Matthieu 8, 2
Et voici qu’un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. »
Et voici qu’un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. »
1025. Deuxièmement, la personne du malade est présentée, et deux choses sont exposées : premièrement, la maladie est montrée ; deuxièmement, l’empressement est exprimé. La maladie, car [le malade] était lépreux ; et ceci signifie les maladies spirituelles. En effet, certaines maladies sont cachées au-dedans, comme les fièvres ; mais certaines, même si elles viennent de l’intérieur, montrent leurs effets à l’extérieur, comme la lèpre. Celui-là est donc lépreux dont la volonté mauvaise est manifestée par un acte mauvais, Is 53, 4 : Et nous, nous l’avons considéré comme un lépreux. Mais une question se pose, car, dans Luc, on trouve que, lorsqu’il vint à Capharnaüm, il purifia un lépreux. Il faut dire que Matthieu suit l’histoire, car, alors que [Jésus] se rendait à Capharnaüm, un lépreux se présenta en chemin.
1026. Ensuite, vient l’empressement [du lépreux], car d’abord, il vint, et, en second lieu, il adora. [Matthieu] dit donc : VOICI QU’UN LÉPREUX. Le pécheur s’approche ainsi par la foi, mais il adore par l’humilité, Ps 33[34], 19 : Dieu sauvera les humbles d’esprit. De même, il confesse la puissance du Christ, lorsqu’il dit : SEIGNEUR, SI TU LE VEUX, TU PEUX ME PURIFIER. Aussi l’appelle-t-il : SEIGNEUR. S’il est le Seigneur, il peut sauver, selon Ps 99[100], 3 : Sachez que le Seigneur est Dieu. De même, il eut confiance dans la miséricorde de Dieu. Il n’est pas nécessaire de demander à celui qui est miséricordieux, mais seulement de lui montrer son indigence. Ainsi, [le lépreux dit] : SEIGNEUR, SI TU LE VEUX, TU PEUX ME PURIFIER. C’est pourquoi Ps 37[38], 10 [dit] : Seigneur, à tes yeux s’exprime tout mon désir et mon gémissement ne t’est pas caché. De même, il montre la sagesse du Christ, puisqu’il ne demande que sa volonté, car [le Christ] sait mieux que toi-même ce dont tu as besoin. C’est pourquoi [le lépreux] s’en remet à la sagesse du Christ.
1026. Ensuite, vient l’empressement [du lépreux], car d’abord, il vint, et, en second lieu, il adora. [Matthieu] dit donc : VOICI QU’UN LÉPREUX. Le pécheur s’approche ainsi par la foi, mais il adore par l’humilité, Ps 33[34], 19 : Dieu sauvera les humbles d’esprit. De même, il confesse la puissance du Christ, lorsqu’il dit : SEIGNEUR, SI TU LE VEUX, TU PEUX ME PURIFIER. Aussi l’appelle-t-il : SEIGNEUR. S’il est le Seigneur, il peut sauver, selon Ps 99[100], 3 : Sachez que le Seigneur est Dieu. De même, il eut confiance dans la miséricorde de Dieu. Il n’est pas nécessaire de demander à celui qui est miséricordieux, mais seulement de lui montrer son indigence. Ainsi, [le lépreux dit] : SEIGNEUR, SI TU LE VEUX, TU PEUX ME PURIFIER. C’est pourquoi Ps 37[38], 10 [dit] : Seigneur, à tes yeux s’exprime tout mon désir et mon gémissement ne t’est pas caché. De même, il montre la sagesse du Christ, puisqu’il ne demande que sa volonté, car [le Christ] sait mieux que toi-même ce dont tu as besoin. C’est pourquoi [le lépreux] s’en remet à la sagesse du Christ.
