Matthieu 8, 3

Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Et aussitôt il fut purifié de sa lèpre.

Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Et aussitôt il fut purifié de sa lèpre.
Saint Thomas d'Aquin
1027. Ensuite, [le Seigneur] apporte une aide. Premièrement, il guérit [8, 3] ; deuxièmement, il instruit [8, 4].

1028. Premièrement, l’action est abordée [8, 3] ; deuxièmement, l’effet [de l’action], en cet endroit : ET AUSSITÔT SA LÈPRE FUT GUÉRIE [8, 3].

1029. Le Christ fait trois choses pour guérir. Il étend la main lorsqu’il vient au secours, Ps 143[144], 7 : Tends ta main depuis les hauteurs et enlève-moi. Parfois, il étend la main mais ne touche pas, Is 65, 2 : J’ai étendu mes mains tout le jour vers un peuple incrédule, etc. Parfois, il touche, et c’est là qu’il provoque un changement, comme dans Ps 143[144], 5 : Touche les montagnes (c’est-à-dire les orgueilleux) et elles donneront de la fumée, par la componction.

1030. Mais pourquoi [Jésus] a-t-il touché, alors que cela est interdit par la loi ? Il a fait cela pour montrer qu’il est au-dessus de la loi. On lit à propos d’Élisée qu’il ne toucha pas Naaman [2 Sm 5, 1s], mais qu’il l’envoya au Jourdain. Ainsi, celui qui a touché semble avoir aboli la loi. Mais, à vrai dire, il ne l’a pas abolie, car cela avait été interdit en raison de la contagion. Ainsi donc, parce qu’il ne pouvait être infecté, il pouvait toucher. De même a-t-il touché afin de montrer son humanité ; car il ne suffit pas que le pécheur se soumette à Dieu pour ce qui est de sa divinité, mais aussi pour ce qui est de son humanité.

1031. JE LE VEUX, SOIS PURIFIÉ [mundare]. Jérôme dit que certains interprètent [cela] mal. En effet, ils veulent que SOIS PURIFIÉ soit au mode infinitif [mundare], mais cela n’est pas vrai. Au contraire, [à] celui qui avait dit : SI TU LE VEUX, [Jésus] répond : JE LE VEUX, et SOIS PURIFIÉ est au mode impératif [mundare]. Ainsi, celui qui a parlé a ordonné, et cela s’est réalisé. De même, il a touché afin d’enseigner la puissance qui se trouve dans les sacrements, car ce n’est pas seulement le contact qui est nécessaire, mais les paroles. En effet, lorsque la parole est jointe à l’élément, le sacrement est réalisé. Et [Jésus] a écarté trois erreurs lorsqu’il a touché. En effet, il a montré, à l’encontre des manichéens, qu’il avait un vrai corps. Lorsqu’il dit : JE LE VEUX, il le dit contre Apollinaire. Par le fait qu’il dit : SOIS PURIFIÉ, il montre qu’il est véritablement Dieu à l’encontre de Photin.

1032. Puis, suit l’effet : ET AUSSITÔT SA LÈPRE FUT PURIFIÉE, et il fut guéri. Chrysostome dit que [cela se produisit] aussitôt qu’il put dire cette parole : SOIS PURIFIÉ, car [cette parole] prend un certain temps, mais [la guérison] se réalise dans l’instant.
Louis-Claude Fillion
Le Seigneur est toujours prêt à secourir ceux qui souffrent, quand ils implorent sa pitié. La requête du pauvre lépreux est à peine exprimée qu’elle est déjà exaucée. La main de Jésus devance sa parole ; il l’étend comme un signe de sa puissance et de sa volonté. L’approchant du malade, il le toucha, sans crainte de se souiller par ce contact, Cf. Lev. 5, 3, parce que le pouvoir supérieur qui suspend les lois de la nature peut suspendre à plus forte raison une loi cérémonielle ; Cf. 3 Reg. 17, 21 ; 4 Reg. 4, 34. - Nous verrons fréquemment Notre-Seigneur Jésus-Christ guérir de cette manière les malades qui s’adressaient à Lui et faire servir son corps adorable d’instrument pour la transmission des faveurs surnaturelles, de même qu’aujourd’hui encore, dans les Sacrements, il emploie la matière pour communiquer la grâce. - Je le veux, sois purifié. « Voilà qui témoigne de la maturité de la foi du lépreux. Y étaient contenues toutes les paroles de la réponse désirée ». Jésus fait donc au suppliant l’honneur d’employer les termes mêmes de sa supplique pour lui accorder le bienfait qu’il demande. « Je le veux » : qui, à part Dieu, avait jamais prononcé en des circonstances analogues ce mot du commandement ? Ce n’est pas ainsi que parlait Moïse quand il souhaitait d’opérer la guérison de sa sœur Marie, atteinte, elle aussi, de la lèpre ; Cf Num. 12, 13. - Et aussitôt... L’effet est aussitôt produit : aucun mal ne saurait résister un seul instant à ce céleste médecin.
Pape Francois
36. Lorsqu’Il guérit une personne, Il préfère s’en approcher : Jésus « étendit la main et le toucha » ( Mt 8, 3). « Il lui toucha la main » ( Mt 8,15). « Il leur toucha les yeux » ( Mt 9, 29). Il s’arrête même pour guérir des malades avec sa propre salive (cf. Mc 7, 33), comme une mère, afin qu’ils ne le sentent pas étranger à leur vie. « Le Seigneur connaît la belle science des caresses. La tendresse de Dieu ne nous aime pas avec des mots. Il s’approche de nous et, proche de nous, Il nous donne son amour avec toute la tendresse possible ».