Matthieu 5, 21
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
673. VOUS AVEZ ENTENDU [QU’IL A ÉTÉ DIT AUX ANCÊTRES : «TU NE TUERAS PAS. CELUI QUI TUE SERA PASSIBLE DU TRIBUNAL].» Ici est abordé l’accomplissement du commandement, et à ce propos [le Seigneur] fait trois choses : premièrement, il présente les commandements ; deuxièmement, il les accomplit ; troisièmement, il exhorte à observer l’accomplissement. Le deuxième point [se trouve] en cet endroit : MOI JE VOUS DIS : [QUI SE MET EN COLÈRE CONTRE SON FRÈRE], [5, 22], et le troisième, en cet endroit : DONC SI TU PRÉSENTES TON OFFRANDE [5, 23].
674. À propos du premier point, il fait deux choses : il présente d’abord les commandements sur l’interdiction de l’homicide ; deuxièmement, le châtiment de l’homicide.
675. Il dit donc : VOUS AVEZ ENTENDU [QU’IL A ÉTÉ DIT AUX ANCÊTRES : «TU NE TUERAS PAS]», Ex 20, 13 et Dt 5, 17. Et il dit : AUX ANCÊTRES, car, selon Chrysostome, de même que si un maître dit à un de ses élèves : «Il y a longtemps que je t’ai enseigné l’alphabet, il est temps maintenant que tu apprennes des choses plus importantes», de même le Seigneur [dit], He 5, 12 : Alors qu’[avec le temps vous devriez être devenus] des maîtres, [vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu].
676. Et il faut noter que, sur ce commandement, on fait trois erreurs. Premièrement, certains ont dit qu’il n’était pas permis de tuer même de petits animaux, mais cela est faux, car ce n’est pas péché d’utiliser ce qui est soumis au pouvoir humain, puisque c’est l’ordre naturel que les plantes soient pour la nourriture des animaux, certains animaux pour la nourriture d’autres animaux, et tous pour la nourriture de l’homme, Gn 9, 3 : [Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela] au même titre que la verdure des plantes. Et le Philosophe aussi dit, dans La politique, que la chasse est comme une guerre juste.
677. Deuxièmement, il y a l’erreur de ceux qui ont dit : TU NE TUERAS PAS, sous-entendu : l’homme. Et ils appellent homicides tous les juges séculiers, qui condamnent selon certaines lois. Contre quoi Augustin dit que Dieu ne s’est pas privé du pouvoir de tuer, d’où Dt 32, 39 : C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre, etc. Il est donc permis [aux juges] de tuer par mandat de Dieu, car alors c’est Dieu qui agit. Or, toute loi est mandat de Dieu, Pr 8, 15 : C’est par moi que les rois règnent ; Rm 13, 4 : Car ce n’est pas sans cause que [l’autorité porte] l’épée, [elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier celui qui fait le mal]. Il faut donc comprendre : TU NE TUERAS PAS de ta propre autorité.
678. La troisième erreur est que certains ont cru : TU NE TUERAS PAS autrui, mais le suicide est permis. En effet, on trouve cela à propos de Samson, de Caton, et de certaines vierges qui se sont jetées dans les flammes, suivant ce que cite Augustin. Mais Augustin répond que qui se tue, tue un homme, et qu’on ne doit ni tuer autrui sans l’autorité de Dieu, ni se tuer soi-même, sinon par la volonté de Dieu ou par l’impulsion du Saint-Esprit, et c’est l’excuse de Samson.
679. QUI TUE. Ici est abordé le châtiment : SERA PASSIBLE DE JUGEMENT, c’est-à-dire du châtiment que la loi lui adjugera, Ex 21, 12 [Qui frappe quelqu’un et cause sa mort sera mis à mort].
674. À propos du premier point, il fait deux choses : il présente d’abord les commandements sur l’interdiction de l’homicide ; deuxièmement, le châtiment de l’homicide.
675. Il dit donc : VOUS AVEZ ENTENDU [QU’IL A ÉTÉ DIT AUX ANCÊTRES : «TU NE TUERAS PAS]», Ex 20, 13 et Dt 5, 17. Et il dit : AUX ANCÊTRES, car, selon Chrysostome, de même que si un maître dit à un de ses élèves : «Il y a longtemps que je t’ai enseigné l’alphabet, il est temps maintenant que tu apprennes des choses plus importantes», de même le Seigneur [dit], He 5, 12 : Alors qu’[avec le temps vous devriez être devenus] des maîtres, [vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu].
676. Et il faut noter que, sur ce commandement, on fait trois erreurs. Premièrement, certains ont dit qu’il n’était pas permis de tuer même de petits animaux, mais cela est faux, car ce n’est pas péché d’utiliser ce qui est soumis au pouvoir humain, puisque c’est l’ordre naturel que les plantes soient pour la nourriture des animaux, certains animaux pour la nourriture d’autres animaux, et tous pour la nourriture de l’homme, Gn 9, 3 : [Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela] au même titre que la verdure des plantes. Et le Philosophe aussi dit, dans La politique, que la chasse est comme une guerre juste.