Et voici : c’est la transition favorite et pittoresque de S. Matthieu, pour
signifier « tout-à-coup ». S. Luc suppose que le miracle eut lieu dans une ville, qu’il ne nomme pas, « Jésus
était dans une ville », 5, 12 : c’était ou bien Capharnaüm ou quelque bourg du voisinage situé au pied de la
Montagne des Béatitudes. - Un lépreux. La lèpre, qui couvrait hideusement cet infortuné (« un homme
couvert de lèpre », Luc. 5, 12), est une maladie bien connue, qui a toujours été l’un des plus terribles fléaux
de l’Orient, spécialement de l’Égypte et de la Syrie, y compris la Palestine. On en distingue quatre espèces :
l’éléphantiasis qui fut probablement la maladie de Job, la lèpre noire, la lèpre rouge et la lèpre blanche. Cette
dernière a toujours été la plus fréquente en Palestine ; on la nomme aussi lèpre mosaïque, parce que Moïse en
dépeint tout au long les symptômes et les différentes phases dans les chapitres 12 et 14 du Lévitique. Elle
commence par des taches blanchâtres qui, grosses tout au plus comme des pointes d’aiguille lorsqu’elles
commencent à se manifester, ne tardent pas à envahir la surface entière ou du moins de larges parties du
corps. Du dehors, le mal pénètre au-dedans, atteignant peu à peu les chairs, le système nerveux, les os, la
moelle et les tendons. Son action dissolvante est telle que les membres tombent à la fin littéralement par
morceaux. Elle agit cependant avec une certaine lenteur, dévorant, consumant à la longue ses victimes qui
finissent par mourir après avoir enduré d’affreuses souffrances physiques et morales. Quoique la nature ait
parfois réussi à surmonter cette triste maladie, l’art humain est incapable de la guérir. Épidémique, ou du
moins regardée comme telle dans l’antiquité (les médecins n’ont pas encore pu s’accorder sur ce point), elle
transformait ceux qu’elle avait atteints en parias ou en excommuniés de la vie sociale, auxquels le séjour
dans les villes était interdit. Aujourd’hui, de même qu’au temps d’Élisée, on les rencontre réunis par groupes
aux portes des bourgades de la Palestine, tâchant d’exciter la pitié des passants par l’exhibition de leurs
plaies. Tous les pèlerins de Jérusalem ont pu apercevoir ceux que la police turque a relégués dans de
misérables huttes sur le mont Sion. Nous renvoyons, pour de plus amples informations à Rhenferd, de Lepra
cutis Hebraeorum ; Rayer, Traité théorique des maladies de la peau ; Roussille-Chamseru, Recherches sur le
véritable caractère de la lèpre des Hébreux ; Cazenave, Abrégé pratique des maladies de la peau ; Thomson,
The Land and the Book, p. 651. Notons encore quelques traditions curieuses des Rabbins sur la lèpre : « Les
hommes sont punis par la lèpre à cause des médisances et des calomnies »… « L’homme est formé moitié
d’eau et moitié de sang. Aussi longtemps que quelqu’un vit en juste, il n’y a pas, en lui, plus d’eau que de
sang. Quand il pêche, ou l’eau surabonde et il devient hydropique, ou le sang l’emporte sur l’eau, et il
devient lépreux », Otto, Lexic. Rabbin. s.v. D’après l’opinion publique la lèpre était toujours le châtiment de
quelques crimes secrets ou manifestes ; aussi l’appelait-on emphatiquement « le doigt de Dieu ». - Il
l'adorait ; « tombant à ses genoux », Marc. 1, 40 ; « il tomba face contre terre », Luc. 5, 12 ; trois
expressions pour désigner le même geste de profonde révérence, pratiqué à la façon des Orientaux. - En
disant : Maître. C’était l’appellation honorifique que l’on adressait à toutes les personnes auxquelles on
voulait témoigner du respect. - A ce titre, le lépreux ajoute une prière simple, mais émouvante : si vous
voulez, vous pouvez me purifier, ou plus délicatement encore d’après le grec : « si vous vouliez, vous pouvez
me guérir ». Vous pouvez, c’est un fait indubitable dont je suis parfaitement sûr ; consentirez-vous ? Je
l’espère de votre bonté, mais je n’ai pas le droit de vous importuner. « Celui qui fait appel à la volonté ne
doute pas de la vertu », S. Jérôme in h.l. Quel grand acte de foi ! Peut-être ce lépreux a-t-il entendu parler des
miracles antérieurs de Jésus, Cf. Matth. 4, 23-24 ; peut-être, se tenant à quelque distance de la foule, avait-il
été l’un des auditeurs du Sermon sur la Montagne qui lui avait fait concevoir une haute opinion de l’Orateur,
le lui montrant comme un Prophète, ou même comme le Messie. Il ne dit pas : Vous pouvez me guérir ; mais,
par allusion à la nature de son mal, Vous pouvez me purifier. La lèpre en effet rendait impur au point de vue
légal, Lev. 13, 8 ; et c’est en partie pour ce motif que, d’après une prescription mosaïque, ibid. 9, 45, les
lépreux devaient, quand ils voyaient un passant s’approcher d’eux, l’avertir de leur infirmité en criant :
Tamé, tamé « Impur, impur! ».
Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux de la loi celui qui en était atteint.
Très souvent, dans les Évangiles, des personnes s’adressent à Jésus en l’appelant " Seigneur ". Ce titre exprime le respect et la confiance de ceux qui s’approchent de Jésus et qui attendent de lui secours et guérison (cf. Mt 8, 2 ; 14, 30 ; 15, 22 ; e.a.). Sous la motion de l’Esprit Saint, il exprime la reconnaissance du mystère divin de Jésus (cf. Lc 1, 43 ; 2, 11). Dans la rencontre avec Jésus ressuscité, il devient adoration : " Mon Seigneur et mon Dieu ! " (Jn 20, 28). Il prend alors une connotation d’amour et d’affection qui va rester le propre de la tradition chrétienne : " C’est le Seigneur ! " (Jn 21, 7).