Matthieu 9, 20

Et voici qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans s’approcha par-derrière et toucha la frange de son vêtement.

Et voici qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans s’approcha par-derrière et toucha la frange de son vêtement.
Saint Thomas d'Aquin
1142. ET VOICI QU’UNE FEMME. [Jésus] donne un exemple de puissance, et il fait trois choses : premièrement, la maladie [de la femme] est décrite [9, 20] ; deuxièmement, la louange de la femme, en cet endroit : ELLE SE DISAIT, etc. [9, 21] ; troisièmement, la bonté du Christ qui guérit, en cet endroit : ET JÉSUS, S’ÉTANT RETOURNÉ, etc. [9, 22]

1143. [Matthieu] dit donc : ET VOICI QU’UNE FEMME. Comme on le lit en Lv 12, la femme qui souffrait d’hémorragie était impure et n’habitait pas avec les hommes. C’est pourquoi elle ne s’approcha pas de la maison, mais sur la route. Et elle signifie les Gentils, qui sont entrés dans la plénitude des Juifs, comme on le trouve en Rm 11, 25 : L’aveuglement est survenu pour une partie d’Israël jusqu’à ce que la plénitude des Gentils entre. Celle-ci, à savoir, la synagogue, a une hémorragie, à savoir, l’erreur du sang des [animaux] immolés. Ou bien on pourrait mettre cela en rapport avec les péchés de la chair. Ainsi la chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, 1 Co 15, 50.Cette femme SOUFFRAIT DEPUIS DOUZE ANS, et la fille du chef [de synagogue] avait douze ans. Elle avait ainsi commencé à souffrir lorsque la fille du chef était née.

1144. ELLE APPROCHA PAR DERRIÈRE ET TOUCHA LA FRANGE DE SON VÊTEMENT. Ici est indiqué l’éloge de la femme en raison de son humilité et de la foi qui est la plus importante pour être exaucé. ELLE S’APPROCHA ET TOUCHA LA FRANGE PAR DERRIÈRE. Pourquoi par derrière ? Parce qu’elle était considérée comme impure. Ainsi, tout ce qu’elle touchait étant impur selon la loi, elle craignait que [Jésus] ne la repousse. De même, elle n’osa toucher que la frange. Dans la loi, il était prescrit de porter des franges aux quatre coins du vêtement, et on y mettait une clochette pour se rappeler les commandements de Dieu et pour que ceux-ci soient reconnus par les autres ; et le Christ portait ce vêtement. Au sens mystique, cela signifie les Gentils, qui ont eu accès à la foi. Mais, PAR DERRIÈRE, parce que [cela ne se produisit pas] du vivant [de Jésus]. De même, [les Gentils] touchèrent le vêtement, c’est-à-dire l’humanité, et seulement la frange, car [ils n’y eurent accès] qu’à travers les apôtres.
Louis-Claude Fillion
La narration est coupée en deux par l’intercalation d’un autre prodige opéré chemin faisant par Jésus. « La grâce est tellement surabondante en ce Prince de la vie, que tandis qu’il se hâte pour aller accomplir une œuvre de puissance, il en produit une autre comme en passant », Trench, Notes on the Miracles, p. 200. - Et voici qu'une femme... L’évangéliste nous présente tout d’abord l’héroïne. Son état était bien digne de pitié ! Elle souffrait d’une maladie aussi pénible pour l’esprit que pour le corps, qui la constituait dans un état d’impureté légale. - Qui souffrait d'une perte de sang ; Cf. Levit. 15, 25. Le texte grec réunit tous ces mots en un seul dont nous avons fait Hémorrhoïsse. - Depuis douze ans, autre circonstance vraiment aggravante. S. Marc et S. Luc en ajoutent de nouvelles, du plus grand intérêt, montrant que cette pauvre femme avait eu recours à tous les remèdes humains pour se guérir, mais elle n’y avait gagné que l’accroissement de son mal et la perte de sa fortune. Heureusement pour elle, celui qui vient de se proclamer le grand médecin des hommes, v. 2, n’est pas loin et il est assez habile pour la guérir en un instant, et même, pense-t-elle, tout à fait à son insu. - Dans cette croyance, elle s'approcha par derrière, se mêlant de son mieux à la foule de manière à rester inaperçue : elle agissait ainsi par pudeur et par timidité, afin de n’être pas obligée, si elle demandait ouvertement sa guérison, de révéler à toute l’assistance qu’elle souffrait d’une maladie regardée comme honteuse chez les Juifs et dont on aime partout à garder le secret pour soi. Elle craignait un petit interrogatoire de la part de Jésus. - Et toucha la frange. Il y a deux opinions relativement au mot « frange » : il peut désigner en effet, de même que son équivalent grec, soit le bord inférieur de la tunique ou du manteau, soit les franges de laine, que les Juifs, d’après une loi spéciale, Cf. Num. 15, 38 et 39, portaient aux quatre coins de leur Tallith ou vêtement supérieur, comme un mémorial perpétuel des préceptes du Sinaï. Peut-être l’hémorrhoïsse choisit-elle de préférence les franges, parce que, grâce à leur origine et à leur fin exclusivement religieuses, elle attribuait à leur contact une influence plus puissante.
Fulcran Vigouroux
Selon la loi, les Hébreux étaient obligés de porter des franges aux quatre coins de leurs manteaux