677. Deuxièmement, il y a l’erreur de ceux qui ont dit : TU NE TUERAS PAS, sous-entendu : l’homme. Et ils appellent homicides tous les juges séculiers, qui condamnent selon certaines lois. Contre quoi Augustin dit que Dieu ne s’est pas privé du pouvoir de tuer, d’où Dt 32, 39 : C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre, etc. Il est donc permis [aux juges] de tuer par mandat de Dieu, car alors c’est Dieu qui agit. Or, toute loi est mandat de Dieu, Pr 8, 15 : C’est par moi que les rois règnent ; Rm 13, 4 : Car ce n’est pas sans cause que [l’autorité porte] l’épée, [elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier celui qui fait le mal]. Il faut donc comprendre : TU NE TUERAS PAS de ta propre autorité.
678. La troisième erreur est que certains ont cru : TU NE TUERAS PAS autrui, mais le suicide est permis. En effet, on trouve cela à propos de Samson, de Caton, et de certaines vierges qui se sont jetées dans les flammes, suivant ce que cite Augustin. Mais Augustin répond que qui se tue, tue un homme, et qu’on ne doit ni tuer autrui sans l’autorité de Dieu, ni se tuer soi-même, sinon par la volonté de Dieu ou par l’impulsion du Saint-Esprit, et c’est l’excuse de Samson.
679. QUI TUE. Ici est abordé le châtiment : SERA PASSIBLE DE JUGEMENT, c’est-à-dire du châtiment que la loi lui adjugera, Ex 21, 12 [Qui frappe quelqu’un et cause sa mort sera mis à mort].
Vous avez appris. L’auditoire est composé en grande
partie de gens du peuple ; incapables de lire, ils ont simplement « entendu » le texte de la Loi dans les
synagogues aux jours de fête ou de sabbat, avec les explications qu’y ajoutaient les Docteurs ; car c’est là
que la multitude puisait l’instruction religieuse, de même qu’elle le fait chez nous au catéchisme et au prône.
Le verbe « appris » est donc délicatement choisi : Jésus dira « lu » quand il s’adressera aux savants. - Il a été
dit. Nous remarquerons le même à-propos dans le choix de cette autre expression ; elle convient fort bien
pour représenter la tradition orale que le Sauveur va citer immédiatement. Il eût dit « il a été écrit » s’il eût
parlé de la Loi écrite. - Aux anciens. Le texte latin doit-il se traduire par « par les anciens », ou par « aux
anciens » ? Quoique la première de ces interprétations soit adoptée par de nombreux auteurs modernes, nous
préférons nous ranger à la seconde qui, outre qu’elle réunit un plus grand nombre encore de partisans, est
aussi plus conforme à la grammaire et au contexte. Par ce mot « anciens », Jésus désigne les vieilles
générations juives des siècles antérieurs, qui ont reçu la tradition orale, et non les docteurs primitifs, auteurs
ou canaux de cette même tradition. Le sens est donc :« Vous savez que c'est la doctrine qui a été transmise à
vos ancêtres », Thalemann. - Tu ne tueras point. C’est le texte exact du cinquième commandement de Dieu,
Ex. 20, 13. Cf. Deut. v. 17. Au contraire, la ligne suivante : celui qui tuera... n’est qu’une addition arbitraire
faite par les Scribes et les Pharisiens ; addition conforme à la lettre, il est vrai, mais qui, en s’en tenant à la
lettre, en n’interdisant que l’homicide proprement dit, comme si le législateur n’avait pas voulu défendre
autre chose, anéantissait l’esprit du précepte et abaissait une grande prescription morale au niveau d’un
simple arrêté civil. - Méritera d'être condamné : on reconnaît là le langage judiciaire ; c’est comme s’il y
avait « sous le coup d'une accusation ». - En jugement. On nommait ainsi, d’après l’hébreu, des tribunaux
secondaires ou de première instance, établis dans toutes les villes de province, Cf. Deut. 16, 18, et composés
de sept membres seulement suivant l’historien Josèphe, Ant. 4, 8, 16, de vingt-trois selon les Rabbins. Ils
jugeaient les causes graves quand elles ne présentaient rien d’extraordinaire ; les meurtres étaient par
conséquent de leur ressort ; ils pouvaient porter des sentences capitales, et comme, d’après la loi juive le
meurtre était toujours puni de mort, la phrase « reus erit judicio » équivaut à celle-ci : « il subira le dernier
supplice ». Voilà donc les homicides menacés, contrairement à l’esprit du décalogue, non des jugements de
Dieu, mais des gendarmes et du bourreau !
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : " Tu ne tueras pas. Celui qui tuera sera passible du jugement. " Et moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement (Mt 5, 21-22).
Dans le Sermon sur la Montagne, le Seigneur rappelle le précepte : " Tu ne tueras pas " (Mt 5, 21), il y ajoute la proscription de la colère, de la haine et de la vengeance. Davantage encore, le Christ demande à son disciple de tendre l’autre joue (cf. Mt 5, 22-39), d’aimer ses ennemis (cf. Mt 5, 44). Lui-même ne s’est pas défendu et a dit à Pierre de laisser l’épée au fourreau (cf. Mt 26, 57).
En rappelant le précepte : " Tu ne tueras pas " (Mt 5, 21), notre Seigneur demande la paix du cœur et dénonce l’immoralité de la colère meurtrière et de la haine :