LAMPADAIRE, c’est-à-dire sur l’Église, POUR QU’ELLE BRILLE POUR TOUS CEUX QUI SONT DANS LA MAISON, c’est-à-dire dans l’Église ou dans le monde.
739. Mais ici se pose une question : pourquoi les apôtres, ou la doctrine apostolique, sont-ils appelés UNE VILLE, alors qu’ils sont plutôt les fondations, et l’Église, la ville dont ils sont les fondations ? Réponse : on les appelle UNE VILLE parce que sous le Christ, ils ont été les fondateurs de l’Église. Ou bien dans le nom du tout on entend la partie : sous le nom de VILLE [on entend] les fondations. Car la montagne sur laquelle la ville est située, c’est le Christ, de qui [parle] Is 2, 2 : Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines, alors toutes les nations afflueront vers elle.
Le second rapprochement
est tiré d’un des détails les plus familiers de la vie domestique. Tout à l’heure Jésus disait à ses disciples :
Vous ne pouvez pas demeurer cachés alors même que vous le voudriez ; il leur montre maintenant qu’ils ne
doivent pas l’être quand même ils le pourraient. - Sous le boisseau. Le « modius » ou « modiom » était la
plus grande mesure sèche des Romains ; il contenait seize « sextarii », environ un décalitre ; Cf. Antony
Rich, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, s. v. On n’allume pas la lampe pour la mettre sous un
boisseau, afin qu’elle jouisse seule de sa propre lumière ; on la place sur un support élevé pour qu’elle
projette sa clarté dans toute la maison. Chez les anciens, le support des lampes était généralement fixé à la
muraille, ainsi que cela se pratique encore en Égypte. Quand on voulait cacher momentanément la lumière
sans l’éteindre, on descendait la lampe sur le sol et on la recouvrait d’un grand vase, où elle trouvait assez
d’air pour brûler encore quelque temps. Ces notions archéologiques rendent plus vivantes encore les paroles
du Sauveur.
Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure de capacité pour les solides, qu’on avait dans les maisons, contenant la sixième partie d’un médimne attique, c’est-à-dire environ huit litres et demi. Si l’on voulait cacher sans l’éteindre une lampe allumée, on mettait le boisseau par-dessus.