Matthieu 6, 2

Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.

Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Saint Thomas d'Aquin
864. Voici la seconde partie, dans laquelle [Jésus] écarte d’une manière spéciale la recherche de la faveur des hommes pour les bonnes œuvres. Ainsi, Augustin [écrit] dans la Glose : «Du tout il passe aux parties.» Or, il existe principalement trois bonnes œuvres : l’aumône, la prière et le jeûne. L’aumône, contre la concupiscence des yeux ; la prière, contre l’orgueil de la vie ; le jeûne, contre la concupiscence de la chair. La première concerne le prochain ; la seconde, Dieu ; la troisième, soi-même.

865. [Jésus] écarte donc en premier lieu la recherche de la faveur des hommes par l’aumône [6, 2s] ; en second lieu, par la prière, en cet endroit : LORSQUE VOUS PRIEZ, etc. [6, 5s] ; en troisième lieu, par le jeûne, en cet endroit : LORSQUE VOUS JEÛNEZ, etc. [6, 16s].

866. Dans la première partie, [Jésus] dit quatre choses : premièrement, il présente l’exclusion de la faveur [6, 2] ; deuxièmement, la raison de [cette exclusion], en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, ILS ONT DÉJÀ REÇU LEUR RÉCOMPENSE [6, 2] ; troisièmement, la manière et la discrétion dans le don, en cet endroit : POUR TOI, QUAND TU [FAIS L’AUMÔNE] [6, 4] ; quatrièmement, la promesse faite à celui qui donne : TON PÈRE, QUI VOIT DANS LE SECRET, TE LE RENDRA [6, 4].

867. [Jésus] dit donc : QUAND DONC TU FAIS L’AUMÔNE [6, 2], c’est-à-dire des œuvres de miséricorde, NE LE CLAIRONNE PAS DEVANT TOI. Au sens littéral, selon Anselme, peut-être sonnaient-ils le cor pour que tous viennent au spectacle lorsqu’ils faisaient l’aumône. Ou bien sonner le cor, c’est rechercher la pompe de la vaine gloire. Ainsi Raban [écrit] : «Celui-là sonne le cor qui veut être louangé devant les autres.» Ou bien, comme le dit Chrysostome : «Le cor est tout acte ou toute parole par lesquels est indiquée la vanité dans le comportement. Et ainsi, même le fait de cacher est parfois un cor.» COMME LE FONT LES HYPOCRITES. «Est hypocrite, comme le dit Augustin, celui qui simule ce qui n’existe pas.» [Le mot] vient de hypo, c’est-à-dire «sous» ou «au-dessous», et crisis, «doré», comme s’il était doré à l’extérieur et fangeux à l’intérieur. DANS LES SYNAGOGUES, afin d’être vus par les sages, ET DANS LES BOURGS, afin d’être vus par la foule. Et par cela est désignée leur vaine intention. AFIN D’ÊTRE HONORÉS PAR LES HOMMES, c’est-à-dire dans le but que les hommes les honorent. Voici la recherche de la vaine pompe. Chrysostome [écrit] : «L’aumône qui est vue par les hommes ne déplaît pas à Dieu, mais celle qui est faite afin d’être vue par les hommes.» EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, ILS ONT REÇU LEUR RÉCOMPENSE [6, 2]. La Glose [dit] : «À savoir, que leur récompense est la louange humaine.»
Louis-Claude Fillion
Donc..., puisqu’il en est vraiment ainsi, puisqu’il n’y a pas de récompense céleste à espérer quand on n’est vertueux que pour soi. - L'aumône. Cet important devoir de la vie religieuse à l’égard du prochain, ce devoir qui est si fréquemment et si fortement inculqué à chaque page de l’Ancien Testament, à chaque page du Talmud, appelait des premiers l’attention du Messie. Jésus indique dans ce verset la manière dont on ne doit pas l’accomplir. - Ne sonne pas de la trompette. Faut-il prendre ces mots à la lettre, ainsi que l’ont fait de nombreux commentateurs, et croire que les Pharisiens avaient réellement coutume de faire annoncer leurs aumônes à son de trompe, comme des charlatans qui veulent attirer au loin l’attention ? En soi cette opinion n’a rien d’improbable, car nous verrons l’école pharisaïque inventer des pratiques plus absurdes et plus immorales ; néanmoins, comme il n’existe dans les écrits juifs aucune trace de cette manière de faire, il vaut peut-être mieux admettre à la suite de S. Jean Chrysostôme et de la plupart des exégètes que c’est là seulement une métaphore énergique, choisie à dessein par Notre-Seigneur pour peindre au vif la manière bruyante avec laquelle certaines gens faisaient l’aumône. « Il dit cela non parce qu’ils avaient des trompettes mais pour montrer leur grande folie. Par cette métaphore, il se moque d’eux et les dénonce », S. Jean Chrysost., Hom. in h.l. Cette figure existe du reste dans presque toutes les langues : au grec correspond le « strombettare » italien, le « ausposaunen » allemand, le « to trompet » anglais, etc. Comp. La phrase cicéronienne : « Sois, toi, le panégyriste ou la trompette de ma gloire ! », Cic. ad Div. 16, 21. - Devant toi : avec ironie ; devant toi, ce saint homme, ce bienfaiteur généreux de l’humanité. - Comme font les hypocrites. Un hypocrite est un homme qui « répond », mais sur la scène affublé d’un masque, en jouant par conséquent un rôle qui n’est pas proprement le sien ; de là le sens odieux qu’a pris peu à peu cette expression. On devine que c’est aux Pharisiens que Jésus l’applique en cet endroit, quoiqu’il ne les nomme pas directement ; plus tard, il ne se gênera point pour la leur jeter en plein visage. - Dans les synagogues : là comme dans nos églises on faisait des quêtes au profit des pauvres ; ou bien les mendiants choisissaient volontiers ces lieux de prière pour y implorer la pitié de leurs frères, sachant bien que l’homme est toujours plus disposé à la charité quand il vient de remplir ses devoirs religieux. - Dans les rues, c’est-à-dire dans les endroits des villes où les passants affluent, par exemple les places publiques, les carrefours. - Ils ont reçu leur récompense ; « à vains désirs, vaine récompense », ajoute S. Augustin, les applaudissements sonores mais passagers qu’ils recherchaient. « Ce qui est montré à l’extérieur est privé de toute récompense à l’intérieur. », S. Grégoire, Hom. 12 in Evang.
Catéchisme de l'Église catholique
Dans le prophète Isaïe on trouve l’expression " Dieu de vérité ", littéralement " Dieu de l’Amen ", c’est-à-dire le Dieu fidèle à ses promesses : " Quiconque voudra être béni sur terre voudra être béni par le Dieu de l’Amen " (Is 65, 16). Notre Seigneur emploie souvent le terme " Amen " (cf. Mt 6, 2. 5. 16), parfois sous forme redoublée (cf. Jn 5, 19), pour souligner la fiabilité de son enseignement, son Autorité fondée sur la Vérité de Dieu.

Une intention bonne (par exemple : aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens. Ainsi ne peut-on pas justifier la condamnation d’un innocent comme un moyen légitime de sauver le peuple. Par contre, une intention mauvaise surajoutée (ainsi la vaine gloire) rend mauvais un acte qui, de soi, peut être bon (comme l’aumône ; cf. Mt 6, 2-4).