Matthieu 5, 40

Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Saint Thomas d'Aquin
837. ET S’IL VEUT TE FAIRE UN PROCÈS (Glose Altercationis : «Faire un procès, c’est-à-dire porter plainte»), ET TE PRENDRE TA TUNIQUE, c’est-à-dire les vêtements sans valeur, LAISSE-LUI MÊME TON MANTEAU, c’est-à-dire les vêtements plus précieux ou de dessus, plutôt que de porter plainte, [surtout] frauduleusement. Et selon cela, il est interdit à tous d’engager un procès contre quelqu’un avec mauvaise foi et agressivité. C’est pourquoi, à propos de ce procès, Chrysostome dit : «Tout procès est irritation du cœur ; une fois que tu es engagé dans un procès, ta préoccupation n’est plus de voir la vérité apparaître, mais de gagner par n’importe quel moyen.» Ou bien l’exhortation peut être pour les parfaits, parce que, bien qu’il soit permis aux faibles de faire un procès contre le prochain devant un juge, du moment que c’est sans fraude, pourtant il n’est pas permis aux parfaits d’avoir un litige avec le prochain. Chrysostome [écrit] : «Celui qui aurait dû te vénérer à cause de la dignité du Fils, te juge pour les besoins du procès, et tu perds la dignité du Christ à cause des affaires du monde. C’est pourquoi on a coutume de dire ces vers :

C’est bon pour les faibles, c’est permis sans ruse, sans litige,

Et c’est permis aux supérieurs. Ce n’est pas bon pour l’anachorète :

Ce n’est pas permis que les biens soient par lui réclamés en justice.

838. Il y a trois causes qui font que les biens enlevés peuvent être réclamés par certains à la place des parfaits. Premièrement, pour la répression des méchants, Jb 29, 17 : Je brisais les crocs de l’homme inique, d’entre ses dents j’arrachais sa proie. Grégoire [écrit] : «Le souci ne doit pas seulement être qu’ils ne prennent pas nos biens, mais qu’ils ne se perdent pas eux-mêmes en volant ce qui n’est pas à eux». Deuxièmement, pour la conservation de la paix, Is 32, 17 : Le fruit de la justice sera la paix. Troisièmement, pour la consolation des pauvres, à qui ces biens temporels ont été donnés pour leur nourriture.
Louis-Claude Fillion
C’est le second trait, qui est tiré des procès, des querelles judiciaires. Plutôt y mettre du sien, en être pour ses frais, que de se laisser entraîner à des contestations qui sont la ruine de la charité fraternelle ; telle est sans figure la pensée du Sauveur dans ce verset. - Tunique, en hébreu , ketoneth, sorte de vêtement intérieur (« camsisiam », S. Jérôme) fait en lin ou en coton et que l’on portait à même le corps ; Cf. Braun, de vestitu Hebr. 2, 2. - Pour te prendre ; cet effet aura lieu qu’après la sentence du juge, puisque le cas suppose clairement un procès en règle, « appeler en jugement ». - Ton manteau ; c’était la sim’lah, grande pièce d’étoffe dans laquelle on se drapait durant le jour comme dans un manteau et qui servait la nuit de couverture. Souvent les pauvres n’avaient pas d’autre vêtement. Outre que le manteau était plus indispensable que la tunique, il était aussi d’un prix plus élevé, à cause de son ampleur. - Cicéron, de Offic. 2, 18, émet une parallèle à celle de Jésus : « Ce n’est pas seulement un beau geste de céder un peu de son droit, mais c’est souvent avantageux ».
Fulcran Vigouroux
Ta tunique, chitôn. C’est le vêtement de dessous qu’on avait coutume de porter sur la peau. ― Ton manteau, imation. Vêtement qu’on mettait par-dessus la tunique.