Matthieu 5, 39
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
832. MAIS MOI [JE VOUS DIS], sous-entendu «cette concession leur a été faite ». MAIS MOI JE VOUS DIS, c’est-à-dire, je vous exhorte en disant de NE PAS RÉSISTER AU MÉCHANT (ou AU MAL), c’est-à-dire, ne repoussez pas l’injustice reçue en vous vengeant ou en ayant l’intention de vous venger. Quand il dit : AU MAL, il entend le mal temporel, ou la souffrance, comme disent Augustin et Jérôme, et non pas le mal de la faute, auquel il faut résister jusqu’à la mort. Chrysostome [écrit] : «Il prescrit cela, non pour que nous nous arrachions mutuellement les yeux, mais plutôt pour que nous protégions les innocents, ou que nous contenions nos mains, et ainsi il a freiné l’élan d’injure par une telle menace.» Encore le même : «La colère n’est pas réprimée par la colère.»
833. Au sujet du châtiment du méchant, il faut comprendre qu’il est triple, comme dit Augustin : le supplice corporel, la confiscation des biens, les travaux forcés.
834. Question : NE PAS RÉSISTER AU MAL, est-ce un commandement ou un conseil ?
Réponse : le dommage qu’il appelle ici MAL est ou particulier et privé, ou public. S’il est public, alors il doit être repoussé sur ordre du prince, Rm 13, 4 : Il est le serviteur de Dieu, pour faire justice et châtier celui qui fait le mal. Augustin [écrit] : «Le courage qui défend la patrie contre les barbares, ou défend les faibles à la maison, ou les compagnons contre les voleurs, est la pleine justice. Et ainsi c’est un commandement pour les sujets, et pas seulement pour les princes.» Ou bien le dommage peut être particulier, et alors il peut être repoussé de trois façons. Premièrement, en l’empêchant, comme Paul qui empêcha à l’aide de soldats les injures des Juifs. Deuxièmement, en donnant des arguments, comme le Seigneur a fait à celui qui lui donnait une gifle, Jn 22, 23, et de cette façon c’est permis à tous, parfaits et imparfaits.Troisièmement, ou bien on le repousse en cas de nécessité urgente, par exemple, quand une blessure ne peut être évitée ni par la fuite ni par autre parade, et alors, on le repousse soit sans armes, et de cette façon c’est permis aux clercs comme aux laïcs, soit avec armes, et ainsi ce n’est pas permis aux clercs, même si pour les laïcs cela est occasionnellement permis par «dommage manifeste avec protection contrôlée irréprochable», comme dit la loi. Et ainsi, c’est un commandement pour les clercs, un conseil pour les laïcs. Ou bien on le repousse avec esprit de vengeance, ou désir de revanche, et ainsi c’est interdit à tout le monde, et c’est un commandement.
835. Et ainsi il y a plusieurs façons de comprendre NE PAS RÉSISTER AU MAL : cela est soit un commandement, soit un conseil.
836. SI QUELQU’UN TE FRAPPE SUR LA JOUE DROITE, au sens littéral, PRÉSENTE-LUI AUSSI L’AUTRE, c’est-à-dire sois prêt à supporter avec patience. Raban [dit] : «Non seulement tu ne rends pas la gifle, mais s’il veut frapper l’autre, supporte patiemment.» C’était logique pour les apôtres à cette époque-là, car, comme ils allaient fonder l’Église, il voulut qu’ils aient à supporter les premières attaques des persécuteurs, pour que les hommes voyant leur patience se convertissent à la foi. Chrysostome [écrit] : «Si tu examines avec soin comment ils furent auditeurs de la loi, en quelle compagnie ils passèrent leur vie et quand ils reçurent ces commandements, tu comprendras facilement, tu admireras hautement la sagesse du législateur.» Ou bien PRÉSENTE-LUI AUSSI L’AUTRE. La Glose [dit] : «Le corps entier à frapper.» Jérôme [écrit] : «L’AUTRE, c’est-à-dire la droite, car le juste est entièrement droit.» Ambroise [dit] : «Quoi de plus admirable que de présenter sa joue à celui qui frappe ? Tout élan d’indignation n’est-il pas brisé, la colère calmée, et, grâce à cette patience, l’agresseur n’est-il pas ramené au repentir ?»
833. Au sujet du châtiment du méchant, il faut comprendre qu’il est triple, comme dit Augustin : le supplice corporel, la confiscation des biens, les travaux forcés.
834. Question : NE PAS RÉSISTER AU MAL, est-ce un commandement ou un conseil ?
Réponse : le dommage qu’il appelle ici MAL est ou particulier et privé, ou public. S’il est public, alors il doit être repoussé sur ordre du prince, Rm 13, 4 : Il est le serviteur de Dieu, pour faire justice et châtier celui qui fait le mal. Augustin [écrit] : «Le courage qui défend la patrie contre les barbares, ou défend les faibles à la maison, ou les compagnons contre les voleurs, est la pleine justice. Et ainsi c’est un commandement pour les sujets, et pas seulement pour les princes.» Ou bien le dommage peut être particulier, et alors il peut être repoussé de trois façons. Premièrement, en l’empêchant, comme Paul qui empêcha à l’aide de soldats les injures des Juifs. Deuxièmement, en donnant des arguments, comme le Seigneur a fait à celui qui lui donnait une gifle, Jn 22, 23, et de cette façon c’est permis à tous, parfaits et imparfaits.Troisièmement, ou bien on le repousse en cas de nécessité urgente, par exemple, quand une blessure ne peut être évitée ni par la fuite ni par autre parade, et alors, on le repousse soit sans armes, et de cette façon c’est permis aux clercs comme aux laïcs, soit avec armes, et ainsi ce n’est pas permis aux clercs, même si pour les laïcs cela est occasionnellement permis par «dommage manifeste avec protection contrôlée irréprochable», comme dit la loi. Et ainsi, c’est un commandement pour les clercs, un conseil pour les laïcs. Ou bien on le repousse avec esprit de vengeance, ou désir de revanche, et ainsi c’est interdit à tout le monde, et c’est un commandement.
