Matthieu 9, 26

Et la nouvelle se répandit dans toute la région.

Et la nouvelle se répandit dans toute la région.
Saint Hilaire de Poitiers
Dans le sens mystique, Notre-Seigneur entre dans la maison du chef de la synagogue, c'est-à-dire dans la synagogue elle-même, au moment ou les cantiques de la loi font entendre en son honneur des chants funèbres.

Afin qu'il fût bien démontré que le nombre des croyants était limité, la foule tout entière fut mise dehors. Le Sauveur aurait bien désiré qu'elle fût sauvée, mais en se moquant de ses paroles et de ses actions, elle se rendit indigne d'être témoin de la résurrection de cette jeune fille.

Le bruit de cette résurrection se répand dans toute cette contrée ; en effet, après que Jésus a sauvé ceux qu'il avait élus, ils vont publier les bienfaits du Christ et ses oeuvres.
Saint Ambroise
En effet, c'était un usage chez les anciens de faire venir des joueurs de flûte pour exciter la douleur et faire couler les larmes aux funérailles des morts.
Saint Jean Chrysostome
Il est à remarquer que Notre-Seigneur semble user ici de lenteur, et qu'il s'entretient avec la femme qu'il vient de guérir pour laisser à la jeune fille le temps de mourir, et rendre ainsi plus éclatant le fait de sa résurrection. Il suivit la même conduite à l'égard de Lazare, qui demeura dans le tombeau jusqu'au troisième jour. " Et lorsqu'il eut vu les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit. " Nous avons là une preuve évidente que la jeune fille était morte.

Mais Jésus-Christ chassa tous ces joueurs de flûte, et fit entrer les parents de la jeune fille afin que l'on ne pût attribuer à un autre sa résurrection. Avant même de la ressusciter, il relève leur courage par ces paroles : " Retirez-vous, car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort. "

Par ces paroles, le Sauveur apaise l'agitation intérieure de ceux qui étaient présents, et il leur montre avec quelle facilité il peut ressusciter les morts. Il tint le même langage à Lazare (Jn 11) : " Notre ami Lazare dort, " et il nous apprend ainsi à ne pas redouter la mort. Comme il devait mourir lui-même, il voulut, en rendant la vie à quelques morts, ranimer la confiance de ses disciples, et leur apprendre à supporter la mort avec courage. Car dès qu'il s'approche, la mort n'est plus qu'un sommeil. Or, en entendant ces paroles, ils se moquaient de lui, mais il ne leur en fait aucun reproche : car il voulait que cette dérision, les flûtes et toutes les autres circonstances fussent autant de preuves de la mort de cette jeune fille. Comme il arrive bien souvent que les hommes refusent de croire aux miracles lorsqu'ils sont opérés, il veut les convaincre auparavant par leurs propres aveux ; c'est ce qu'il fit encore à la mort de Lazare, lorsqu'il demanda : " Où l'avez-vous mis ? " Afin que ceux qui lui répondirent : " Venez et voyez " fussent forcés de croire que Lazare était véritablement mort, et qu'il l'a ressuscité.

Il n'introduit pas dans son corps une âme nouvelle, mais il y fait rentrer celle qui en était sortie, et rappelle la jeune fille comme d'un sommeil, pour préparer ainsi les esprits à croire en la résurrection. Non-seulement il ressuscite cette jeune fille, mais il lui fait encore donner à manger, pour que tous soient bien convaincus que cette résurrection n'est pas une chose imaginaire, mais bien une réalité.
Saint Jérôme
Mais ceux qui couvraient ainsi d'indignes outrages le Sauveur qui allait ressusciter cette jeune fille, n'étaient pas dignes d'assister au fait mystérieux de sa résurrection ; c'est pourquoi l'Évangéliste ajoute : " Et après qu'on eut fait sortir tout le monde, il entra, lui prit la main, et la jeune fille se leva. "

Jusqu'à ce jour la jeune fille repose morte dans la maison de son père, et ceux qui paraissent être les maîtres sont les joueurs de flûte qui font entendre des airs lugubres. La foule des Juifs n'est pas le peuple des croyants, c'est une foule tumultueuse. Mais lorsque la plénitude des nations sera entrée, alors tout Israël sera sauvé. (Rm 11.)

 " Jésus lui prit la main, et la jeune fille se leva, " car la synagogue ne peut avoir part à la résurrection avant que les mains des Juifs n'aient été purifiées du sang dont elles sont souillées.
Saint Grégoire le Grand
La foule est mise dehors avant que la jeune fille soit ressuscitée, car tant que la multitude des intérêts temporels n'est pas chassée des plus secrètes parties du coeur, l'âme qui est morte au dedans ne peut ressusciter. 
Rabanus Maurus
C'est-à-dire elle est morte à vos yeux, mais pour Dieu qui peut la ressusciter, elle n'est qu'endormie dans son corps comme dans son âme.

Dans le sens moral, la jeune fille morte dans la maison, c'est l'âme qui est morte dans ses pensées. Le Sauveur dit qu'elle n'est qu'endormie, parce que ceux qui pèchent dans la vie présente peuvent encore ressusciter par la pénitence. Les joueurs de flûte, ce sont les flatteurs qui applaudissent à celle qui est morte.

Notre-Seigneur ressuscite cette jeune fille dans la maison en présence d'un petit nombre de témoins, le jeune homme en dehors de la porte de la ville, et Lazare devant un grand nombre de spectateurs, parce qu'une faute publique exige un remède public ; tandis qu'une faute légère peut être effacée par une pénitence secrète et plus douce. 
La Glose
Après la guérison de l'hémorroïsse, vient la résurrection de la jeune fille que l'écrivain sacré raconte en ces termes : " Et lorsque Jésus fut arrivé dans la maison du chef de la synagogue. "

Cette circonstance fait ressortir la grandeur et la nouveauté de ce miracle, en même temps qu'elle devient une preuve évidente et irréfragable de sa vérité.
Saint Thomas d'Aquin
1153. Vient ensuite la divulgation dans toute la région.
Louis-Claude Fillion
Et le bruit s'en répandit... De même en grec, pour signifier « le bruit de ce miracle ». - Dans tout le pays. Et tout le monde crut à une résurrection véritable ; ce n’est qu’après dix-huit siècles que l’on se mit à soupçonner que la mort pouvait bien n’avoir été qu’une syncope transitoire. - Telle fut, sinon d’après l’ordre des temps, du moins d’après l’ordre que nous présente la lecture successive des quatre Évangiles, la première des trois résurrections opérées par Jésus-Christ pendant sa vie. Leur série offre une progression remarquable : la jeune fille qui vient d’expirer, le jeune homme qu’on porte au tombeau, Luc. 7, 11 et ss., l’homme fait qui est depuis quatre jours dans le sépulcre, Joan. 11, 1 et ss. Puis viendra le tour de Jésus qui, après avoir rendu la vie aux autres, se ressuscitera lui-même, et qui s’écriera triomphalement : Je suis la Résurrection et la Vie ! - Nous avons vu avec émotion, sous les arcades du nouveau cimetière de Munich, une fresque magnifique, exécutée d’après un dessin de Schraudolf, représentant la fille de Jaïre rendue à la vie par Jésus-Christ. Il existe aussi sur ce sujet un beau tableau de Rembrandt.