Matthieu 5, 16
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Nous avons revêtu le Christ une fois pour toutes, et nous sommes devenus dignes de l'avoir comme hôte. Si nous le voulons, nous pourrons donc, sans dire un seul mot, en menant simplement une vie parfaite, révéler à tous la puissance qui habite en nous. <> C'est bien de cela que parle le Christ, quand il dit: Que votre lumière brille devant les hommes: alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5,16). Cette lumière n'atteint pas les sens corporels, mais elle illumine l'âme et l'esprit de ceux qui la voient; elle dissipe les ténèbres du mal et dispose tous ceux qui la reçoivent à briller de leur propre lumière et à prendre la vertu pour modèle.
Que votre lumière brille devant les hommes. Le Christ dit justement devant les hommes. Il veut dire: "Que votre lumière soit si vive qu'elle vous éclaire et brille également devant les hommes, car ils ont besoin de son aide!" La lumière naturelle permet de chasser les ténèbres pour voir le chemin à parcourir et aller droit devant soi sur une route ordinaire. Il en est de même pour la lumière spirituelle provenant d'une conduite exemplaire: elle éclaire ceux qui ont les yeux de leur esprit obscurcis par l'erreur et qui sont incapables d'apercevoir nettement le chemin de la vertu; elle ôte la chassie des yeux de leur intelligence; elle les met sur la bonne voie et leur permet de suivre désormais le chemin de la vertu.
Alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Autrement dit: que votre vertu, que la discipline rigoureuse de votre conduite et de votre pratique des bonnes oeuvres éveillent en ceux qui vous voient le désir de glorifier le Maître universel. Que chacun de vous ait à coeur, je vous en prie, de mener une vie si parfaite qu'elle entraîne tous ceux qui la voient à chanter la louange du Maître.
Par votre conduite exemplaire, attirez sur vous la grâce de l'Esprit, si bien que vous deviendrez inexpugnables. Ainsi l'Église se réjouira et exultera de votre progrès; notre Maître à tous sera glorifié et tous nous deviendrons dignes du Royaume des cieux, par la grâce, la miséricorde et l'amour du Fils unique de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, à qui soient, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
Que votre lumière brille devant les hommes. Le Christ dit justement devant les hommes. Il veut dire: "Que votre lumière soit si vive qu'elle vous éclaire et brille également devant les hommes, car ils ont besoin de son aide!" La lumière naturelle permet de chasser les ténèbres pour voir le chemin à parcourir et aller droit devant soi sur une route ordinaire. Il en est de même pour la lumière spirituelle provenant d'une conduite exemplaire: elle éclaire ceux qui ont les yeux de leur esprit obscurcis par l'erreur et qui sont incapables d'apercevoir nettement le chemin de la vertu; elle ôte la chassie des yeux de leur intelligence; elle les met sur la bonne voie et leur permet de suivre désormais le chemin de la vertu.
Alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Autrement dit: que votre vertu, que la discipline rigoureuse de votre conduite et de votre pratique des bonnes oeuvres éveillent en ceux qui vous voient le désir de glorifier le Maître universel. Que chacun de vous ait à coeur, je vous en prie, de mener une vie si parfaite qu'elle entraîne tous ceux qui la voient à chanter la louange du Maître.
Par votre conduite exemplaire, attirez sur vous la grâce de l'Esprit, si bien que vous deviendrez inexpugnables. Ainsi l'Église se réjouira et exultera de votre progrès; notre Maître à tous sera glorifié et tous nous deviendrons dignes du Royaume des cieux, par la grâce, la miséricorde et l'amour du Fils unique de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, à qui soient, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
631. Ensuite est présentée la façon dont ils doivent se manifester. Premièrement, il aborde la façon dont ils doivent briller DEVANT LES HOMMES en les éclairant, Ep 3, 8 : Mais à moi, le plus petit de tous les saints, [a été confiée cette grâce d’annoncer aux païens etc.] ; deuxièmement, il aborde l’ordre, DE SORTE QU’ILS VOIENT [VOS BONNES OEUVRES], Jc 2, 18 : Montre-moi [ta foi sans les œuvres, moi] c’est par les œuvres que [je te montrerai ma foi] ; troisièmement, la fin, car ce n’est pas pour la gloire personnelle, 2 Co 2, 17 : Nous ne sommes pas comme la plupart [qui frelatent la parole de Dieu]. Ainsi, ILS GLORIFIENT [VOTRE PERE QUI EST AUX CIEUX]. Car c’est pour la gloire de Dieu que nous devons faire le bien, pour que, par une vie bonne, Dieu soit glorifié, 1 Co 10, 31 : Manger, [boire ou autre, tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu].
