Matthieu 5, 7
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Dieu se plaît tellement à voir en nous ce sentiment de bienveillance pour tous nos frères, qu'il ne promet sa miséricorde qu'à ceux-là seuls qui sont miséricordieux.
La récompense paraît ici être simplement égale au mérite, mais elle lui est bien supérieure, car il n'y a point de comparaison entre la miséricorde des hommes et la miséricorde de Dieu.
Par miséricorde, il faut entendre ici celle qui non seulement se répand en aumônes, mais qui s'étend aux fautes de nos frères, et nous fait porter mutuellement les fardeaux les uns des autres.
Il proclame heureux ceux qui viennent au secours de l'infortune, et qui reçoivent en récompense la délivrance de leurs propres maux, comme il le déclare lui-même : « Parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde. »
Le mot miséricordieux veut dire qui a pour ainsi parler le coeur des malheureux, parce que l'homme miséricordieux regarde comme sienne la misère d'autrui, et s'en afflige comme si elle lui était personnelle.
La Glose
La justice et la miséricorde doivent être tellement unies ensemble, qu'elles se tempèrent mutuellement l'une par l'autre. La justice sans la miséricorde n'est que cruauté, et la miséricorde sans justice n'est que faiblesse. C'est pour cela que le Sauveur fait venir la miséricorde après la justice en disant : « Bienheureux les miséricordieux. »
C'est donc avec raison que Dieu fait miséricorde aux miséricordieux, et bien au-dessus de leurs mérites. Aussi de même que celui dont les désirs sont comblés et au delà, reçoit beaucoup plus que celui qui est simplement rassasié, ainsi la gloire des miséricordieux l'emporte sur la gloire des béatitudes précédentes.
569. De plus, note qu’il dit d’abord : HEUREUX CEUX QUI PLEURENT, car lorsqu’on est malade, on n’a pas envie de manger : on se met à avoir de l’appétit quand on commence déjà à guérir. Et il en est de même dans la vie spirituelle : quand on est dans le péché, on ne ressent pas la faim spirituelle ; mais quand on quitte le péché, on la ressent. C’est pourquoi il ajoute aussitôt : HEUREUX LES MISÉRICORDIEUX, car la justice sans miséricorde est cruauté, et la miséricorde sans justice engendre la ruine. Et c’est pourquoi il faut que les deux aillent ensemble, comme dit Pr 3, 3 : Que miséricorde et vérité ne te quittent etc. ; Ps 4, 11 : Miséricorde et vérité se sont rencontrées, etc.
570. HEUREUX LES MISÉRICORDIEUX CAR ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE. Être miséricordieux, c’est avoir un cœur qui souffre du malheur d’autrui. Nous avons miséricorde du malheur d’autrui quand nous considérons ce malheur comme si c’était le nôtre. Nous souffrons de notre malheur, et nous nous appliquons passionnément à le chasser. Tu es donc vraiment miséricordieux quand tu t’appliques passionnément à chasser le malheur d’autrui.
571. Le malheur du prochain est de deux sortes : le premier dans les choses temporelles, et pour ce malheur-là nous devons avoir un cœur qui souffre. 1 Jn 3, 17 : Celui qui possède les biens de ce monde et voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Le deuxième malheur [est] celui qui rend malheureux par le péché, car de même que le bonheur est dans les œuvres vertueuses, de même le malheur au sens propre est dans les vices. Pr 13, 34 : Le péché rend les peuples misérables. C’est pourquoi, quand nous exhortons ceux qui tombent à revenir, nous sommes miséricordieux. Mt 9, 36 : Jésus voyant les foules fut ému de compassion. Donc HEUREUX ces MISÉRICORDIEUX. Et pourquoi ? CAR ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE.
572. Et il faut savoir que toujours les dons de Dieu dépassent nos mérites. Si 35, 10 : Car le Seigneur paie de retour, il te rendra au septuple. La miséricorde que le Seigneur dépense pour nous est donc beaucoup plus grande que celle que nous dépensons pour le prochain. Cette miséricorde commence dans cette vie de deux façons : premièrement parce que les péchés sont acquittés, Ps 102, 3 : Lui qui pardonne toutes tes iniquités. Deuxièmement, parce qu’il supprime les défauts temporels, de même qu’il fait lever son soleil. Mais ce [ne] sera achevé [que] dans le futur, quand tout disparaîtra, malheur, fautes, peines… Ps 35, 6 : Seigneur, dans le ciel est ta miséricorde. Ainsi, ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE.
573. Cette béatitude se rapporte au don de conseil, car c’est une sagesse unique en son genre de suivre la miséricorde au milieu des dangers de ce monde. 1 Tm 4, 8 : La piété est utile pour tout ; Dn 4, 24 : Que mon conseil plaise au roi.
574. C’est donc ainsi qu’ont été présentés les actes vertueux par lesquels nous nous éloignons du mal et réalisons le bien.
575. Maintenant sont présentés les actes par lesquels nous nous disposons à ce qui est meilleur. Ainsi, HEUREUX LES CŒURS PURS, etc.
576. Cette béatitude consiste en deux choses : la vision de Dieu et l’amour du prochain. C’est pourquoi [le Seigneur] aborde en premier lieu la béatitude qui va avec la vision de Dieu, et, en second lieu, la béatitude qui va avec l’amour du prochain, en cet endroit : HEUREUX LES FAISEURS DE PAIX, etc.
