Matthieu 5, 3

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Saint Hilaire de Poitiers
Ou bien encore, il monte sur la montagne, parce que c'est des hauteurs de la majesté qu'il occupe avec son Père qu'il nous impose les célestes enseignements de la vie chrétienne.
Saint Ambroise
Au jugement de Dieu, le bonheur commence là où au jugement des hommes on ne trouve que misère et affliction.
Saint Jean Chrysostome
Il s'asseoit non au milieu des villes et des places publiques, mais sur une montagne et dans la solitude, et il nous apprend ainsi à ne rien faire par ostentation et à fuir les réunions tumultueuses, surtout lorsque nous devons traiter de choses d'une haute importance.

Tout artisan, quelle que soit sa profession, voit avec joie ce qui lui donne l'occasion d'exercer son art. Ainsi le charpentier, à la vue d'un arbre de bonne qualité, désire 1e couper pour l'employer à ses travaux ; de même le prêtre, en voyant une assemblée nombreuse, se réjouit dans son âme, et il est heureux de pouvoir lui enseigner des vérités utiles. C'est ainsi que le spectacle de cette grande multitude de peuple donna lieu au Seigneur de lui adresser ses divins enseignements : « Jésus voyant cette foule, monta sur la montagne. »

Il monte sur cette montagne, d'abord pour accomplir cette prophétie d'Isaïe : « Montez sur le sommet de la montagne ; » ensuite pour nous apprendre qu'il faut habiter le sommet des vertus spirituelles pour être digne d'enseigner ou d'écouter les oracles de la justice de Dieu, car si l'on reste habituellement dans la vallée, on ne peut parler du haut de la montagne ; si vous restez sur la terre, parlez des choses de la terre ; si vous voulez parler du ciel, élevez-vous jusqu'au ciel. Ou bien il monte sur la montagne pour nous avertir que tout homme qui veut pénétrer les mystères de la vérité, doit monter sur cette montagne de l'Église dont le prophète a dit : « La montagne de Dieu est une montagne fertile » (Ps 67, 16).

Ou enfin ces paroles nous apprennent que le Seigneur enseignait tantôt en ouvrant la bouche, tantôt en faisant entendre la voix non moins instructive de ses oeuvres.

Ou bien le mot esprit signifie ici orgueil et volonté. Que des hommes soient humiliés malgré eux et par la force des circonstances, il n'y a ni mérite ni gloire ; aussi Notre-Seigneur ne proclame bienheureux que ceux qui s'humilient par le choix de leur volonté. Il veut ici couper et arracher jusqu'aux dernières racines de l'orgueil, comme étant lui-même la racine et la source de tous les maux. Il lui oppose l'humilité comme un fondement inébranlable sur lequel on lient bâtir avec solidité, tandis que si elle vient à crouler, tous les biens que vous aurez amassés tombent avec elle.

Notre-Seigneur dit ouvertement : « Bienheureux les pauvres d'esprit, et il désigne par là les âmes humbles qui demandent toujours à Dieu l'aumône de sa grâce. Aussi on lit dans le grec : « Bienheureux les mendiants ou les nécessiteux. » Il en est plusieurs, en effet, qui sont naturellement humbles, mais qui ne le sont point par un principe de foi, parce qu'ils n'implorent pas le secours de Dieu. Le Sauveur ne veut parler ici que de ceux qui sont humbles en vertu de la foi.

Peut-être ici par les pauvres d'esprit, Notre-Seigneur entend-il ceux qui sont saisis de crainte et qui tremblent en présence des commandements de Dieu, comme Dieu le recommande par le prophète Isaïe. Mais qu'ont-ils de plus que ceux qui sont simplement humbles ? Ils possèdent la vertu d'humilité à un plus haut degré.

De même, en effet, que tous les vices conduisent à l'enfer, mais principalement l'orgueil, aussi toutes les vertus nous conduisent aux cieux, mais surtout l'humilité, car c'est une des récompenses propres à l'humilité que celui qui s'humilie soit élevé.
Saint Jérôme
Quelques-uns de nos frères croient dans leur simplicité que Notre-Seigneur a tenu ce discours sur la montagne des Oliviers, ce qui ne peut être, car ce qui précède et ce qui suit nous montre clairement que cette montagne est située dans la Galilée, et nous pensons que c'est le mont Thabor, ou quelque autre montagne élevée.