740. Ensuite il dit : QU’AINSI BRILLE VOTRE LUMIÈRE DEVANT LES HOMMES, ce qui est la suite du passage : VOUS ÊTES LE SEL DE LA TERRE, etc.
Là, il les informe de la manière d’enseigner, et il décrit cette manière en trois points. Premièrement, par la manifestation de la doctrine, et il dit : QU’AINSI BRILLE VOTRE LUMIÈRE, à savoir la doctrine, DEVANT LES HOMMES, Rm 12, 17 : Préparant le bien non seulement devant Dieu mais aussi devant tous les hommes.
741. Deuxièmement, par la confirmation de la doctrine manifestée, grâce aux bonnes œuvres, et il ajoute : DE SORTE QU’ILS VOIENT VOS BONNES ŒUVRES. La Glose [dit] : «Je demande que les œuvres se voient et qu’ainsi l’enseignement soit confirmé », Jc 2, 12 : Parlez, et agissez en fonction. Chrysostome : «Le nom de Dieu est blasphémé par ceux qui ne font pas ce qu’ils enseignent.» Mais ce qui est dit plus loin paraît contredire cela : Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite [Mt 6, 3]. Et aussi : Prie ton Père dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te rendra [Mt 6, 6]. Réponse : il interdit que les bonnes œuvres soient mises en évidence en ce qui concerne les louanges des hommes, mais ici il demande qu’elles soient faites pour confirmer l’enseignement et glorifier Dieu, selon la Glose. Car si l’enseignement est bon et le prédicateur méchant, alors il est lui-même occasion de blasphème contre la doctrine de Dieu. Bernard [dit] ainsi : «Langue parlant à merveille et main oisive, doctrine lumineuse et vie ténébreuse, c’est une chose monstrueuse.»
742. Troisièmement, par l’intention droite. C’est pourquoi il ajoute : ET GLORIFIENT VOTRE PÈRE. La Glose [dit] : «En vous, et non vous, car c’est son œuvre.» QUI EST AUX CIEUX. Grégoire [écrit] : «Qu’ainsi l’œuvre soit faite en public, bien que l’intention reste dans le secret, pour que nous offrions au prochain un exemple de bonne œuvre, et pourtant, dans l’intention de chercher à plaire à Dieu seul, souhaitons toujours le secret.»
[5, 17]
743. NE PENSEZ PAS QUE JE SUIS VENU ABOLIR LA LOI. Voici la seconde partie depuis le début de ce chapitre, où il répond à une question tacite. Bède [dit] ainsi : «Parce qu’ils pouvaient penser qu’il voulait abolir les anciens commandements, il prévint les questions en disant : NE PENSEZ PAS, etc.» En cet endroit, [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il dit qu’il ne veut pas détruire la loi mais l’accomplir ; deuxièmement, il enseigne qu’elle va être accomplie, en cet endroit : AMEN, JE VOUS DIS, etc. ; troisièmement, il commence à inciter autrui à cet accomplissement, en cet endroit : QUI VIOLERA, etc.
744. Premièrement, il dit : NE PENSEZ PAS, c’est-à-dire ne croyez pas, QUE JE SUIS VENU, c’est-à-dire que je sois venu, ABOLIR LA LOI OU LES PROPHÈTES. Par ces deux [éléments], il englobe tout le contenu de l’ancienne loi, car la loi était surtout pour s’éloigner du mal, et la prophétie pour faire le bien, l’une pour les choses à faire et l’autre pour celles à croire. ABOLIR : d’une certaine façon, selon Bède, c’est ne pas faire ce que dit cette loi selon l’esprit. Ou bien ABOLIR, c’est ne pas comprendre ce qu’elle a exprimé, selon la Glose. Donc le Christ n’est pas venu abolir, car il a accompli selon l’esprit. Voilà pourquoi il dit : JE NE SUIS PAS VENU ABOLIR LA LOI, MAIS L’ACCOMPLIR, c’est-à-dire la remplir parfaitement.
