Matthieu 8, 14

Comme Jésus entrait chez Pierre, dans sa maison, il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre.

Comme Jésus entrait chez Pierre, dans sa maison, il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre.
Saint Thomas d'Aquin
1055. ET LORSQUE JÉSUS FUT ARRIVÉ DANS LA MAISON DE SIMON PIERRE, etc. La puissance du Christ a été mise en évidence par la guérison du lépreux ; elle a aussi été mise en évidence par la guérison du serviteur du centurion. Ici, elle est mise en évidence par une guérison totale. [Matthieu] décrit donc, en premier lieu, le lieu de la guérison [8, 14] ; en deuxième lieu, le genre d’infirmité ; en troisième lieu, il déclare l’aide apportée par le Christ ; en quatrième lieu, l’effet de la guérison.

1056. [Matthieu] dit donc : ET LORSQU’IL FUT ARRIVÉ, etc. L’évangéliste ne précise pas quand cela se produisit ; même Luc et Marc passent à autre chose. Mais il faut savoir que, là où les évangélistes indiquent un état ou quelque chose se rapportant à l’ordre, c’est un signe qui se rapporte à la continuation de l’histoire ; là où [ils n’en indiquent pas], c’est un signe qui se rapporte à la continuation de la mémoire. Ainsi, ils écrivaient comme ils se rappelaient.

1057. [Jésus] vient DANS LA MAISON DE PIERRE. Et nous pouvons considérer trois choses : l’honneur qu’il fait à ses disciples, car il n’a pas voulu aller à la maison du centurion, mais il se rendit à la maison d’un pauvre pêcheur, selon Ps 138[139], 17 : Dieu, tes amis ont été par trop honorés. De même, il enseigne l’humilité, car rien ne plaît davantage au Seigneur, Jc 1, 21 : Recevez la parole qui peut sauver vos âmes avec douceur, etc. Troisièmement, par là est montré le respect que le Seigneur avait pour Pierre, car il prit l’initiative, même si Pierre ne l’avait pas demandé. IL VIT SA BELLE-MÈRE. Il vit par l’œil de l’esprit, Ex 3, 7 : J’ai vu l’affliction de mon peuple en Égypte. LA BELLE-MÈRE DE PIERRE. On peut entendre par cela la synagogue : [Celui qui a agi] en Pierre pour en faire l’apôtre de la circoncision, à savoir, des Juifs, a également agi en moi en faveur des nations, Ga 2, 8. Celle-ci, c’est-à-dire la synagogue, AVAIT LA FIÈVRE, à savoir, la fièvre de l’envie. Ou bien par cette belle-mère, on entend l’âme qui brûle du feu de la concupiscence.
Louis-Claude Fillion
A partir de cet endroit, S. Matthieu abandonne pendant quelques temps l’ordre véritable des faits pour suivre un enchaînement purement logique. D’après les récits parallèles de S. Marc et de S. Luc, réglés ici suivant l’ordre chronologique, la guérison de la belle-mère de S. Pierre eut lieu peu de temps après l’installation de Jésus-Christ à Capharnaüm, à une date antérieure à celle du Sermon sur la Montagne. Sa vraie place semblerait être à la suite du v. 22 du chap. 4. S. Jean Chrysostôme et S. Augustin notaient déjà que le mérite de la plus grande exactitude revient ici au second Évangile. - Dans la maison de Pierre. Cette maison a beaucoup embarrassé certains exégètes, d’abord parce qu’à cette époque S. Pierre avait renoncé à tout pour suivre Jésus, Luc. 5, 11 ; en second lieu parce que S. Jean l’Évangéliste paraît fixer à Bethsaïda et non à Capharnaüm la résidence du prince des Apôtres. La première difficulté n’est pas sérieuse : le renoncement de Saint Pierre était complet bien qu’il eût conservé la possession de sa maison, parce qu’il usait de ses biens comme n’en usant pas, et qu’au moindre signe de son Maître, il quittait tout pour l’accompagner dans ses pénibles missions. Il n’avait pas fait vœu de pauvreté dans le sens strict de cette expression. On répond à la seconde difficulté en disant que la note du quatrième évangéliste « à Bethsaida, ville d'André et de Pierre », n’implique nullement qu’ils demeurassent alors dans ce bourg. Ils étaient originaires de Bethsaïda, mais ils avaient pu se fixer, probablement après le mariage de S. Pierre, dans la cité voisine de Capharnaüm dans l’intérêt de leur industrie. - Sa belle-mère. Indépendamment de la tradition et de ce passage, nous savons encore par le témoignage de S. Paul, 1 Cor. 9, 5, que le chef du corps apostolique avait été marié. Sa belle-mère aurait porté le nom de Cornélie selon les uns, Clem. Alex. Strom. 7, de Perpétue selon les autres. Il est question de sa fille Pétronille au Martyrologe Romain (31 mai ; Cf. les « Acta sanctorum »). - Qui était couchée le mot grec désigne vraisemblablement, comme plus haut, v. 6, un accès subit et violent ; autrement Jésus, qui était déjà depuis quelque temps à Capharnaüm, l’aurait sans doute guérie plus tôt. - Et est explicatif et introduit le motif pour lequel la belle-mère de S. Pierre était alitée. - Avait la fièvre, « était oppressée par une forte fièvre », dit S. Luc avec sa précision toute médicale.