Matthieu 8, 30

Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture.

Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture.
Saint Thomas d'Aquin
1086. OR, IL Y AVAIT NON LOIN D’EUX UN GROS TROUPEAU DE PORCS EN TRAIN DE PAÎTRE. Ici est abordée la malice, car [les démons] nuisent non seulement aux hommes, mais aussi aux bêtes. UN TROUPEAU DE PORCS : il est donc clair par ceci qu’ils n’étaient pas en Judée, car les Juifs ne font pas usage des porcs.
Louis-Claude Fillion
S. Matthieu, laissant de côté le petit dialogue qui s’engagea sur ces entrefaites entre Jésus et les démoniaques, Cf. Marc. 4, 8-10, va droit au dénouement. - Non loin d'eux. Le grec dit au contraire « loin » : mais cet adverbe a une signification très relative qui peut s’étendre ou se restreindre suivant les circonstances. On le traduirait très bien ici par la périphrase : « dans le lointain », ce qui établirait un parfait accord entre le récit des trois synoptiques, Cf. Marc. 5, 11 ; Luc. 8, 32. - Un grand troupeau de porcs. S. Marc en fixe le nombre : « environ deux mille ». Ceux qui se sont attribué le triste rôle de soulever des doutes et des objections à propos de chaque trait de l’histoire évangélique, n’ont pas manqué d’alléguer ici l’impossibilité prétendue de trouver un troupeau si considérable de pourceaux dans une contrée habitée par des Juifs. Il est vrai que le porc est un animal impur selon la loi mosaïque ; mais l’ordonnance qui interdisait d’en manger la chair, ne prohibait pas de l’élever pour le vendre ensuite aux païens grecs ou romains, qui en étaient très friands. Il est vrai encore que les Rabbins réprouvèrent ce commerce comme une chose to ut à fait indécente et indigne d’un Israélite : « Les sages disent : maudit soit celui qui nourrit les chiens et les porcs », Maimonid ; « Il est interdit de faire du commerce avec tout ce qui est impur », Glossa in Kama. Mais, selon l’observation pleine de finesse de Lightfoot, Horae in h. l., « Ne crois pas que, parce qu’il est lié par les chaînes contraignantes de ses canons, le Juif les fasse passer ces canons avant ses intérêts particuliers, quand il voit une occasion de faire du profit ». Rien n’empêche du reste que ce troupeau de porcs ait appartenu aux Gentils qui vivaient mêlés aux Juifs dans toute la Décapole.