Matthieu 8, 5
Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia :
Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia :
1037. COMME IL ÉTAIT ENTRÉ DANS CAPHARNAÜM. Ici est montrée la puissance du Christ, même en son absence. Premièrement, est indiquée la piété du centurion associée à la foi [8, 5s] ; deuxièmement, son humilité, en cet endroit : LE CENTURION RÉPONDIT, etc. [8, 8].
1038. À propos du premier point, il y a deux choses, car, en premier lieu, la piété du centurion est signalée [8, 5] ; en second lieu, la bonté du Christ est montrée [8, 10].
1039. Et, à propos du premier point, il y a trois choses. Premièrement, le lieu est indiqué [8, 5] ; deuxièmement, la prière est décrite, en cet endroit : SEIGNEUR, MON ENFANT GÎT PARALYSÉ À LA MAISON [8, 6] ; troisièmement, l’exaucement [de la prière] est indiqué, en cet endroit : ET JÉSUS LUI DIT [8, 7].
1040. Premièrement, le lieu : COMME IL ÉTAIT ENTRÉ À CAPHARNAÜM, qui veut dire «maison de la moelle», c’est-à-dire maison des nations, qui déborde de la moelle de la dévotion, Ps 62[63], 6 : Mon âme est remplie de graisse et de moelle.
1041. Ensuite, IL S’APPROCHA. Mais ici on peut se poser une question, car Luc indiquait que [le centurion] avait envoyé des prêtres [Lc 7, 3]. Augustin dit que [le centurion] n’était pas venu personnellement, mais que, lorsqu’on dit qu’il est venu, on parle de son intention, car celui-là accomplit une chose par l’autorité de qui elle est accomplie. Chrysostome [interprète] autrement, car il dit que ce [centurion] avait autorité sur cent soldats ; il était donc un dirigeant. De sorte que les Juifs, afin d’être flattés en retour de leur bienveillance, lui dirent : «Seigneur, nous irons et nous implorerons pour vous.» Alors, pour leur donner satisfaction, il leur permit de faire la démarche. Mais, par la suite, il les suivit.
1042. Ce miracle diffère du premier sur trois points. En effet, le premier fut fait en faveur d’un Juif, le second en faveur d’un Gentil ; par quoi il faut comprendre que le Christ est venu, non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les nations. De même, dans le premier, le Juif s’approche par lui-même, mais non ce [Gentil]. Et cela, parce que le Seigneur a pitié de certains en raison de leur propre dévotion, et de certains en raison de l’intercession des autres. De même, ce centurion peut signifier un ange qui préside au salut des nations ou les prémices des nations. De même, celui-là était un lépreux, chez qui l’impureté était au repos : en effet, sont paralytiques ceux qui ne peuvent pas bouger leurs membres. Les lépreux sont les intempérants et les paralytiques sont les incontinents. Et sont paralytiques ceux qui pèchent par faiblesse, mais lépreux [ceux qui pèchent] par une malice certaine. Par le centurion, on peut entendre le jugement, Ep 4, 23 : Soyez renouvelés en esprit dans votre jugement.
1038. À propos du premier point, il y a deux choses, car, en premier lieu, la piété du centurion est signalée [8, 5] ; en second lieu, la bonté du Christ est montrée [8, 10].
1039. Et, à propos du premier point, il y a trois choses. Premièrement, le lieu est indiqué [8, 5] ; deuxièmement, la prière est décrite, en cet endroit : SEIGNEUR, MON ENFANT GÎT PARALYSÉ À LA MAISON [8, 6] ; troisièmement, l’exaucement [de la prière] est indiqué, en cet endroit : ET JÉSUS LUI DIT [8, 7].
1040. Premièrement, le lieu : COMME IL ÉTAIT ENTRÉ À CAPHARNAÜM, qui veut dire «maison de la moelle», c’est-à-dire maison des nations, qui déborde de la moelle de la dévotion, Ps 62[63], 6 : Mon âme est remplie de graisse et de moelle.
1041. Ensuite, IL S’APPROCHA. Mais ici on peut se poser une question, car Luc indiquait que [le centurion] avait envoyé des prêtres [Lc 7, 3]. Augustin dit que [le centurion] n’était pas venu personnellement, mais que, lorsqu’on dit qu’il est venu, on parle de son intention, car celui-là accomplit une chose par l’autorité de qui elle est accomplie. Chrysostome [interprète] autrement, car il dit que ce [centurion] avait autorité sur cent soldats ; il était donc un dirigeant. De sorte que les Juifs, afin d’être flattés en retour de leur bienveillance, lui dirent : «Seigneur, nous irons et nous implorerons pour vous.» Alors, pour leur donner satisfaction, il leur permit de faire la démarche. Mais, par la suite, il les suivit.
