Matthieu 9, 14

Alors les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Alors les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »
Saint Thomas d'Aquin
1125. Ici est posée une question au sujet du festin [9, 14] ; et la réponse suit, en cet endroit : ET JÉSUS DIT [9, 15].

1126. Mais alors se pose une question sur la lettre : pourquoi, en Mc 2, 18 et Lc 5, 29, semble-t-il que la question ait été posée par d’autres, là où il est dit, Mc 2, 18 : Pourquoi les disciples de Jean et les Pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? Ce ne sont donc pas les disciples [de Jean] qui ont parlé. La solution d’Augustin est que la situation était telle que les Pharisiens tendaient une embûche au Christ. Ainsi, ils entraînaient parfois des hérodiens avec eux, mais, cette fois, ils avaient fait appel à des disciples de Jean. La demande pouvait ainsi être venue à la fois d’autres et des disciples. Mais d’où vient qu’ils jeûnaient ? La réponse est [la suivante] : de leurs traditions ou de la loi, comme on lit que, le jour de la propitiation, ils étaient tenus de jeûner. Za 8, 19 : Le jeûne du quatrième [mois], le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième [mois] seront pour la maison de Juda joie et allégresse, et fêtes magnifiques. De même, les disciples de Jean jeûnaient à l’exemple de leur maître, qui était d’une grande austérité, mais les disciples du Christ ne jeûnaient pas.
Louis-Claude Fillion
Alors les disciples de Jean. « Alors : c'est à dire après que Jésus ait réfuté les Pharisiens », Fritzsche. Il y a en effet une connexion très étroite entre les deux scènes. A peine le Sauveur avait-il répondu à l’objection des Pharisiens qu’on vint lui en proposer une autre, également relative à la conduite qu’il tenait dans la circonstance présente. - Cette fois, ce sont les disciples du Précurseur qui argumentent contre lui ; mais à côté d’eux, selon le témoignage explicite de S. Marc, 2, 18 ; Cf. Luc. 5, 30, 33, nous apercevons encore les Pharisiens, qui les ont probablement excités à prendre la parole à leur tour, pour lancer un nouveau blâme contre Jésus. Il n’avait pas été nécessaire de les presser beaucoup pour leur faire prendre ce rôle d’accusateurs : il ressort en effet de plusieurs passages de l’Évangile que les disciples de S. Jean-Baptiste, jaloux de voir l’autorité du Sauveur éclipser peu à peu celle de leur propre Maître, se montraient ouvertement défavorables à la conduite du nouveau Docteur, Cf. Joan. 3, 26 et ss ; S. Luc. 7, 18 et ss. Du reste, soit que leur question ait eu la malice pour mobile, soit qu’elle ait eu pour but d’exposer simplement un scrupule qu’avait fait naître dans leur cœur la conduite de Jésus-Christ, si différente de celle de leur Maître, peu importe ; la réponse de Notre-Seigneur demeure exactement la même dans les deux cas. Notons qu’ils font preuve d’une certaine loyauté en s’adressant directement à Jésus, contrairement à ce que les Pharisiens venaient de faire, v. 11 ; mais, eux aussi, ils manquent de franchise en ayant l’air de n’accuser que ses disciples, tandis qu’il était lui -même leur objectif réel et principal. - Nous et les Pharisiens jeûnons souvent. Ici encore, Cf. 6, 16 et ss., il ne s’agit que des jeûnes libres et privés. Les disciples du Précurseur jeûnaient donc fréquemment. Rappelons-nous que l’esprit de S. Jean était essentiellement un esprit de pénitence et de mortification : le Baptiste avait jeûné toute sa vie, et il avait naturellement formé à son image les hommes qui s’étaient placés sous sa direction. Les Pharisiens aussi, nous l’avons vu, s’imposaient plusieurs fois chaque semaine des jeûnes de dévotion ; leur religion tout extérieure aidant, ils n’avaient pas tardé à devenir ridicules sur ce point comme sur tant d’autres, en se livrant au jeûne pour les motifs les plus futiles, par exemple, afin d’avoir d’heureux songes, afin d’obtenir la grâce de pouvoir interpréter ceux qu’ils avaient eus, etc. C’est ce que le Talmud appelle « jeûne pour le sommeil ». Cette raison était si grave aux yeux des Rabbins qu’elle suffisait pour autoriser le jeûne en un jour de Sabbat. - Vos disciples... Ce jour-là même, ne venaient-ils pas d’assister à un repas somptueux ? L’occasion paraissait donc excellente pour reprocher au Sauveur et à son entourage leur éloignement d’une pratique pieuse, alors en usage chez tous ceux qui faisaient profession de mener une vie fervente. Pourquoi d’une part cette mortification constante et de l’autre cet amour apparent de ses aises ?