Matthieu 5, 28

Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.

Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Saint Jean Chrysostome
Le Sauveur procède par ordre et après avoir développé le premier précepte : « Vous ne tuerez pas ; » il passe au second : « Vous savez qu'il a été dit aux anciens : « Vous ne commettrez pas d'adultère. »

Si vous voulez fixer continuellement vos regards sur de beaux visages vous serez pris infailliblement, quand même vous échapperiez au mal deux ou trois fois, car vous n'êtes pas supérieur à la nature humaine. Mais celui qui en regardant une femme, allume dans son coeur une flamme coupable, conserve dans son âme même en l'absence de cette femme, l'image d'actions que la pudeur réprouve, et il finit presque toujours par s'y livrer. Si une femme de son côté, se pare dans l'intention d'attirer sur elle les regards des hommes, elle se rend digne des châtiments éternels, alors même qu'elle n'eût blessé personne de ses funestes coups. En effet elle a composé du poison, quoiqu'elle n'ait trouvé personne pour le boire. Ce que Jésus-Christ dit aux hommes, il le dit également aux femmes, car en parlant au chef, il s'adresse à tout le corps.
Saint Jérôme
Il y a cette différence entre la véritable passion et le premier mouvement qui la précède, que la passion est regardée comme un vice réel, tandis que ce premier mouvement, sans être entièrement innocent, n'a cependant pas un caractère aussi criminel. Celui donc qui, à la vue d'une femme, sent un mauvais désir effleurer son âme, éprouve les premières atteintes de la passion ; s'il donne son consentement, la passion naissante se change en passion consommée, et ce n'est pas la volonté de pécher qui manque à cet homme, c'est l'occasion. Ainsi, quiconque voit une femme pour la convoiter, c'est-à-dire la regarde dans l'intention de faire naître ce désir criminel et de chercher à l'accomplir a commis en toute vérité l'adultère dans son coeur.
Saint Augustin
C'est-à-dire vous ne vous approcherez pas d'une autre que de votre épouse. Vous exigez de votre épouse qu'elle observe fidèlement cette loi et vous ne l'observeriez pas à son égard, vous qui devez lui être supérieur en vertus ? Il est honteux pour un homme de dire : Cela m'est impossible. Comment, ce que la femme peut faire, l'homme ne le pourrait pas ? Et ne dites pas : Je n'ai pas d'épouse, je vais trouver une courtisane, et je ne viole pas le précepte qui défend l'adultère ; car vous savez ce que vous valez, vous savez ce que vous mangez et ce que vous buvez, ou plutôt vous savez quel est celui qui devient votre nourriture et votre breuvage. Abstenez-vous donc de toute fornication. Par la fornication et par les débordements du libertinage, vous dégradez l'image de Dieu que vous portez en vous-même. Aussi le Seigneur qui sait ce qui vous est utile, vous commande de ne point laisser écrouler sous les coups dissolvants des voluptés criminelles son temple qu'il a commencé d'élever dans votre âme.

Mais comme les Pharisiens pensaient que la seule union charnelle avec la femme d'autrui était défendue sous le nom d'adultère, le Seigneur leur apprend que le désir seul de cette union était un véritable adultère : « Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère avec elle dans son coeur. Quant à ce commandement de la loi : « Vous ne désirerez pas la femme de votre prochain, » (Ex 20, 17 ; Dt 5, 21) les Juifs l'entendaient de l'enlèvement de la femme d'autrui, et non de l'union charnelle.

Trois choses concourent à la consommation du péché, la suggestion, la délectation, le consentement. La suggestion vient de la mémoire ou des sens. Si l'on trouve du plaisir dans l'idée de la jouissance, il faut réprimer cette délectation criminelle ; si l'on y consent, le péché est complet. Cependant, avant le consentement, la délectation est nulle ou légère, c'est un péché d'y consentir lorsqu'elle est illicite ; si elle va jusqu'à la consommation de l'acte, il semble que la passion soit rassasiée et comme éteinte. Mais que la suggestion revienne de nouveau, la délectation renaît plus vive, bien qu'elle soit moindre que celle qui se change en habitude, et qu'il est très difficile de vaincre.
Saint Grégoire le Grand
Celui dont les yeux s'égarent sans précaution sur les objets extérieurs, tombe presque toujours dans la délectation du péché, et comme enchaîné par ses désirs, il finit par vouloir ce qu'il ne voulait pas. C'est de tout son poids, et il est bien lourd, que la chair nous entraîne vers les choses basses, et une fois que notre coeur est lié à cette image de la beauté que les yeux lui ont transmise, les plus grands efforts suffisent à peine pour l'en arracher. Il nous faut donc veiller sur nous, et songer que nous ne devons pas regarder ce qu'il nous est défendu de désirer. Voulons-nous conserver à notre coeur la pureté de ses pensées, détournons les yeux de toute image voluptueuse et sensuelle, sans quoi ils nous entraîneront infailliblement au crime.
Saint Thomas d'Aquin
771. MAIS MOI JE VOUS DIS, c’est-à-dire j’ajoute à ce commandement, qui, croyez-vous, doit être observé seulement en acte, et j’explique qu’il faut l’observer dans la volonté, selon Augustin.

