Matthieu 8, 31
Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. »
Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. »
1087. «SI TU NOUS CHASSES, ENVOIE-NOUS DANS LES PORCS.» Mais pourquoi n’ont-ils pas demandé d’être envoyés dans les hommes ? Parce qu’ils voyaient que [le Seigneur] se préoccupait du sort des hommes. Mais pourquoi dans un troupeau de porcs ? Parce qu’ils étaient plus proches. Et aussi parce que c’est un animal très impur. Ainsi, pour indiquer l’impureté, [Jésus] permit que [les démons] entrent dans les porcs. Et cela semble être le sens de Jb 40, 22 : Ne multipliera-t-il pas les prières à ton endroit ou ne t’adressera-t-il pas des paroles émouvantes ?
Les démons le priaient... Ils savent bien que là où se trouve Jésus leur
pouvoir a complètement cessé ; de plus ils prévoient que le Sauveur va les expulser bientôt des corps dont ils
ont pris possession : ils essaieront du moins d’obtenir de lui quelque faveur. Mais les voilà contraints par là-
même d’avouer leur impuissance : « La légion de démons ne possédait même pas de pouvoir sur le troupeau
de porcs à moins d’en faire la demande à Dieu » , Tertull. De fuga in persecut. c. 2. - Si vous nous chassez
d'ici, c’est-à-dire de ces hommes. Et pourtant, c’était par la bouche des possédés eux-mêmes qu’ils
prononçaient ces paroles ! On reconnaît très bien ici le dualisme que nous signalions plus haut. - Envoyez-
nous... Grâce singulière assurément ; mais les démons n’étaient-ils pas les meilleurs juges de leurs propres
convenances ? De la sorte, du moins, ils pourront rester dans cette contrée à demi païenne de Gadara qu’ils
semblent avoir beaucoup affectionnée, Cf. Marc. 5, 10. Peut-être avaient-ils l’intention secondaire de tirer
parti de leur défaite, en nuisant soit aux habitants du pays par la destruction des pourceaux, soit à Jésus
lui-même en le rendant odieux aux Gadaréniens, qui rejetteraient naturellement sur lui la responsabilité du
dégât et qui ne manqueraient pas de le regarder comme un ennemi de leurs intérêts. La suite des événements
paraît donner gain de cause à cette conjecture. Au surplus, selon la pensée de S. Thomas d’Aquin, des
animaux impurs ne sont-ils pas un excellent séjour pour des esprits impurs ? Les anciens exégètes, en
particulier Sylveira et Maldonat, indiquent encore plusieurs autres motifs qu’il serait trop long de rapporter
ici.