Matthieu 9, 2

Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »

Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »
Saint Thomas d'Aquin
1099. Et ainsi, on lui présenta [un paralytique] : ET VOICI QU’ON LUI APPORTAIT UN PARALYTIQUE. On indique ici la dévotion de ceux qui apportent. C’est pourquoi, en Marc, il est indiqué que, comme on ne pouvait pas passer, on le posa sur les tuiles [Mc 2, 4 ; Lc 5, 19]. Ce paralytique signifie le pécheur qui gît dans son péché ; ainsi, comme le paralytique ne peut se mouvoir, celui-ci ne [le peut] pas non plus. Ceux qui le portent sont ceux qui, par leurs avertissements, le portent à Dieu.

1100. JÉSUS, VOYANT LEUR FOI, etc. [Matthieu] indique la faveur, dans laquelle nous pouvons considérer trois choses : premièrement, ce qui a ému Jésus ; deuxièmement, ce qui est exigé ; troisièmement, la controverse au sujet de la faveur.

1101. Le Seigneur guérit parfois quelqu’un en raison de sa foi, parfois en raison de ses prières et de celles des autres. VOYANT AINSI LEUR FOI : c’est pourquoi il est dit en Mc 11, 24 : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez et que cela vous sera accordé. AIE CONFIANCE, MON ENFANT. Qu’est-ce qui est exigé ? La foi, Ps 124[125], 1 : Ceux qui ont confiance dans le Seigneur comme dans le mont Sion ; celui qui habite à Jérusalem ne sera pas ébranlé pour l’éternité. Et Ac 15, 9 : Purifiant leurs cœurs par la foi. TES PÉCHÉS TE SONT REMIS. Ici est indiquée la faveur. Mais qu’est-ce que celui-ci demandait ? La santé du corps, et le Seigneur lui donne la santé de l’âme. La raison en est que le péché était la cause de la maladie, comme dans Ps 15[16], 4 : Leurs maladies se sont multipliées en raison de leurs iniquités. C’est pourquoi le Seigneur a agi comme un bon médecin qui guérit la cause.
Louis-Claude Fillion
Et voici qu'on lui présenta... D’après les narrations parallèles de S. Marc et de S. Luc, le miracle opéré par Jésus-Christ dans cette circonstance remonterait à une période antérieure de sa Vie publique. Il est probable qu’ici encore le premier Évangéliste a sacrifié l’ordre chronologique à l’ordre logique. Jésus revenait de Gadara à Capharnaüm : à Gadara il a expulsé toute une légion d’esprits mauvais, à Capharnaüm il a guéri un paralytique ; cette liaison générale suffit pour S. Matthieu, qui en profite pour raconter les deux prodiges comme s’ils se fussent suivis immédiatement. Plusieurs commentateurs croient néanmoins que son enchaînement est le meilleur et qu’il est véritablement historique. - Un paralytique : c’est le second paralytique miraculeusement guéri par Notre-Seigneur ; le serviteur du centurion, Cf. 8, 5 et ss., avait été le premier. D’après les récits beaucoup plus étendus des deux autres synoptiques, le mal semble avoir consisté cette fois dans une paralysie proprement dite qui avait atteint tout le corps. Voyez la note de 8, 6. - Voyant leur foi. Pourquoi ce pluriel, et en quoi consistait cette foi extraordinaire ? S. Matthieu, supposant le fait bien connu de ses lecteurs, garde le silence sur ces deux points : heureusement S. Marc et S. Luc les exposent tout au long. Le paralytique avait été apporté sur son grabat par quatre de ses amis jusqu’à la maison dans laquelle se trouvait alors le Sauveur. Mais la foule, avide d’entendre ce divin Orateur qui parlait comme nul autre ne l’avait fait jusque-là, non contente d’envahir les appartements, s’était amoncelée autour de la porte de manière à en obstruer complètement l’entrée. Ne pouvant pénétrer jusqu’au Thaumaturge par la voie ordinaire, les porteurs d’accord avec leur malade hissèrent celui-ci jusqu’au toit ; puis, après avoir fait une ouverture au plafond en enlevant quelques tuiles, ils firent descendre le paralytique jusqu’aux pieds de Jésus. C’était là, de la part de l’infirme et de la part de ses amis, un sublime et vigoureux acte de foi qui méritait assurément une récompense. - Aie confiance, mon fils. Sois plein de confiance, car ta demande est exaucée. Remarquons l’appellation tendre et compatissante que Jésus adresse ici, et en plusieurs autres cas semblables, aux malheureux qu’il soulage : Mon fils ! Cf. Marc. 2, 5 ; 10, 24 ; Luc. 16, 25 ; ou bien : Ma fille ! Matth. 9, 22, etc. - Tes péchés te sont remis. Voilà une parole bien étonnante à propos d’une guérison de membres perclus. À une demande qui concernait la santé du corps, Jésus répond par une formule d’absolution ! Car il y a certainement ici une véritable absolution : Jésus-Christ ne souhaite pas, il déclare, « te sont remis ». Le mot grec correspondant est généralement regardé comme la forme dorique du parfait de l’indicatif passif : Tes péchés viennent d’être pardonnés, je te l’assure. De l’avis à peu près unanime des exégètes, ce langage inattendu, tenu par le divin Maître à un malade qui venait chercher auprès de lui sa guérison physique, démontre visiblement que l’infirmité était, dans le cas présent, la suite directe ou du moins le châtiment d’une vie coupable. Le paralytique avait conscience de la relation étroite qui existait entre ses fautes passées et ses souffrances actuelles, et il se tenait humblement sous le regard de Jésus, implorant la pitié du Christ pour son âme tout autant que pour son corps. Notre-Seigneur qui lit au fond de ce cœur désolé, répond précisément à ses désirs les plus secrets et les plus ardents, lorsqu’il dit : Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis. Le bienfait accordé sera complet ; il embrassera tout à la fois les misères intérieures et celles du dehors. Mais, ainsi qu’il était naturel, Jésus attaque d’abord la cause, puis l’effet ; il va chercher le mal jusque dans ses racines les plus profondes pour l’extirper totalement. N'était-ce pas la croyance des Juifs que « aucun malade n'est guéri de son mal, avant que tous ses péchés ne lui aient été remis » ? Nedarim, f. 41, 1.
Pape Francois
37. Alors qu’il nous est difficile de faire confiance, du fait que nombre de mensonges, d’agressions et de déceptions nous ont blessés, Jésus nous murmure à l’oreille : « Aie confiance, mon enfant » (Mt 9, 2), « Aie confiance, ma fille » (Mt 9, 22). Il nous faut vaincre la peur et réaliser que nous n’avons rien à perdre avec Lui. À Pierre qui perd confiance, « Jésus tend la main. Il le saisit, en lui disant : “ […] Pourquoi as-tu douté ?” » (Mt 14, 31). N’aie pas peur. Laisse-le s’approcher de toi, laisse-le se mettre à côté de toi. Nous pouvons douter de beaucoup de monde, mais pas de Lui. Et ne t’arrête pas à cause de tes péchés. Rappelle-toi que de nombreux pécheurs « se sont mis à table avec Jésus » (Mt 9, 10) et qu’Il n’a été scandalisé par aucun d’eux. Les élites religieuses se plaignaient et le traitaient « de glouton et d’ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs » (Mt 11, 19). Lorsque les pharisiens critiquaient sa proximité avec les personnes considérées comme de basse condition ou pécheresses, Jésus leur disait : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9, 13).