Il parle assis et non debout, parce qu'ils étaient incapables de le comprendre clans l'éclat de sa majesté.

Ou bien encore les pauvres d'esprit sont ceux qui par l'inspiration de l'Esprit saint embrassent la pauvreté volontaire.
Saint Augustin
On peut dire aussi qu'il voulut éviter cette grande multitude et qu'il se retira sur cette montagne pour s'entretenir avec ses seuls disciples.

Ou bien enfin il monte sur la montagne, pour nous faire comprendre que les commandements que Dieu avait donnés par les prophètes au peuple juif, peuple qu'il fallait retenir par la crainte, étaient moins parfaits que les lois qu'il allait donner par son Fils à un peuple qu'il voulait affranchir par l'amour.

ou bien, il parle étant assis, parce que sa dignité de docteur et de maître l'exigeait. Ses disciples s'approchèrent de lui ; c'est ainsi que ceux dont le coeur était plus près de l'accomplissement de ses préceptes, se trouvaient aussi plus rapprochés corporellement de sa personne.

Il paraît surprenant que saint Matthieu prête ce discours au Sauveur assis sur la montagne, tandis que saint Luc (Lc 7, 17) le lui fait tenir lorsqu'il était debout dans la plaine. Cette diversité dans leur récit est une preuve qu'il s'agit de deux discours différents ; car qui s'oppose à ce que Notre-Seigneur ait répété ici ce qu'il avait dit précédemment et qu'il fasse de nouveau des actions qu'il avait déjà faites auparavant ? On peut dire encore que le Sauveur était sur le point le plus élevé de la montagne avec ses seuls disciples, quand il choisit parmi eux ses douze apôtres. Il descendit ensuite avec eux non de la montagne, mais de cette hauteur dans une espèce de plaine, c'est-à-dire sur un plateau situé sur le flanc de la montagne, et qui pouvait contenir un grand nombre de personnes ; il attendit dans ce lieu que la multitude se fût rassemblée autour de lui ; puis s'étant assis, ses disciples se rapprochèrent et, là devant eux et en présence du peuple il aurait fait ce discours que saint Matthieu et saint Luc racontent d'une manière différente, mais dont la substance est absolument la même.

Ou bien peut-être ces mots : « ouvrant la bouche, » nous avertissent que le discours qui va suivre sera plus long que d'habitude.

Si on veut étudier ce discours dans un esprit de religion et de prudence, on y trouvera la règle parfaite de la vie chrétienne pour la direction des m'urs. Aussi Notre-Seigneur le conclut en disant : « Tout homme qui écoute les paroles que je viens de dire et les met en pratique sera comparé à un homme sage. »

La philosophie ne peut avoir d'autre raison d'être que la fin du bien lui-même. Or la fin du bien, c'est de nous rendre heureux, et c'est pour cela que Jésus-Christ commence son discours par la promesse de la béatitude : « Bienheureux les pauvres d'esprit. »

La présomption d'esprit est un signe d'orgueil et d'arrogance. Or, on dit souvent des orgueilleux qu'ils ont un esprit étendu ; c'est avec raison, Car espritest synonyme de vent, et qui ne sait qu'on dit aussi des orgueilleux qu'ils sont enflés, comme s'ils étaient gonflés par le vent. C'est pour cela qu'il faut entendre ici par pauvres d'esprit, les humbles qui craignent Dieu et qui n'ont pas cet esprit qui enfle.

Que les orgueilleux désirent les royaumes de la terre, le royaume des cieux est pour les humbles.
Saint Rémi
Nous voyons dans l'Évangile que Notre-Seigneur avait trois lieux particuliers de retraite, la barque, la montagne et le désert, et qu'il se retirait dans l'une ou l'autre de ces retraites, lorsqu'il était accablé par la foule.

