Matthieu 9, 27

Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! »

Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! »
Saint Thomas d'Aquin
1154. On a montré plus haut comment [le Seigneur] a redonné la vie ; ici, on indique comment il a donné les fonctions de la vie. Premièrement, on indique comment il a redonné la vue [9, 27s] ; deuxièmement, comment [il a redonné] la parole, en cet endroit : MAIS EUX, ÉTANT SORTIS, etc. [9, 31].

1155. Et, en premier lieu, [Matthieu] fait quatre choses. Premièrement, la demande des aveugles est présentée [9, 27] ; deuxièmement, l’examen des croyants, en cet endroit : ET [JÉSUS] LEUR DIT, etc. [9, 28] ; troisièmement, l’exaucement, en cet endroit : ALORS, IL LEUR TOUCHA LES YEUX [9, 29] ; quatrièmement, l’enseignement à ceux qui voyaient, en cet endroit : ET [JÉSUS] S’ADRESSA À EUX SÉVÈREMENT [9, 30].

1156. À propos de la demande de ces [aveugles], nous pouvons relever cinq choses, qui rendent la demande susceptible d’être exaucée. Premièrement, [les aveugles] choisirent un moment propice pour demander : ALORS QUE JÉSUS S’EN ALLAIT DE LÀ. Et, par cela, est signifié le temps de l’incarnation, qui est le temps de la miséricorde. Ainsi, en Ps 101[102] 14 : Car le temps de faire miséricorde est venu. Et ainsi, ils furent mieux écoutés, comme on lit dans He 5, 7 : Il a été entendu en raison du respect qu’il a montré. De même, afin d’obtenir, ILS LE SUIVIRENT. En effet, ceux qui ne suivent pas Dieu dans l’obéissance n’obtiennent pas. DEUX AVEUGLES. Ces deux aveugles sont deux peuples, celui des Juifs et celui des Gentils. Sont en effet aveugles ceux qui n’ont pas la foi. À leur sujet, il est dit dans Is 59, 10 : Nous avons tâté le mur comme des aveugles. De même, la ferveur de la dévotion est nécessaire. On dit ainsi qu’ils CRIAIENT, comme on lit dans Ps 119, 1 : J’ai crié vers le Seigneur dans mes tribulations, et il m’a écouté. [Est aussi requise] l’humilité de ceux qui demandent, lorsqu’on dit : ILS DISAIENT : «FILS DE DAVID, AIE PITIÉ DE NOUS.» Dn 9, 17 : Ô notre Dieu, écoute la prière de ton serviteur. De même, est indiquée leur foi, parce qu’ils l’appellent fils de David, et celle-ci est nécessaire, comme on lit dans Jc 1, 6 : Qu’il demande avec foi et sans hésitation.

1157. Ensuite, [Jésus] examine les demandeurs. Premièrement par un geste : en reportant leur exaucement. En effet, c’est lorsqu’elle n’est pas immédiatement exaucée qu’une foi solide est manifestée. Ha 2, 3 : S’il tarde, attends-le, car il viendra.
Louis-Claude Fillion
S. Matthieu nous a seul conservé le souvenir de ce nouveau prodige, qui semble d’après l’agencement du récit - comme Jésus sortait de là - avoir succédé immédiatement à celui que nous venons d’étudier. L’adverbe « de là » ne peut en effet désigner que la maison de Jaïre. - Deux aveugles. Il est souvent parlé d’aveugles dans l’Évangile, et cela n’est pas surprenant, la cécité ayant toujours été très fréquente en Orient, surtout en Égypte, en Palestine et en Arabie. Plusieurs causes contribuent à produire ce résultat fâcheux : la poussière très ténue qui pénètre constamment dans les yeux, le vif éclat du soleil, la blancheur du sol, la fraîcheur des nuits qu’on passe souvent en plein air, tous ces motifs pris à part ou réunis occasionnent dans les organes de la vue des inflammations dangereuses qui, faute de soins, ne tardent pas à occasionner une complète cécité. Les deux aveugles mentionnés ici par S. Matthieu ne l’étaient sans doute pas de naissance, car les Évangélistes ont coutume de signaler cette circonstance en termes exprès. - Criant, ainsi que l’ont fait les pauvres aveugles de tous les temps et de tous les pays (crier comme un aveugle). - Fils de David. En donnant ce titre à Jésus, les deux aveugles qui imploraient sa commisération le reconnaissaient hautement pour le Messie ; car telle était bien à cette époque, nous l’avons indiqué au début de notre commentaire, Cf. 1, 1 et la note qui s’y rapporte, l’expression consacrée pour désigner le Christ : elle nous apparaîtra désormais presque à chaque chapitre du premier Évangile, Cf. 12, 23 ; 15, 22 ; 20, 31 ; 21, 9, 15 ; 22, 42-45. - D’où provenait cette foi si explicite de nos deux infirmes ? Sans doute de la connaissance qu’ils avaient des miracles opérés par Jésus, et particulièrement de celui qu’il venait d’accomplir chez Jaïre. Ils ont l’honneur de faire entendre le premier témoignage précis qui soit sorti des rangs du peuple en faveur du caractère messianique du divin Maître.
Catéchisme de l'Église catholique
La prière à Jésus est déjà exaucée par lui durant son ministère, à travers des signes qui anticipent la puissance de sa Mort et de sa Résurrection : Jésus exauce la prière de foi, exprimée en paroles (le lépreux : cf. Mc 1, 40-41 ; Jaïre : cf. Mc 5, 36 ; la cananéenne : cf. Mc 7, 29 ; le bon larron : cf. Lc 23, 39-43) ou en silence (les porteurs du paralytique : cf. Mc 2, 5 ; l’hémorroïsse qui touche son vêtement : cf. Mc 5, 28 ; les larmes et le parfum de la pécheresse : cf. Lc 7, 37-38). La demande pressante des aveugles : " Aie pitié de nous, fils de David " (Mt 9, 27) ou " Fils de David, Jésus, aie pitié de moi " (Mc 10, 48) a été reprise dans la tradition de la Prière à Jésus : " Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de moi, pécheur ! " Guérison des infirmités ou rémission des péchés, Jésus répond toujours à la prière qui l’implore avec foi : " Va en paix, ta foi t’a sauvé ! ".