570. HEUREUX LES MISÉRICORDIEUX CAR ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE. Être miséricordieux, c’est avoir un cœur qui souffre du malheur d’autrui. Nous avons miséricorde du malheur d’autrui quand nous considérons ce malheur comme si c’était le nôtre. Nous souffrons de notre malheur, et nous nous appliquons passionnément à le chasser. Tu es donc vraiment miséricordieux quand tu t’appliques passionnément à chasser le malheur d’autrui.
571. Le malheur du prochain est de deux sortes : le premier dans les choses temporelles, et pour ce malheur-là nous devons avoir un cœur qui souffre. 1 Jn 3, 17 : Celui qui possède les biens de ce monde et voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Le deuxième malheur [est] celui qui rend malheureux par le péché, car de même que le bonheur est dans les œuvres vertueuses, de même le malheur au sens propre est dans les vices. Pr 13, 34 : Le péché rend les peuples misérables. C’est pourquoi, quand nous exhortons ceux qui tombent à revenir, nous sommes miséricordieux. Mt 9, 36 : Jésus voyant les foules fut ému de compassion. Donc HEUREUX ces MISÉRICORDIEUX. Et pourquoi ? CAR ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE.
572. Et il faut savoir que toujours les dons de Dieu dépassent nos mérites. Si 35, 10 : Car le Seigneur paie de retour, il te rendra au septuple. La miséricorde que le Seigneur dépense pour nous est donc beaucoup plus grande que celle que nous dépensons pour le prochain. Cette miséricorde commence dans cette vie de deux façons : premièrement parce que les péchés sont acquittés, Ps 102, 3 : Lui qui pardonne toutes tes iniquités. Deuxièmement, parce qu’il supprime les défauts temporels, de même qu’il fait lever son soleil. Mais ce [ne] sera achevé [que] dans le futur, quand tout disparaîtra, malheur, fautes, peines… Ps 35, 6 : Seigneur, dans le ciel est ta miséricorde. Ainsi, ILS OBTIENDRONT MISÉRICORDE.
573. Cette béatitude se rapporte au don de conseil, car c’est une sagesse unique en son genre de suivre la miséricorde au milieu des dangers de ce monde. 1 Tm 4, 8 : La piété est utile pour tout ; Dn 4, 24 : Que mon conseil plaise au roi.
574. C’est donc ainsi qu’ont été présentés les actes vertueux par lesquels nous nous éloignons du mal et réalisons le bien.
575. Maintenant sont présentés les actes par lesquels nous nous disposons à ce qui est meilleur. Ainsi, HEUREUX LES CŒURS PURS, etc.
576. Cette béatitude consiste en deux choses : la vision de Dieu et l’amour du prochain. C’est pourquoi [le Seigneur] aborde en premier lieu la béatitude qui va avec la vision de Dieu, et, en second lieu, la béatitude qui va avec l’amour du prochain, en cet endroit : HEUREUX LES FAISEURS DE PAIX, etc.
Les miséricordieux, non pas assurément ceux qui n’ont pour le prochain qu’une compassion
sentimentale et sans réalité, mais ceux qui, regardant les maux d’autrui comme les leurs, travaillent par toutes
sortes de moyens à les adoucir. Il faut donc étendre le plus possible le sens de cet adjectif, selon la gracieuse
étymologie que lui attribue S. Augustin, « donner son cœur au miséreux », selon la définition non moins
gracieuse qu’en donne Bossuet, « être tendre à la misère d’autrui », et ne pas le restreindre à l’aumône avec
S. Grégoire de Nazianze et S. Léon. Ce sont en quelque sorte les âmes douces du v. 5 qui, après s’être tenues
sur la défensive, ont pris hardiment l’offensive, mais afin de rendre le bien pour le mal. Les doux supportent
patiemment les injustices du monde ; les miséricordieux attaquent vaillamment ses souffrances pour les faire
disparaître. - Ils obtiendront miséricorde, en obtenant le salut messianique qui est le plus grand acte de la
miséricorde divine. « Un châtiment bénin », dit Bengel, Gnomon in h. l. Nous trouverons plus loin, 18, 23 et
ss., le développement de l’idée opposée, sous la forme d’une admirable parabole.
« Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Le plus bel effet de la charité, c’est d’être touché des maux d’autrui. Ceux qui sont inflexibles, insensibles, sans tendresse, sans pitié, sont dignes de trouver sur eux un ciel d’airain, qui n’ait ni pluie ni rosée. Au contraire, ceux qui sont tendres à la misère d’autrui auront part aux grâces de Dieu et à sa miséricorde ; il leur sera pardonné comme ils auront pardonné aux autres ; il leur sera donné comme ils auront donné aux autres ; ils recevront selon la mesure dont ils se seront servi envers leurs frères ; c’est Jésus-Christ qui le dit ; et autant qu’ils auront eu de compassion, autant Dieu en aura-t-il pour eux-mêmes. » (BOSSUET.)
Toutes les Écritures (la Loi, les Prophètes et les Psaumes) sont accomplies dans le Christ (cf. Lc 24, 44). L’Evangile est cette " Bonne nouvelle ". Sa première annonce est résumée par S. Matthieu dans le Sermon sur la montagne (cf. Mt 5-7). Or la prière à Notre Père est au centre de cette annonce. C’est dans ce contexte que s’éclaire chaque demande de la prière léguée par le Seigneur :