Toutes les fois qu'il est dit que le Seigneur ouvrit la bouche, il faut nous rendre attentifs, car ce préambule annonce de grandes choses.
Saint Grégoire le Grand
Avant que le Sauveur formule sur la montagne ces sublimes et admirables préceptes, l'Évangéliste les fait précéder de ces paroles : « Ouvrant sa bouche, il les enseignait. » Lui qui avait autrefois ouvert la bouche des prophètes.
Rabanus Maurus
Dans le sens mystique, le Seigneur assis est la figure de son incarnation, car s'il ne s'était pas incarné, le genre humain n'aurait pu approcher de lui.
La Glose
C'est avec justice que les richesses du ciel sont ici promises à ceux qui sont pauvres dans la vie présente.
Saint Thomas d'Aquin
540. [Le Seigneur] dit donc : HEUREUX LES PAUVRES, [ce qui] se lit de deux façons. D’abord ainsi : HEUREUX LES PAUVRES, c’est-à-dire les humbles, ceux qui se jugent pauvres, car les vrais humbles sont ceux qui se jugent pauvres, pas seulement extérieurement, mais aussi intérieurement. Ps 39, 18 : Moi je suis mendiant et pauvre. Au contraire, Ap 3, 17 : Tu dis : «Je suis riche et opulent et je ne manque de rien», et tu ne sais pas que tu es malheureux et misérable, pauvre et aveugle et nu, etc.

541. Et alors, ce qu’il dit : EN ESPRIT, peut se lire de trois façons. En effet, ESPRIT (spiritus) est parfois le nom qu’on donne à l’orgueil humain, Is 2, 22 : Restez tranquilles loin de l’homme dont le souffle (spiritus) est dans les narines, car il a été évalué très haut ; Is 25, 4 : Le souffle des forts est comme un tourbillon heurtant le mur. On appelle l’orgueil «souffle» parce que les hommes sont gonflés par l’orgueil comme les outres par le souffle, Col 2, 18 : Gonflé par sa pensée charnelle. Donc, HEUREUX LES PAUVRES, ceux qui ont peu de souffle (esprit) d’orgueil. Ou bien ESPRIT (souffle) est pris dans le sens de «volonté humaine». Certains sont humbles par nécessité, et ce ne sont pas ceux-là qui sont HEUREUX, mais ceux qui recherchent l’humilité.

542. Troisième acception : l’Esprit Saint. Ainsi, HEUREUX LES PAUVRES EN ESPRIT, ceux qui sont humbles grâce à l’Esprit Saint. Et ces deux [choses : l’humilité et la pauvreté,] reviennent presque au même. [Le Seigneur] dit : PAUVRES EN ESPRIT, parce que l’humilité donne l’Esprit Saint, Is 66, 2 : Vers qui regarderai-je sinon vers le petit pauvre à l’esprit brisé, qui tremble à mes paroles ? C’est à ces pauvres qu’est promis le royaume, par lequel on entend l’excellence suprême. Et bien qu’il soit la récompense de n’importe quelle vertu, il est tout de même donné particulièrement à l’humilité, car celui qui s’abaisse sera élevé, Mt 23, 12 ; et Pr 29, 23 : La gloire viendra sur l’esprit humble.

543. Autre explication selon Jérôme : PAUVRES EN ESPRIT, littéralement, par le renoncement aux choses temporelles. Et il dit : EN ESPRIT, car certains sont pauvres par nécessité, mais le bonheur n’est pas dû à ceux-là, mais à ceux qui sont pauvres par volonté. Et ils sont de deux sortes : certains, bien qu’ils aient des richesses, ne les ont pas dans leur cœur, Ps 61, 11 : Aux richesses, si elles affluent, n’attachez pas votre cœur. Certains n’ont ni ne recherchent [les richesses], et cela est plus sûr car l’esprit est attiré par les choses spirituelles loin des richesses, et ceux-ci sont appelés, au sens propre, des PAUVRES EN ESPRIT, car les actes des dons [du Saint-Esprit], qui surpassent la manière humaine, appartiennent à l’homme heureux, et le fait de rejeter toutes les richesses, de façon à n’avoir aucune sorte de convoitise, surpasse la manière humaine d’agir. Or, c’est à eux qu’est promis le royaume des cieux, dans lequel on remarque non seulement la hauteur de l’honneur mais l’abondance de richesses. Jc 2, 5 : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres de ce monde comme riches dans la foi ?