835. Et ainsi il y a plusieurs façons de comprendre NE PAS RÉSISTER AU MAL : cela est soit un commandement, soit un conseil.
836. SI QUELQU’UN TE FRAPPE SUR LA JOUE DROITE, au sens littéral, PRÉSENTE-LUI AUSSI L’AUTRE, c’est-à-dire sois prêt à supporter avec patience. Raban [dit] : «Non seulement tu ne rends pas la gifle, mais s’il veut frapper l’autre, supporte patiemment.» C’était logique pour les apôtres à cette époque-là, car, comme ils allaient fonder l’Église, il voulut qu’ils aient à supporter les premières attaques des persécuteurs, pour que les hommes voyant leur patience se convertissent à la foi. Chrysostome [écrit] : «Si tu examines avec soin comment ils furent auditeurs de la loi, en quelle compagnie ils passèrent leur vie et quand ils reçurent ces commandements, tu comprendras facilement, tu admireras hautement la sagesse du législateur.» Ou bien PRÉSENTE-LUI AUSSI L’AUTRE. La Glose [dit] : «Le corps entier à frapper.» Jérôme [écrit] : «L’AUTRE, c’est-à-dire la droite, car le juste est entièrement droit.» Ambroise [dit] : «Quoi de plus admirable que de présenter sa joue à celui qui frappe ? Tout élan d’indignation n’est-il pas brisé, la colère calmée, et, grâce à cette patience, l’agresseur n’est-il pas ramené au repentir ?»
Malgré ses avantages réels, le talion avait pourtant
le grave inconvénient d’attiser dans les cœurs l’esprit de vengeance ; c’est pourquoi le Christ l’abolit d’une
manière générale dans son royaume, de même qu’il vient d’abolir le serment, et, par là, bien loin de
contredire la Loi mosaïque qui avait dû tolérer ces choses, il la développe au contraire et la perfectionne à la
manière que nous avons indiquée. - Ne pas résister au méchant ; cette fois, « malo » ne désigne ni le démon,
ni le mal en général, mais tout homme méchant qui nous nuit, comme l'indique le contexte : « si quelqu'un t'a
frappé... ». Ne pas se venger, pardonner volontiers les injures, tout souffrir de tout le monde sans jamais faire
souffrir personne, c’est ce que Jésus-Christ recommande ici fortement à ses disciples. Mais prenons garde en
nous attachant trop strictement à la lettre de ses paroles, d’en fausser à la façon des Pharisiens le véritable
sens. Le Messie n’enjoint rien d’absurde à ses sujets ; il n’interdit nullement la légitime défense, il laisse
intacts nos droits naturels et civils, il maintient à la société le « droit du glaive » à l’égard des malfaiteurs. Sa
pensée, telle qu’elle se dégage clairement de cette ligne et des suivantes, revient simplement à dire : Évitez la
vengeance ; autant que vous le pourrez, pratiquez la douceur et la longanimité. Au lieu du « Rends-leur la
pareille », de vos pères, dites comme moi : « Pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ». On peut
ajouter encore que le divin Maître expose ce qui devrait avoir lieu dans une communauté chrétienne qui
suivrait dans toute leur perfection les règles du Christianisme ; là du moins, chaque membre étant juste et
saint, l’accomplissement littéral ne présenterait aucune difficulté. Mais pour un royaume des cieux où
l’ivraie se trouve en si grande quantité mélangée au froment, Cf. Matth. 13, 24 et ss., Jésus prescrit plutôt une
disposition générale de la volonté que la pratique rigoureuse des détails auxquels il s’arrête ; voir S. Augustin
in h. l. et Bossuet, Méditat. 17è jour. - Après avoir montré la contradiction qui existe entre la Loi nouvelle et
l’amour de la vengeance, Jésus-Christ commente, au moyen de quatre traits puisés dans le cours ordinaire de
la vie, le grand principe qu’il a énoncé. Si quelqu'un t' frappé... C’est le premier trait ; il est relatif aux
violences corporelles, aux voies de fait que le chrétien peut avoir quelquefois à subir, et qui sont symbolisées
ici par le soufflet, cette outrage regardé partout et toujours comme l’un des plus infamants. Que faire donc,
quand on est traité de la sorte ? - Présente lui l'autre joue. En effet, c’est vraiment le talion au rebours. La
Loi juive disait : « œil pour œil » ; la Loi chrétienne dit aussi : « Joue pour joue », mais dans un autre sens.
Et pourtant qu’a fait S. Paul rudement frappé par ordre du grand prêtre, Act. 23, 3 ; Cf. 16, 37 ? Qu’a fait
Jésus lui-même lorsqu’il fut injustement souffleté par un valet du Sanhédrin, Joan 18, 23 ? Ni l’un ni l’autre
ils n’ont tendu l’autre joue, l’un et l’autre ils ont protesté contre cet odieux traitement. Encore une fois, c’est
donc à l’esprit du précepte qu’il faut se conformer plutôt qu’à la lettre, et nous nous y conformerons
pleinement en imitant les sentiments de patience du Sauveur, « Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la
souffrance, il ne menaçait pas », 1 Petr. 2, 23 ; Cf ; Is. 50, 6.