1042. Ce miracle diffère du premier sur trois points. En effet, le premier fut fait en faveur d’un Juif, le second en faveur d’un Gentil ; par quoi il faut comprendre que le Christ est venu, non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les nations. De même, dans le premier, le Juif s’approche par lui-même, mais non ce [Gentil]. Et cela, parce que le Seigneur a pitié de certains en raison de leur propre dévotion, et de certains en raison de l’intercession des autres. De même, ce centurion peut signifier un ange qui préside au salut des nations ou les prémices des nations. De même, celui-là était un lépreux, chez qui l’impureté était au repos : en effet, sont paralytiques ceux qui ne peuvent pas bouger leurs membres. Les lépreux sont les intempérants et les paralytiques sont les incontinents. Et sont paralytiques ceux qui pèchent par faiblesse, mais lépreux [ceux qui pèchent] par une malice certaine. Par le centurion, on peut entendre le jugement, Ep 4, 23 : Soyez renouvelés en esprit dans votre jugement.
Entré dans Capharnaum. Cette ville fut le théâtre du miracle ; Jésus y rentrait après son
grand discours de Kouroûn-al-Hattîn. - S'approcha de lui. Suivant S. Luc, le centurion semble n’être pas
venu en personne auprès de Notre-Seigneur et ne lui avoir pas adressé une seule fois directement la parole ; il
se contenta de lui envoyer deux députations successives qui lui présentèrent sa requête. Les Manichéens,
gênés dans leurs doctrines par la pensée du v. 11, profitaient déjà de cette contradiction apparente pour nier la
véracité du fait tout entier. S. Augustin leur montre avec esprit l’injustice dont ils se rendaient volontairement
coupables. Comme si, dit-il, un narrateur qui mentionne certain détail contredisait un autre narrateur qui
l’omet ! comme si celui qui attribue un acte à une personne contredisait un autre narrateur plus exact qui
affirme qu’elle l’a opéré par un intermédiaire ! N’est-ce pas ainsi qu’agissent tous les historiens ? N’est-ce
pas ainsi que l’on parle à chaque instants dans la vie privée ? « Comment expliquer que, quand nous lisons,
nous oublions la façon dont nous parlons habituellement ? L’Écriture de Dieu est-elle parmi nous pour autre
chose que pour nous parler dans notre langue ? », contr. Faust. 33, 7-8. Cf de Cons. Evang. 2, 20. Cette
réponse n'a rien perdu de sa valeur. S. Matthieu se conduit donc en cet endroit d'après l’axiome juridique :
« Celui qui agit par un autre est considéré comme ayant agi par lui-même ». On peut du reste concilier plus
parfaitement encore les deux écrits en admettant avec S. Jean Chrysostôme que le centurion vint lui-même
auprès de Jésus à la suite de ses délégués. - Un centurion. Un centurion, dans l’armée romaine, était un
officier qui commandait à une compagnie de cent soldats, ainsi que son nom l’indique. On sait qu’à Rome
l’armée se composait d’un certain nombre de légions ; chaque légion se divisait en dix cohortes, la cohorte
en trois maniples, le maniple en deux centuries, ce qui faisait 60 centuries ou 6 000 hommes par légion. Il
est remarquable que tous les centurions qui figurent dans le Nouveau Testament sont mentionnés d’une manière très honorable : ce sont, outre le nôtre, le centurion du Calvaire, 27, 54, le centurion Corneille
baptisé par S. Pierre, Act. 10, et le centurion Jules qui traita S. Paul avec bonté, Act. 27, 3-43. Dans tous les
temps et chez tous les peuples, alors même que tous les grands principes avaient sombré, on a retrouvé dans
les armées quelques débris des vertus morales et religieuses. - Le héros de ce récit était en garnison à
Capharnaüm : il était donc au service du tétrarque Hérode Antipas, dont l’armée avait été organisée d’après
le système romain et se composait en majeure partie de soldats étrangers. Né dans le paganisme, ainsi que
nous l’apprend très clairement le v. 10, il avait senti, comme tant d’autres le vide et la fausseté de sa
religion ; son séjour en Palestine lui avait permis d’étudier de près le Judaïsme qui à cette époque intéressait
si vivement, quoique à divers titres, le monde grec et romain. Il s’y était attaché au point de faire bâtir à ses
frais une synagogue à Capharnaüm, Cf. Luc, 7, 5 ; peut-être même avait-il été admis au nombre des
prosélytes, ces hommes, païens par la race, à demi Juifs par les croyances et les pratiques religieuses, que
Dieu se préparait en grand nombre chez les Grecs et les Romains, pour en faire des anneaux de
communication entre le Mosaïsme et le Paganisme. C’était dans tous les cas une âme noble et généreuse. Il
est évident qu’il avait entendu parler de Jésus, de ses prodiges, des espérances que l’on commençait à fonder
sur lui : il avait même pu l’apercevoir dans les rues de Capharnaüm, assister à quelqu’une de ses
prédications. Cela avait suffi pour lui faire concevoir une haute idée de son pouvoir ; aussi est -ce à lui qu’il
pense immédiatement, dès qu’il a besoin d’un secours.
Un centurion. Le centurion était le chef d’une centurie légionnaire, c’est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et une branche de vigne qui lui servait à châtier ceux de ses hommes qui enfreignaient les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats.