Matthieu 8, 15

Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta. Elle se leva, et elle le servait.

Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta. Elle se leva, et elle le servait.
Saint Hilaire de Poitiers
Ou bien enfin on peut voir dans la belle-mère de Pierre le vice pernicieux de l'infidélité, auquel se trouve toujours jointe la liberté de la volonté, et qui nous attache à lui comme par les liens les plus étroits. Mais aussitôt que le Seigneur entre dans la maison de Pierre c'est-à-dire dans notre corps, il guérit cette infidélité toute brûlante des ardeurs du péché, et débarrassée de l'accablante domination des vices, elle consacre la santé qu'elle recouvre au service du Seigneur.
Saint Jean Chrysostome
Mais pourquoi Jésus entra-t-il dans la maison de Pierre ? Je pense que c'était pour prendre quelque nourriture, comme paraissent l'indiquer les paroles suivantes : « Elle se leva et elle les servait. » Jésus s'arrêtait ainsi chez ses disciples pour leur faire honneur et rendre plus vif le désir qu'ils avaient de le suivre. Considérez ici le respect de Pierre pour Jésus-Christ, quoique sa belle-mère fût malade de la fièvre, il n'entraîna pas Jésus dans sa maison, mais il attendit qu'il eût terminé ses divines leçons et qu'il eût guéri les autres malades, car il avait appris dès le commencement à faire céder ses intérêts à ceux des autres. Aussi n'est-ce pas lui qui amène le Christ, mais le Christ qui vient de lui-même après ces paroles du centurion : « Je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison, » montrant ainsi toute sa bonté pour son disciple. Il ne dédaigne pas d'entrer sous le pauvre toit d'un pêcheur, pour nous apprendre à fouler aux pieds en toute circonstance l'orgueil et la vanité. Remarquez aussi que tantôt il guérit par sa seule parole, tantôt il étend simultanément la main ; c'est ce qu'il fait ici : « Et il lui toucha la main. » Il ne voulut pas toujours faire des miracles extraordinaires, et il était nécessaire de voiler quelquefois sa divinité. En touchant le corps de cette femme, non-seulement il fit cesser la fièvre, mais encore il lui rendit tout à fait la santé. Cette maladie n'étant point naturellement incurable, il manifestait sa puissance par la manière dont il la guérissait, en faisant ce que la science de la médecine ne pouvait faire, c'est-à-dire en rendant aussitôt à cette femme une santé parfaite ; c'est ce que l'Évangéliste veut nous exprimer en disant : « Elle se leva et elle les servait. »
Saint Jérôme
Nous éprouvons ordinairement après la fièvre un surcroît de lassitude, et dans les commencements de la convalescence nous ressentons encore les douleurs de la maladie. Mais la santé que rend le Seigneur revient tout entière en un moment. L'auteur sacré nous fait remarquer qu'elle se leva et qu'elle le servait : c'est une preuve tout à la fois de la puissance de Jésus-Christ et des dispositions de cette femme à son égard.
Saint Augustin
A quel temps cette guérison a-t-elle eu lieu ? avant ou après quel événement ? Saint Matthieu ne le dit pas, car rien n'oblige à la placer après le récit qui la précède immédiatement. Toutefois saint Matthieu paraît raconter ici ce qu'il avait omis précédemment. En effet, saint Marc raconte cette guérison avant celle du lépreux, qu'il paraît placer après le sermon sur la montagne (dont cependant il ne parle pas). Saint Luc de son côté place la guérison de la belle-mère de Pierre après le même événement que saint Marc, et avant un discours fort long qui paraît être le même que saint Matthieu fait tenir à Jésus sur la montagne. Mais qu'importe la place qu'occupent les faits, ou l'ordre dans lequel ils sont présentés ? Qu'importe qu'un évangéliste raconte un fait qu'il avait omis précédemment, ou qu'il en fasse une narration anticipée, pourvu que ce fait ainsi placé ne contredise en rien d'autres faits racontés par lui ou par un autre ? Il n'est personne qui puisse raconter dans l'ordre où elles se sont passées, les choses qui lui sont le plus connues. Il est donc probable que chaque Évangéliste a cru devoir raconter les événements suivant l'ordre dans lequel Dieu les présentait à son souvenir. Aussi, lorsque la suite chronologique des faits ne nous paraît pas clairement marquée, nous ne devons pas nous préoccuper de l'ordre que chaque Évangéliste a cru devoir adopter dans son récit.
Saint Rémi
Ou bien encore, par la belle-mère de Pierre, on peut entendre la loi, qui, selon l'Apôtre (Rm 8), était affaiblie par la chair, c'est-à-dire par le sens charnel qu'on lui donnait. Mais lorsque le Seigneur se fut rendu visible au milieu de la synagogue par le mystère de son incarnation, et qu'il eut fait voir dans ses oeuvres l'accomplissement de la loi, en même temps qu'il en donnait l'intelligence spirituelle, elle reçut bientôt tant de force de cette union avec la grâce de l'Évangile, qu'après avoir été un instrument de mort et de châtiment, elle devint comme le ministre de la vie et de la grâce (2 Cor 3, 9).
Saint Bède le Vénérable
Dans le sens mystique, la maison de Pierre figure la loi ou la circoncision ; sa belle-mère est la figure de la synagogue, qui est en quelque sorte la mère de l'Église confiée à Pierre. C'est elle qui est malade de la fièvre, de cette fièvre de jalousie dont elle brûlait en persécutant l'Église. Le Seigneur lui touche la main, en changeant ses oeuvres charnelles et en leur donnant une direction toute spirituelle.
Rabanus Maurus
Après avoir montré dans ce lépreux la guérison du genre humain tout entier, et dans le serviteur du centenier celle des Gentils, par une suite naturelle, saint Matthieu nous montre dans la belle-mère de Pierre la guérison de la synagogue. Le Sauveur a commencé par la guérison du serviteur, parce que la conversion des Gentils a été à la fois un plus grand miracle et une grâce plus signalée, ou parce que ce n'est qu'à la fin des siècles après que la plénitude des nations sera entrée dans l'Église, que la synagogue se convertira tout entière (cf. Rm 11, 24-26). Or, la maison de Pierre était dans Bethsaïde.