745. Il a accompli premièrement les prescriptions morales, avec l’assaisonnement de la douceur de son amour, car la plénitude de la loi, c’est l’amour, Rm 13, 10 ; Jn 15, 11 : C’est mon commandement que vous vous aimiez mutuellement, comme je vous ai aimés. Deuxièmement les prescriptions rituelles, en enlevant le voile des figures, Mt 27, 51 : Le rideau du Temple se déchira ; Ap 5, 9 : L’agneau est digne d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux, c’est-à-dire l’observance des figures dans la loi. Troisièmement les prophéties, en montrant qu’elles s’accomplissent en lui, Lc 24, 25 : Il faut que s’accomplisse ce qui a été écrit de moi dans les prophètes. Quatrièmement les promesses, en les confirmant, Ga 3, 16 : Les promesses ont été faites à Abraham. Cinquièmement les préceptes juridiques, en les tempérant par la miséricorde, Jn 8, 11 : Moi non plus je ne te condamne pas, [dit-il] à la femme adultère. Sixièmement, en ajoutant des conseils, Mt 19, 21 : Va et vends tout, etc. Septièmement, en s’acquittant de toutes promesses à eux faites à propos de l’envoi du Saint-Esprit, de l’incarnation du Fils, etc., He 8, 8 : J’accomplirai une alliance nouvelle, etc. ; Jn 19, 30 : Tout est accompli.
Là, il les informe de la manière d’enseigner, et il décrit cette manière en trois points. Premièrement, par la manifestation de la doctrine, et il dit : QU’AINSI BRILLE VOTRE LUMIÈRE, à savoir la doctrine, DEVANT LES HOMMES, Rm 12, 17 : Préparant le bien non seulement devant Dieu mais aussi devant tous les hommes.
741. Deuxièmement, par la confirmation de la doctrine manifestée, grâce aux bonnes œuvres, et il ajoute : DE SORTE QU’ILS VOIENT VOS BONNES ŒUVRES. La Glose [dit] : «Je demande que les œuvres se voient et qu’ainsi l’enseignement soit confirmé », Jc 2, 12 : Parlez, et agissez en fonction. Chrysostome : «Le nom de Dieu est blasphémé par ceux qui ne font pas ce qu’ils enseignent.» Mais ce qui est dit plus loin paraît contredire cela : Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite [Mt 6, 3]. Et aussi : Prie ton Père dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te rendra [Mt 6, 6]. Réponse : il interdit que les bonnes œuvres soient mises en évidence en ce qui concerne les louanges des hommes, mais ici il demande qu’elles soient faites pour confirmer l’enseignement et glorifier Dieu, selon la Glose. Car si l’enseignement est bon et le prédicateur méchant, alors il est lui-même occasion de blasphème contre la doctrine de Dieu. Bernard [dit] ainsi : «Langue parlant à merveille et main oisive, doctrine lumineuse et vie ténébreuse, c’est une chose monstrueuse.»
742. Troisièmement, par l’intention droite. C’est pourquoi il ajoute : ET GLORIFIENT VOTRE PÈRE. La Glose [dit] : «En vous, et non vous, car c’est son œuvre.» QUI EST AUX CIEUX. Grégoire [écrit] : «Qu’ainsi l’œuvre soit faite en public, bien que l’intention reste dans le secret, pour que nous offrions au prochain un exemple de bonne œuvre, et pourtant, dans l’intention de chercher à plaire à Dieu seul, souhaitons toujours le secret.»
[5, 17]
743. NE PENSEZ PAS QUE JE SUIS VENU ABOLIR LA LOI. Voici la seconde partie depuis le début de ce chapitre, où il répond à une question tacite. Bède [dit] ainsi : «Parce qu’ils pouvaient penser qu’il voulait abolir les anciens commandements, il prévint les questions en disant : NE PENSEZ PAS, etc.» En cet endroit, [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il dit qu’il ne veut pas détruire la loi mais l’accomplir ; deuxièmement, il enseigne qu’elle va être accomplie, en cet endroit : AMEN, JE VOUS DIS, etc. ; troisièmement, il commence à inciter autrui à cet accomplissement, en cet endroit : QUI VIOLERA, etc.
744. Premièrement, il dit : NE PENSEZ PAS, c’est-à-dire ne croyez pas, QUE JE SUIS VENU, c’est-à-dire que je sois venu, ABOLIR LA LOI OU LES PROPHÈTES. Par ces deux [éléments], il englobe tout le contenu de l’ancienne loi, car la loi était surtout pour s’éloigner du mal, et la prophétie pour faire le bien, l’une pour les choses à faire et l’autre pour celles à croire. ABOLIR : d’une certaine façon, selon Bède, c’est ne pas faire ce que dit cette loi selon l’esprit. Ou bien ABOLIR, c’est ne pas comprendre ce qu’elle a exprimé, selon la Glose. Donc le Christ n’est pas venu abolir, car il a accompli selon l’esprit. Voilà pourquoi il dit : JE NE SUIS PAS VENU ABOLIR LA LOI, MAIS L’ACCOMPLIR, c’est-à-dire la remplir parfaitement.