PARCE QUE CELUI QUI REGARDE UNE FEMME, c’est-à-dire qui fixe son regard sur une femme.

772. Ici se pose aussi une question : pourquoi parmi tous les sens nomme-t-il seulement la vue ? Réponse : parce que la vue est [le sens] le plus utilisé. Ou bien, selon Bède, dans la vue il comprend tout ce qui meut l’âme au plaisir.

773. Encore une autre question : pourquoi ne dit-il pas : «Celui qui désire», mais CELUI QUI REGARDE ? Réponse : parce que désirer est quelquefois subit et involontaire, et ainsi c’est véniel, c’est un début de passion selon Jérôme. Mais regarder pour désirer, c’est volontaire, donc mortel et, selon Jérôme, c’est une passion.

774. Encore une question sur ce sujet : pourquoi ne dit-il pas «pour commettre l’adultère», mais seulement POUR DÉSIRER ? Réponse : pour faire comprendre que ce qui est condamnable, ce n’est pas seulement l’action ou le consentement à l’action, mais aussi l’intention ou le consentement au plaisir.

775. POUR LA DÉSIRER, c’est-à-dire, selon Augustin et Jérôme, la regarder afin de la désirer intérieurement, afin de passer à l’action si la possibilité s’offrait.

776. IL EST DÉJÀ ADULTÈRE DANS SON CŒUR, c’est-à-dire qu’il est coupable d’adultère, car il est déjà passé à la passion du cœur, selon Raban. Grégoire [écrit] : «Il n’est pas permis de regarder ce qu’il n’est pas permis de désirer.» Lm 3, 51 : Mon œil a pillé mon âme, [pour toutes les filles de ma cité]. Selon Augustin, sous le nom d’ADULTÈRE il comprend toute espèce de plaisir charnel, et quand il dit : QUI REGARDE, la vue est citée pour tout mouvement qui mène au plaisir, [la vue] non seulement physique mais aussi intérieure, qui est dans la concupiscence, comme dit Bède.
Louis-Claude Fillion
Tu ne commettras pas d'adultère. C’est le sixième précepte du décalogue ; Cf. Ex. 20, 14 ; Deut. 5, 18. La tradition pharisaïque, sur ce point comme au sujet du meurtre, s’en tenait à la stricte signification de la lettre et ne condamnait que l’adultère proprement dit. Mais Jésus rend au sixième commandement, de même qu’il l’a fait pour le cinquième, toute sa force primitive, toute l’extension que Dieu avait voulu lui attribuer dès le principe. - Mais moi je vous dis. « La répétition de ces mots donne à toute cette partie du discours une sorte de majesté imposante et douce. On sent l’avènement du grand législateur », Bougaud, Jésus-Christ, 2è part., c. 4. - Les pharisiens et les Scribes n’interdisaient que les actes extérieurs désignés par l' « adultère » ; le Christ prohibe même les actes intérieurs, les pensées et les désirs mauvais, quiconque aura regardé... serait mieux traduit par « aura examiné » ; car, dit Maldonat, « cela ne désigne pas celui qui, par inadvertance, pose les yeux sur un visage de femme, mais celui qui jette sur elle un regard de convoitise ». Il s’agit en effet d’un regard volontairement impudique, ainsi que l’exprime la suite du discours. - Pour la convoiter : « pour » marque le but final du regard qui a lieu directement en vue du désir. « Si quelqu’un la dévisage avec l’intention et le mobile de la convoiter, il ne peut s’agir d’une simple délectation charnelle, mais d’un plein consentement à la luxure », St. Augustin in h.l. Le substantif « femme » désigne tout d’abord une femme mariée, puisque Jésus ne mentionne que l’adultère proprement dit au v. 28 ; mais il est évident que la pensée du Sauveur va plus loin, comme l’admettent tous les exégètes, et, qu’en parlant d’une espèce particulière d’impureté, il comprenait toutes les fautes honteuses. Les vv. 29 et 30 l’indiquent très-clairement par la généralité de leur tendance. - Déjà, en même temps qu’a lieu le regard de convoitise. - Dans son cœur, car c’est le cœur, dira plus tard Jésus-Christ, qui est le centre de la vie morale : « C’est du cœur que viennent les pensées mauvaises…les adultères, les fornications », Matth. 15, 19. Aussi , tandis que d’après l’interprétation des hommes l’acte coupable était seul puni de la mort temporelle, d’après celle de Jésus le désir même sera puni de la mort éternelle.
Catéchisme de l'Église catholique
L’aveu au prêtre constitue une partie essentielle du sacrement de Pénitence : " Les pénitents doivent, dans la confession, énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après s’être examinés sérieusement, même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus grièvement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous " (Cc. Trente : DS 1680) :

Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà commis dans son cœur l’adultère avec elle (Mt 5, 28).

" Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà commis dans son cœur l’adultère avec elle " (Mt 5, 28).