Matthieu 6, 5

Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.

Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Saint Thomas d'Aquin
880. ET QUAND VOUS PRIEZ, NE SOYEZ PAS COMME LES HYPOCRITES. [Jésus] écarte ici, en second lieu, la recherche de la faveur humaine par la prière, et il s’y trouve trois choses. Premièrement, il écarte la recherche de la faveur humaine [6, 5] ; deuxièmement, il enseigne la manière de prier, en cet endroit : POUR TOI, QUAND TU PRIES [6, 6] ; troisièmement, il ajoute un modèle approprié de prière, en cet endroit : VOUS PRIEREZ DONC AINSI [6, 9].

881. Le premier élément contient trois choses. Premièrement, [le Seigneur] écarte de la prière l’ostentation des hypocrites [6, 5] ; deuxièmement, le genre et le but de l’ostentation, en cet endroit : ILS AIMENT POUR PRIER SE CAMPER DANS LES SYNAGOGUES ET LES CARREFOURS [6, 5] ; troisièmement, il ajoute leur condamnation, en cet endroit : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, ILS ONT REÇU LEUR RÉCOMPENSE [6, 5].

882. [Jésus] dit donc : QUAND VOUS PRIEZ, à savoir, par la disposition de votre esprit. Mais ici se présente une question à propos de la lettre : pourquoi [Jésus] n’a-t-il pas dit : «Lorsque tu pries (au singulier, comme auparavant) et lorsque tu fais, etc. ?» Il dit : LORSQUE VOUS PRIEZ, au pluriel, parce qu’il revient à tous de prier, car, pour le faire, aucune chose temporelle n’est requise, mais seulement l’intention du cœur ; mais il ne revient pas à tous de faire l’aumône. Ou bien il faut dire que la prière se fait de deux manières : en commun, comme [c’est le cas] au chœur, et de manière solitaire, etc.

883. NE SOYEZ PAS COMME LES HYPOCRITES, qui brillent à l’extérieur et empestent à l’intérieur, plus loin, 23, 27. ILS AIMENT. Mais on se demande pourquoi [Jésus] ne dit pas : «Ils prient.» La réponse de Chrysostome [est] qu’ «ils ne prient pas vraiment, mais aiment paraître prier». À ce propos, on se demande pourquoi [Jésus] n’a pas parlé de l’aumône de la même façon. La réponse [est] que, bien qu’ils fassent l’aumône dans une mauvaise intention, ils donnent quand même quelque chose. DANS LES SYNAGOGUES, où se réunissent les sages pour prier afin d’être vus. SE CAMPENT : [Jésus] dit cela parce que c’est la coutume des Juifs de prier en se tenant debout, car ils ont reçu la loi debout, Ex 19, 17 : Ils se tinrent debout au pied de la montagne, etc. ET DANS LES CARREFOURS, ajoutez : «Ils aiment prier.» Chrysostome [écrit] : «Ils essaient de se cacher afin d’être doublement louangés : d’abord, parce qu’ils prient ; deuxièmement, parce qu’ils prient secrètement.» AFIN D’ÊTRE VUS PAR LES HOMMES. Voici l’intention vaine. Chrysostome [écrit] : «Ils ne cherchent pas à être exaucés, mais paraître l’être. Quelle folie que la vanité ! Ils ne veulent pas être ce qu’ils désirent paraître : ils prient dans le mensonge, alors qu’ils ne prient pas ; et ils sont louangés dans le mensonge, alors qu’ils ne sont pas dignes de louanges. Ils vendent une forme vide de religion, et ils achètent la parole vide de la louange. Quand ils ont fini de parler, le bien qu’ils se proposaient en parlant disparaît.» [Jésus] ajoute donc à juste titre : EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, comme s’il disait : «Tenez pour certain.» ILS ONT REÇU LEUR RÉCOMPENSE. La Glose [dit] : «La louange humaine, mais ils ont reçu de moi une peine éternelle.»
Louis-Claude Fillion
De l’aumône, Jésus passe à la prière qui est le grand devoir de la vie religieuse envers Dieu, et il signale deux graves défauts qu’il y faut éviter. - Ne soyez pas comme les hypocrites... C’est le premier défaut, qui consiste dans une ostentation pleine d’hypocrisie ; il est, en effet, des hommes qui aiment à faire parade de leurs dévotions comme de leurs aumônes. Le Sauveur les stigmatise par un portrait qui ne laisse pas d’être caustique dans sa simplicité. On croirait voir ces Pharisiens à la piété tout extérieure, drapés dans leur manteau de prière qui se distinguait par ses larges franges, portant au front et au bras leurs phylactères, debout à l’endroit le plus apparent des synagogues, ou même aux coins des places publiques, c’est-à-dire à l’intersection des places et des rues, car ils ont fait en sorte de se laisser surprendre aux heures de la prière dans les passages les plus fréquentés. - Pour être vus des hommes ; leur but n’en sera donc que mieux atteint. Les voilà tournés du côté du temple, affectant une modestie exagérée, murmurant quelques versets des Psaumes. Les passants les regardent et se disent entre eux : « ce sont des hommes saints ! ». Ils ont reçu leur récompense : après tout ils n’en désiraient pas d’autre. - Debouts : c’était l’usage des Juifs de prier debout ; Cf. 1 Reg. 1, 26 ; 3 Reg. 8, 2 ; Marc. 11, 25 ; Luc. 18, 11. Parfois cependant ils priaient aussi à genoux ou prosternés. Les « orantes » des catacombes sont fréquemment représentés debout, les bras étendus.
Fulcran Vigouroux
Les Juifs priaient ordinairement debout ; mais cet usage n’était point général, tantôt ils se tenaient à genoux, et tantôt ils se prosternaient le visage contre terre.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Christ Jésus a toujours fait ce qui plaisait au Père (cf. Jn 8, 29). Il a toujours vécu en parfaite communion avec Lui. De même ses disciples sont-ils invités à vivre sous le regard du Père " qui voit dans le secret " (cf. Mt 6) pour devenir " parfaits comme le Père céleste est parfait " (Mt 5, 47).