745. Il a accompli premièrement les prescriptions morales, avec l’assaisonnement de la douceur de son amour, car la plénitude de la loi, c’est l’amour, Rm 13, 10 ; Jn 15, 11 : C’est mon commandement que vous vous aimiez mutuellement, comme je vous ai aimés. Deuxièmement les prescriptions rituelles, en enlevant le voile des figures, Mt 27, 51 : Le rideau du Temple se déchira ; Ap 5, 9 : L’agneau est digne d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux, c’est-à-dire l’observance des figures dans la loi. Troisièmement les prophéties, en montrant qu’elles s’accomplissent en lui, Lc 24, 25 : Il faut que s’accomplisse ce qui a été écrit de moi dans les prophètes. Quatrièmement les promesses, en les confirmant, Ga 3, 16 : Les promesses ont été faites à Abraham. Cinquièmement les préceptes juridiques, en les tempérant par la miséricorde, Jn 8, 11 : Moi non plus je ne te condamne pas, [dit-il] à la femme adultère. Sixièmement, en ajoutant des conseils, Mt 19, 21 : Va et vends tout, etc. Septièmement, en s’acquittant de toutes promesses à eux faites à propos de l’envoi du Saint-Esprit, de l’incarnation du Fils, etc., He 8, 8 : J’accomplirai une alliance nouvelle, etc. ; Jn 19, 30 : Tout est accompli.
tendu dont la place régulière serait
avant « ne peut », au v. 14. Les Apôtres, dès là qu’ils sont la lumière du monde, doivent faire étinceler
partout leurs rayons, car l’Église du Christ n’est pas destinée à être une institution secrète, à la façon des
mystères païens ; la lumière du Verbe y doit briller hautement pour éclairer les ténèbres du monde, et nulle
crainte humaine, nulle fausse honte n’a le droit de la placer sous un boisseau. - Afin qu'ils voient... Jésus
indique ici le double but pour lequel la lumière apostolique doit resplendir au dehors : Les hommes verront,
et voyant ils songeront à glorifier Dieu. 1° Ils verront vos bonnes oeuvres, c’est-à-dire non seulement
quelques œuvres isolées qui ne sauraient fournir une lumière vive et durable, mais l’ensemble des vertus
sacerdotales, et ils en seront singulièrement édifiés. La lumière que projettent les disciples du Christ consiste
donc aussi bien dans leurs bons exemples (le grec dit « belles », au lieu de « bonnes ») que dans leurs bons
enseignements. Rien n’est plus lumineux qu’une belle action, surtout quand elle vient de haut ; rien ne
montre mieux aux hommes la route qu’ils ont à suivre. C’est pour cela que S. Pierre prescrivait aux pasteurs
spirituels d’être « les modèles du troupeau », 1 Petr. 5, 3. - 2° Et qu'ils glorifient... Ils glorifieront non point
les auteurs des bonne actions, - les Pharisiens seuls, comme le montrera la suite du discours, pouvaient
former de pareils désirs, - mais Dieu, de qui provient tout don parfait. En menant une vie sainte, conforme à
leurs fonctions relevées, les ministres de l’Évangile travaillent donc et pour eux-mêmes, puisqu’ils seront un
jour récompensés, et pour les âmes qu’ils gagnent à Jésus-Christ, et, en fin de compte, pour Dieu dont ils
procurent la gloire. Quelle perspective entraînante ! - C’est évidemment sur le verbe « glorifient » et non sur
« voient » que porte l’idée principale ; la phrase de S. Matthieu, sous son vêtement hébraïque, équivaut à
celle-ci : « afin que voyant... ils glorifient ». - Votre Père : c’était le nom que les Juifs donnaient
habituellement à Dieu ; nous l’expliquerons à propos de l’Oraison dominicale.
Ce peuple messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25), possesseur désormais du Nom qui est au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les cieux. Le statut de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint. Sa loi, c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn 13, 34). Sa destinée enfin, c’est le Royaume de Dieu, inauguré sur la terre par Dieu même, qui doit se dilater encore plus loin jusqu’à ce que, à la fin des siècles, il reçoive enfin de Dieu son achèvement, lorsque le Christ notre vie sera apparu (cf. Col 3, 4) et que « la création elle-même sera affranchie de l’esclavage de la corruption pour connaître la glorieuse liberté des enfants de Dieu » (Rm 8, 21). C’est pourquoi ce peuple messianique, bien qu’il ne comprenne pas encore effectivement l’universalité des hommes et qu’il garde souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus sûr d’unité, d’espérance et de salut. Établi par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la vérité, il est entre ses mains l’instrument de la Rédemption de tous les hommes ; au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13-16).