Ou bien encore, toute âme qui est en lutte avec les passions de la chair, est comme travaillée par la fièvre ; mais à peine a-t-elle été touchée par la main de la miséricorde divine, elle recouvre la santé, elle réprime les désirs licencieux de la chair, et fait servir à la justice les membres qu'elle avait consacrés à l'impureté.
Saint Thomas d'Aquin
1058. IL LUI TOUCHA LA MAIN. Ici, [Matthieu] aborde la guérison. Chrysostome se demande pourquoi [Jésus] guérit le serviteur du centurion par la seule parole, et celle-ci en la touchant. Et il répond que c’est en raison de la familiarité. Par là, [Jésus] montrait aussi son humilité. Ainsi, il apporta son aide en touchant, Ps 72[73], 23 : Tu as tenu ma main droite. Vient ensuite : ELLE SE LEVA. D’habitude, ceux qui ont de la fièvre, lorsqu’ils commencent à être guéris, sont plus faibles que durant leur maladie. Mais telle ne fut pas la guérison par le Seigneur ; bien plus, il rendit la pleine santé, car les œuvres de Dieu sont parfaites, Dt 32, 4. En effet, le Seigneur guérit d’une façon, la nature d’une autre. On poursuit donc : ET ELLE SERVAIT.
Louis-Claude Fillion
« Et s’approchant, il la souleva, l’ayant prise par la main », dira S. Marc La guérison fut instantanée et si radicale, ajoutent de concert les trois évangélistes, que la malade put non seulement se lever, mais encore servir à table son hôte distingué, lui témoignant de la sorte sa reconnaissance. Les médecins ordinaires ne produisent pas de cures aussi merveilleuses ! « La nature humaine est ainsi faite que les corps sont plus affaiblis quand la fièvre les a quittés ; et qu’on ressent les maux de la maladie quand on recommence à recouvrer la santé. Mais la santé accordée par le Seigneur est restituée en totalité et instantanément », S. Jérôme, Comm. in h. l. S. Jean Chrysostôme raisonne de la même manière : « Le Christ met en fuite les maladies en ramenant sur-le-champ la vigueur antérieure ; quand c’est la médecine qui guérit, l’affaiblissement causé par la maladie demeure ; mais quand c’est la vertu qui guérit, l’épuisement de l’organisme ne laisse aucune trace », Hom. 18. - Les servait. La leçon « le servait » est favorisée par de nombreux manuscrits.
Pape Francois
36. Lorsqu’Il guérit une personne, Il préfère s’en approcher : Jésus « étendit la main et le toucha » ( Mt 8, 3). « Il lui toucha la main » ( Mt 8,15). « Il leur toucha les yeux » ( Mt 9, 29). Il s’arrête même pour guérir des malades avec sa propre salive (cf. Mc 7, 33), comme une mère, afin qu’ils ne le sentent pas étranger à leur vie. « Le Seigneur connaît la belle science des caresses. La tendresse de Dieu ne nous aime pas avec des mots. Il s’approche de nous et, proche de nous, Il nous donne son amour avec toute la tendresse possible ».