Matthieu 5, 34

Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,

Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
Saint Thomas d'Aquin
812. MAIS MOI JE VOUS DIS, c’est-à-dire : «J’interdis même les serments, occasions de parjures, je vous ordonne DE NE PAS JURER DU TOUT, pour quelque raison que ce soit, ou sans raison légitime», parce que quand on jure sans raison, l’attestation de la vérité première est méprisée parce qu’elle est prise en vain, ce qui est interdit, Ex 20, 7 : Tu ne prendras pas en vain le nom de ton Dieu.

813. Objection : Ps 109, 4 : Le Seigneur a juré et ne se repentira pas ; He 6, 16 : La garantie du serment met un terme à toute contestation. Réponse : [le Seigneur] ordonne DE NE PAS JURER DU TOUT, continuellement. Ou bien DU TOUT au sens composé, c’est-à-dire dans tous les cas. Dans le serment, il doit y avoir trois choses : la matière due, c’est-à-dire la vérité ; la forme due, c’est-à-dire la justice ; et la fin droite. Selon Augustin, Grégoire et Origène, il n’a pas interdit le serment d’une façon absolue, mais il a enseigné ce qui est plus parfait qu’une occasion de parjure. Selon Alexandre, cette prescription est seulement pour les apôtres de la primitive Église, pour qu’ils ne soient pas tenus pour imparfaits. Ou bien quand il dit DE NE PAS JURER DU TOUT, est interdite la passion de jurer, non l’effet, comme en Jc 5, 12 : Avant tout, frères, ne jurez [ni par le ciel ni par la terre], c’est-à-dire ne convoitez pas. Jérôme [écrit] : «Le Christ interdit tout à fait de jurer, pour éviter qu’on ne désire le serment comme un bien, et qu’avec l’habitude de jurer on tombe dans le parjure.» De plus, Augustin dit, dans son livre sur Le mensonge : «NE PAS JURER DU TOUT : c’est-à-dire, autant que cela dépend de toi, n’aime pas cela, ne le désire pas avec quelque délectation.» Et aussi, encore Augustin : «Le serment n’est pas bon, mais pas mauvais non plus quand il est nécessaire.»

814. Objection : Augustin [dit], dans le Sermon sur le danger : «Le faux serment est pernicieux, vraiment dangereux, nullement sûr. S’[il est] dangereux, [il est] donc mauvais. » Réponse : il est dit dangereux si on considère celui qui jure, non que [le serment soit] mauvais, mais parce qu’une condition du serment peut facilement être oubliée, et elles sont trois, selon Jr 4, 2 : Tu jureras par le Seigneur vivant, en vérité, droiture et justice. Jurer en vérité, c’est [jurer] selon la vérité du fait et de sa conscience ; en justice, [jurer] licitement ; en droiture, [jurer] pour une cause suffisante.

815. NI PAR LE CIEL. Chrysostome [dit] : «Celui qui jure PAR LE CIEL déifie le ciel, et on entend par LE CIEL toute créature naturelle d’en haut.» La Glose [dit] : «Ne jurons pas par les créatures.»

816. Objection : Joseph a juré par le salut de Pharaon, Gn 2, 15. Réponse : il a juré en sachant que la puissance et le salut de Pharaon venaient de Dieu. Donc, ce ne fut pas jurer par une créature mais jurer par Dieu, dans la main de qui est le salut de tous.

PARCE QUE C’EST LE TRÔNE DE DIEU, Is 66, 1 : Le ciel est mon trône.