Matthieu 9, 24
« Retirez-vous. La jeune fille n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui.
« Retirez-vous. La jeune fille n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui.
1161. Le Seigneur guérit cette [jeune fille]. Il dit donc : RETIREZ-VOUS, CAR ELLE N’EST PAS MORTE. Ici, il donne l’espoir : ELLE N’EST PAS MORTE, à savoir, pour lui, MAIS ELLE DORT, parce qu’il lui est aussi facile de la rappeler à la vie que de tirer quelqu’un du sommeil. On a quelque chose de semblable dans Jn 11, 11 : Notre ami Lazare dort, etc. ELLE N’EST PAS MORTE. Et pourquoi [Jésus] parle-t-il de cette façon ? Parce qu’ILS SE MOQUAIENT DE LUI. Mais pourquoi voulut-il qu’on se moquât de lui ? Cela arriva afin qu’ils ne puissent parler contre le miracle. C’est pourquoi il fit d’abord en sorte que les adversaires confessent, afin qu’ils ne puissent s’opposer par la suite.
Retirez-vous ; vous êtes ici complètement inutiles. - Il ajoute le motif de cet ordre :
Cette jeune fille n'est pas morte. Les rationalistes affectent de prendre à la lettre ces paroles de
Notre-Seigneur, pour pouvoir affirmer à leur aise qu’il n’y eut pas dans cette circonstance le plus petit
miracle, Jésus s’étant simplement aperçu que la malade était tombée en syncope et l’ayant réveillée par les
moyens ordinaires. Nous somme trop habitués à leurs explications fantaisistes pour être surpris de leur
conduite en cette occasion. Il est plus étonnant de voir des auteurs sérieux, généralement pleins de foi, tels
que Néander, Berlepsch, Olshausen, nier la signification symbolique des paroles de Jésus, et par suite la
réalité de la résurrection de la fille de Jaïre. Suivant eux, le miracle aurait seulement consisté en un acte de
prescience surnaturelle, à l’aide de laquelle le Sauveur reconnut que la jeune fille n’était qu’en léthargie, bien
qu’elle portât tous les symptômes d’une mort véritable. Mais il faut vouloir s’aveugler soi-même pour
admettre de pareilles conclusions. Il est si clair en effet, d’après les trois récits de l’Évangile, que la mort
avait eu lieu réellement ! si clair aussi que les écrivains sacrés veulent rapporter une résurrection proprement
dite ! S. Luc, 8, 55, dit en propres termes que « l'esprit lui revint », ce qui suppose nécessairement une
séparation momentanée de l’âme et du corps. Notre-Seigneur, par les mots elle dort, indiquait donc, comme
l’ont fort bien compris la plupart des commentateurs, que la mort n’existait que pour peu de temps. « Il dit
qu’elle n’était pas vraiment morte, non parce qu’elle n’était pas vraiment morte, mais parce qu’elle n’était
pas morte de la façon que la foule le croyait, i.e. qu’elle ne pouvait pas être rappelée à la vie », Maldonat. Si
la mort ordinaire, la vraie mort, porte fréquemment dans la Bible, Cf. Ps. 75, 6 ; Jerem. 51, 39 ; Thess. 4, 12
et ss., dans les écrits rabbiniques (« On trouve chez les talmudistes le mot dormir employé au sens de
mourir », Lightfoot, Horae in h. l.), et dans le langage chrétien (comparez le beau nom de cimetière,
« dortoir », pour désigner l’endroit où reposent les morts), le nom métaphorique de sommeil, pourquoi Jésus
n’aurait-il pas le droit d’employer cette image pour représenter un trépas qui devait durer moins d’une
heure ? Lazare était assurément bien mort, et pourtant son divin ami tiendra de lui un langage semblable :
« Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil », Joan. 11, 11. Le Seigneur parle
ainsi, dit Bengel, parce que « Il s’avance vers le miracle sûr de lui-même ». Il se proposait en outre d’exciter
par ce langage la foi du père et de la mère, comme aussi d’éloigner plus facilement la foule en tumulte dont
la curiosité aurait gêné son action si elle eût su d’avance qu’il allait opérer une résurrection. - Et ils se
moquaient de lui, « sachant qu'elle était morte », ajoute S. Luc, 8, 53.