Matthieu 5, 30

Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.

Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Saint Thomas d'Aquin
785. ET SI TA MAIN DROITE, c’est-à-dire le travail, ou le contact extérieur avec bonne intention, ou l’ami qui t’aide à faire le bien ; ou bien, selon Chrysostome, la MAIN DROITE [est] la volonté de l’âme, la main gauche la volonté du corps. Or, cette [main] corporelle, selon le même auteur, est l’instrument de cette main-là.

786. Question : pourquoi n’a-t-il pas mentionné l’œil gauche ni la main gauche, alors qu’il arrive que ceux-ci aussi soient occasion de chute ? Réponse : en ôtant une chose qui paraissait fournir une occasion plus petite, il ôte aussi celle qui donne une occasion plus grande. Ou bien, selon Chrysostome, pour que tu comprennes qu’il ne s’agit pas de membres corporels mais des relations familiales ou amicales, comme il a été dit plus haut.

787. EST POUR TOI UNE OCCASION DE CHUTE, c’est-à-dire de ruine ou de scandale, COUPE-LA, en la quittant ou en fuyant. Chrysostome [écrit] : «Il n’est recommandé de couper aucun membre humain au sens littéral, mais avec le zèle d’un travail de piété, s’il est nuisible, il faut l’écarter, l’éloigner, et aussi le tenir loin de soi pour ne pas l’avoir en mémoire. C’est pourquoi il ajoute : ET JETTE-LE LOIN DE TOI, en le quittant totalement.»

788. CAR IL VAUT MIEUX POUR TOI PERDRE UN DE TES MEMBRES PLUTÔT QUE TON CORPS ENTIER AILLE DANS LA GÉHENNE. La Glose [dit] : «Il est meilleur pour toi d’être sauvé en étant amputé de celui-ci, que d’être damné avec lui.»
Louis-Claude Fillion
Amplification et conséquences pratiques du v. précédent, à l’aide de deux images très expressives. L’idée est bien claire ; la voici dégagée de toute métaphore. Si quelque objet vous est une occasion d’impureté, éloignez-le promptement et violemment de vous, fût-il aussi nécessaire que votre œil et que votre main, la séparation dût-elle être aussi douloureuse pour vous que l’extraction d’un œil, l’amputation d’une main. Injonction sévère, froidement imposée, mais qui en réalité tourne à notre avantage, puisqu’en détruisant une partie elle réussit à sauver le tout. La répétition de la même pensée, et dans les mêmes termes, produit un effet très frappant ; la phrase est rythmée, cadencée, et chaque période retombe sur l’âme avec énergie, accentuant davantage les ordres du Sauveur. - Ton œil… ta main ; deux membres des plus chers, des plus indispensables, qui symbolisent mieux que tous les autres une occasion prochaine à laquelle on ne renoncera qu’avec peine. Et comme, d’après une opinion populaire appuyée du reste sur l’expérience, l’œil droit est préférable à l’œil gauche, la main droite à la main gauche, Cf. 1 Reg. 11, 2 ; Zach. 11, 17, c’est l’œil droit, c’est la main droite, que Jésus signale de préférence. - Te scandalise, te porte au péché, est un obstacle sérieux à la conservation de ta chasteté. - Arrache-le… coupe-la... Opérations violentes, qui exigent les plus rudes sacrifices ; mais un courage de héros n’est-il pas nécessaire pour extirper l’aiguillon de l’impureté ? Sénèque a écrit cette belle parole qui ressemble beaucoup à celle du divin Maître : « Enlève de ton cœur toutes les choses qui le blessent. Et s’il n’y a pas moyen de les enlever autrement, arrache ton cœur avec elles », épitre 51. - Car il vaut mieux pour toi... Motif puissant d’agir, à l’occasion, de la manière indiquée par Jésus. De deux maux il faut choisir le moindre, il faut préférer un mal temporel à un mal éternel ; or, il est incomparablement plus doux de vivre ici-bas avec un seul œil, une seule main, que d’être à tout jamais plongé dans les flammes de l’enfer, ce qui serait le plus grand des malheurs. Cicéron disait aussi : « Dans le corps, s’il y a une chose qui soit de nature à nuire au reste du corps, nous supportons qu’elle soit brûlée ou coupée, pour qu’un membre périsse plutôt que tout le corps. » Philipp.