Il faut que l’Église soit présente dans ces groupes humains par ses enfants, qui y vivent ou sont envoyés vers eux. Car tous les fidèles, partout où ils vivent, sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les autres, considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de communion entre les hommes.
Les laïcs ont d’innombrables occasions d’exercer l’apostolat d’évangélisation et de sanctification. Le témoignage même de la vie chrétienne et les œuvres accomplies dans un esprit surnaturel sont puissants pour attirer les hommes à la foi et à Dieu ; le Seigneur dit en effet : « Que votre lumière brille devant les hommes pour qu’ils voient vos œuvres bonnes et glorifient votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16). Cet apostolat cependant ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie ; le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente, « car la charité du Christ nous presse » (2 Co 5, 14). C’est dans les cœurs de tous que doivent résonner ces paroles de l’Apôtre : « Malheur à moi si je n’évangélise pas » (1 Co 9, 16).
Les instituts, pour lesquels sont établies ces normes de rénovation adaptée, auront vivement à cœur de répondre à leur divine vocation et à leur mission dans l’Église à l’époque actuelle. Le saint Concile tient en grande estime leur genre de vie chaste, pauvre et obéissant, dont le Christ seigneur lui-même est le modèle, et il met un ferme espoir dans la fécondité de leurs œuvres, obscures et connues. Que tous les religieux donc, par l’intégrité de leur foi, leur charité envers Dieu et le prochain, l’amour de la Croix et l’espérance de la gloire future, répandent la bonne nouvelle du Christ dans l’univers entier, pour que leur témoignage soit visible à tous et que notre Père qui est aux cieux soit glorifié (cf. Mt 5, 16). Ainsi, par l’intercession de la très douce Vierge Marie, Mère de Dieu « dont la vie est pour tous une règle de conduite », ils connaîtront de continuels accroissements et porteront des fruits de salut toujours plus abondants.
Dans l’Écriture Sainte, l’expression " ciel et terre " signifie : tout ce qui existe, la création toute entière. Elle indique aussi le lien, à l’intérieur de la création, qui à la fois unit et distingue ciel et terre : " La terre ", c’est le monde des hommes (cf. Ps 115, 16) " Le ciel " ou " les cieux " peut désigner le firmament (cf. Ps 19, 2), mais aussi le " lieu " propre de Dieu : " notre Père aux cieux " (Mt 5, 16 ; cf. Ps 115, 16) et, par conséquent, aussi le " ciel " qui est la gloire eschatologique. Enfin, le mot " ciel " indique le " lieu " des créatures spirituelles – les anges – qui entourent Dieu.
En s'unissant au Christ, le peuple de la nouvelle Alliance, loin de se refermer sur lui-même, devient « sacrement » pour l'humanité, signe et instrument du salut opéré par le Christ, lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13-16) pour la rédemption de tous.La mission de l'Église est en continuité avec celle du Christ: « De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). C'est pourquoi, de la perpétuation du sacrifice du Christ dans l'Eucharistie et de la communion à son corps et à son sang, l'Église reçoit les forces spirituelles nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Ainsi, l'Eucharistie apparaît en même temps comme la source et le sommet de toute l'évangélisation, puisque son but est la communion de tous les hommes avec le Christ et en lui avec le Père et l'Esprit Saint.
Par la vie morale, la foi devient « confession », non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes : elle se fait témoignage. « Vous êtes la lumière du monde — a dit Jésus. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d'un mont. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 14-16). Ces œuvres sont surtout celles de la charité (cf. Mt 25, 31-46) et de la liberté authentique qui se manifeste et vit par le don de soi. Jusqu'au don total de soi, comme l'a fait Jésus qui, sur la Croix, « a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle » (Ep 5, 25). Le témoignage du Christ est source, modèle et appui pour le témoignage du disciple, appelé à prendre la même route : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive » (Lc 9, 23). La charité, selon les exigences du radicalisme évangélique, peut amener le croyant au témoignage suprême du martyre. Et cela, toujours en suivant l'exemple de Jésus qui meurt sur la Croix : « Cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés — écrit Paul aux chrétiens d'Ephè- se —, et suivez la voie de l'amour, à l'exemple du Christ qui nous a aimés et s'est livré pour nous, s'offrant à Dieu en sacrifice d'agréable odeur » (Ep 5, 1-2).