544. Et note que Moïse a commencé par promettre des richesses, Dt 28, 1 : Le Seigneur ton Dieu te fera plus haut que tous les peuples qui vivent sur la terre, et plus loin [Dt 28, 3] : Béni seras-tu en ville, et béni à la campagne. Et c’est pourquoi le Seigneur, pour distinguer la loi ancienne de la nouvelle, a commencé par mettre le bonheur dans le mépris des richesses temporelles.

545. De plus, selon Augustin, note que cette béatitude va avec le don de crainte, car la crainte, surtout filiale, fait avoir du respect pour Dieu, et à partir de cela l’homme méprise les richesses.

546. Isaïe met le bonheur dans la descendance : Is 11, 1[ 3] : Un rameau sortira de la racine de Jessé, une fleur montera de la racine de celui-ci. L’Esprit du Seigneur reposera sur lui, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, et l’Esprit de crainte du Seigneur le remplira. Le Christ, au contraire, [sort] du don de crainte, c’est-à-dire de la pauvreté, car Isaïe a prédit l’arrivée du Christ sur terre. Le Christ entraînait de la terre vers le haut.
Louis-Claude Fillion
Bienheureux. Jésus ouvre la bouche, v. 2, et c’est cette parole consolante qui s’échappe la première de ses lèvres. Elle correspond à l’exclamation hébraïque si fréquemment usitée qu’on la trouve jusqu’à vingt-cinq fois dans le livre des Psaumes. Le divin Maître répond donc, dès l’exorde de son discours, au désir le plus vif, le plus ardent du cœur humain : « Tout le but de l’homme est d’être heureux. Jésus-Christ n’est venu que pour nous en donner le moyen », Bossuet, Médit. sur l’Evang. 1er jour. - Pauvres en esprit. On a de toutes manières interrogé ces deux mots, pour déterminer l’espèce de pauvreté que Notre-Seigneur avait en vue quand il les prononça. D’après Fritzsche, ils désigneraient la pauvreté intellectuelle, « des hommes de peu d'intelligence et de savoir » ; mais c’est là un contresens manifeste, que faisait déjà sciemment l’apostat Julien pour se rire de la doctrine évangélique. Suivant la plupart des Pères et des exégètes anciens ou modernes, ils indiquent la pauvreté morale, c’est-à-dire l’humilité. « Il ajoute en esprit, pour que tu comprennes que la pauvreté dont il parle signifie l’humilité et non la pénurie. », S. Jérôme, in h. l. Selon Tertullien, S. Cyprien, Maldonat et divers auteurs contemporains, Jésus-Christ dans ce verset voulait parler avant tout de l’esprit de pauvreté, c’est-à-dire tout à la fois de la pauvreté matérielle proprement dite, patiemment subie ou volontairement embrassée, et du détachement des biens de ce monde quand on les possède. A leur avis, c’est donc dans le sens littéral et pas au figuré qu’il faut prendre le mot « pauvres ». Ils sont fortement autorisés par la rédaction de S. Luc qui, d’une part, oppose un « Malheur aux riches » très formel à la première Béatitude, d’autre part omet le substantif « esprit », enlevant ainsi toute cause d’ambiguïté. Comme nous l’a montré l’exemple de S. Jérôme, c’est en effet le substantif qui a occasionné toutes ces différences d’interprétations, bien qu’il eût précisément pour but de mieux déterminer la pensée du Sauveur. Aussi à quelles violences n’a-t-il pas été soumis ! « Pauvres d'esprit, dit Berlepsch, ceux qui se soumettent à l'Esprit, qui acceptent d'être régis par lui ». Pour Wetstein aussi il s’agirait de l’Esprit Saint. Une autre interprétation possible est plate et insignifiante : « Les pauvres sont ceux qui sont bienheureux en esprit, c'est-à-dire dans leur âme ». Qu’on accepte la belle traduction du P. Lacordaire : Bienheureux les pauvres de gré, et aussitôt tout devient clair et significatif, et l’on comprend que Jésus prescrit à bon endroit l’amour de la pauvreté comme une condition « sine qua non » de la participation à son royaume, comme le premier caractère de ses disciples ; car lorsque l’attache aux biens terrestres remplit les cœurs, il n’y reste plus de place pour Dieu, ni pour les choses du ciel. Aussi les oracles prophétiques avaient-ils promis tout particulièrement aux pauvres l’entrée dans le royaume du Messie ; Cf. Is. 61, 1 ; 66, 2 ; Soph. 3, 12 et 13 ; Matth. 11, 5. Il faut pourtant noter encore un autre sens que donnent à l’expression « pauvres en esprit » plusieurs interprètes contemporains. S’appuyant sur Théophylacte, qui la rend en grec, ils lui font représenter l’état intérieur d’une âme ayant conscience de la misère et de la faiblesse dans lesquelles nous avons tous été jetés par le péché, et sentant vivement son néant spirituel, le besoin qu’elle a de rédemption. Ainsi pensent MM. Schegg, Brown, Olshausen, J. P. Lange, etc. Cette idée est ingénieuse ; elle a de plus le mérite de la science, car ses partisans la rattachent habilement au corrélatif hébreu du « pauvre », qui désigne parfois la misère morale ; mais elle nous semble pécher par défaut de simplicité et peu convenir au contexte où tout est pris dans le sens le plus obvie. - Car le royaume des cieux... « La félicité éternelle leur appartient sous le titre majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c’est de rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume », Bossuet. - Est, et non « sera » ; cela est déjà vrai même sur la terre. Quel baume pour les souffrances des pauvres ! - Le paradoxe contenu dans cette Béatitude est facile à saisir : Les pauvres, heureux ! Les pauvres, rois ! Aux Juifs qui attendaient un royaume messianique plein d’or et de richesses et de biens matériels, cet exorde du discours offrait une singulière déception !
Fulcran Vigouroux
Les pauvres d’esprit sont des pauvres de cœur et d’affection. S’ils n’ont point de richesses, ils n’en désirent pas ; s’ils en ont, ils n’y sont point attachés. ― « Bienheureux sont les pauvres d’esprit, c’est-à-dire, non seulement ces pauvres volontaires, qui ont tout quitté pour le suivre, et à qui il a promis le centuple dans cette vie, et dans la vie future la vie éternelle ; mais encore tous ceux qui ont l’esprit détaché des biens de la terre ; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure et sans impatience, qui n’ont pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil, l’injustice, l’avidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le titre majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c’est de rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume. » (BOSSUET.)
Catéchisme de l'Église catholique
Le Royaume appartient aux pauvres et aux petits, c’est-à-dire à ceux qui l’ont accueilli avec un cœur humble. Jésus est envoyé pour " porter la bonne nouvelle aux pauvres " (Lc 4, 18 ; cf. 7, 22). Il les déclare bienheureux car " le Royaume des cieux est à eux " (Mt 5, 3) ; c’est aux " petits " que le Père a daigné révéler ce qui reste caché aux sages et aux habiles (cf. Mt 11, 25). Jésus partage la vie des pauvres, de la crèche à la croix ; il connaît la faim (cf. Mc 2, 23-26 ; Mt 21, 18), la soif (cf. Jn 4, 6-7 ; 19, 28) et le dénuement (cf. Lc 9, 58). Plus encore : il s’identifie aux pauvres de toutes sortes et fait de l’amour actif envers eux la condition de l’entrée dans son Royaume (cf. Mt 25, 31-46).

" Bienheureux les pauvres en esprit " (Mt 5, 3). Les béatitudes révèlent un ordre de félicité et de grâce, de beauté et de paix. Jésus célèbre la joie des pauvres, à qui est déjà le Royaume (cf. Lc 6, 20) :