Matthieu 8, 6
« Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. »
« Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. »
1043. Et ce [centurion] dit : SEIGNEUR, MON ENFANT, c’est-à-dire mon serviteur. Et par cela est montrée la bonté du centurion, car il prie pour un serviteur ; il accomplit donc ce qui est dit en Si 33, 31 : Si tu possèdes un serviteur fidèle, il sera comme ton âme. Et ce serviteur signifie la partie inférieure de l’âme. [Le centurion] dit donc qu’il gît et souffre atrocement, et il parle par affection, car lorsque quelqu’un en aime un autre, il pense qu’une maladie bénigne est très grave. La partie inférieure de l’âme gît donc lorsqu’elle ne peut se lever, Ga 5, 17 : La chair désire à l’encontre de l’esprit, et souffre. Les hommes lascifs se réjouissent : En effet, ils se réjouissent lorsqu’ils ont fait le mal et ils exultent des choses les plus mauvaises, [Pr 2, 14]. Mais ceux-ci souffrent atrocement parce que, péchant par faiblesse, lorsqu’ils tombent, ils sont affligés. Et ainsi, ils souffrent atrocement d’une douleur.
Mon serviteur : Cf. le v. 9 et S. Luc, 7, 2. C’était, selon S. Luc, un
excellent serviteur auquel le centurion tenait beaucoup. Cicéron s’excusait d’éprouver un profond chagrin
par suite de la mort d’un esclave fidèle, tant les maîtres avaient alors à cœur de manifester leur antipathie
pour ces être infortunés : la condescendance ouverte du centurion pour son serviteur dénote donc la bonté de
son caractère. - Est couché… atteint de paralysie. Le grec peut signifier « gît » ou « a été frappé » ; nous
disons de même dans ce second sens : Il a été frappé de paralysie. « Est couché » indique l’impuissance
totale du malade. Le médecin Celsus, contemporain de Notre-Seigneur Jésus-Christ, fait dans ses œuvres, 3,
27, la réflexion suivante sur l’emploi de l’expression paralysie au temps où il vivait : « La cessation de
l’activité des nerfs est une maladie fort répandue. Quelquefois elle attaque tout le corps, souvent aussi elle
n’en atteint qu’une partie. Les anciens écrivains nommaient le premier cas apoplexie, et le second paralysie ;
mais je m’aperçois qu’aujourd’hui on emploie dans les deux cas le nom de paralysie. Ordinairement, ceux
qui souffrent d’une paralysie universelle sont emportés d’une manière rapide ; sinon, ils peuvent bien vivre
quelque temps encore, mais ils recouvrent rarement la santé et traînent presque toujours une existence
misérable. Pour ceux qui ne sont que partiellement atteints, leur mal n’est jamais bien violent, il est vrai,
mais il est souvent très long et incurable ». Les mots ils souffre extrêmement ajoutés par S. Matthieu et
l’observation de S. Luc : « il était mourant », semblent indiquer, d’après cela, que le serviteur du centurion
avait été récemment frappé d’apoplexie.
Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement seul, ou du sentiment seul. C’est ce qu’ont reconnu tous les médecins tant anciens que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extrêmement, même dans les parties paralysées, puisqu’il suffisait que les nerfs moteurs furent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pouvaient, par là même, servir d’instruments à la douleur.