Matthieu 9, 33
Lorsque le démon eut été expulsé, le sourd-muet se mit à parler. Les foules furent dans l’admiration, et elles disaient : « Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël ! »
Lorsque le démon eut été expulsé, le sourd-muet se mit à parler. Les foules furent dans l’admiration, et elles disaient : « Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël ! »
Ce miracle, comme le précédent, n’est raconté que dans le premier
Évangile. Il a une si grande affinité avec un autre prodige rapporté un peu plus bas par S. Matthieu, 12, 22 ;
Cf. Luc. 11, 14, qu’on a voulu parfois les regarder comme un seul et même événement. Mais les faits ont été
certainement distincts, puisque l’évangéliste prend la peine de les distinguer : dans l’un des cas, le possédé
est simplement muet ; dans l’autre, il est tout à la fois muet et aveugle. - Lorsqu'ils furent sortis ; la guérison
des deux aveugles et celle du possédé se suivirent donc de très près. A peine les premiers avaient-ils quitté la
maison de Jésus que l’autre y était introduit par des personnes charitables qui intercédèrent pour lui auprès
du Sauveur. - Un homme muet, possédé du démon. Il faut une virgule après l’adjectif « muet » qui ne se
rapporte certainement pas à « démon », mais à « homme » ; le texte grec est très clair sur ce point. Le
mutisme provenait, dans cette circonstance, non d’un défaut d’organisme, mais d’une influence
psychologique : c’était un effet de la possession. Aussi, la cause disparaissant, le démon ayant été chassé,
l’usage du langage revient immédiatement, le muet parla, ce qui n’aurait pas eu lieu sans un nouveau
miracle, si les deux choses eussent été indépendantes l’une de l’autre. - L’écrivain sacré note ici encore la
profonde impression que produisit sur le peuple la vue de cette merveilleuse guérison. Il a même conservé la
réflexion principale qui sortait de toutes les bouches, ou du moins qui circulait à travers la foule
enthousiasmée. - Jamais rien de semblable n'a été vu en Israel ! Il est facile de saisir le sens général de cette
exclamation ; néanmoins les interprètes sont loin de s’accorder pour en déterminer la signification exacte. Le
mot « semblable » a tout particulièrement exercé leur sagacité. Les uns traduisent : « Jamais dans le peuple
hébreu quelque chose de semblable n’était apparu ». C'est l'avis de Rosenmüller : « Le sens est : tant de
signes, tant de prodiges, et si rapidement… et dans toutes les sortes de maladie, que personne jusque là
n’avait produits ». D'autres sous-entendent “quelqu'un” et traduisent : « Jamais en Israël quelqu'un de
semblable n’était apparu ». Telle est l'opinion de S. Jean Chrysostôme. D'autres encore restreignent la phrase
à Jésus et aux manifestations de sa puissance : « Jésus n’avait jamais paru ainsi (d’une façon si imposante) en
Israël ». Peut-être vaut-il mieux, avec Meyer, Arnoldi, Schegg et plusieurs autres auteurs, appliquer au fait
spécial qui venait d’avoir lieu, c’est-à-dire à l’expulsion des démons, la comparaison contenue dans cette
expression populaire. La guérison des possédés, voulait-on dire, n’a jamais été opérée si promptement, avec
une pareille simplicité, durant toute l’histoire antérieure d’Israël. Rien n’était en effet plus compliqué chez
les Juifs qu’une opération de ce genre : nous aurons bientôt l’occasion de le montrer en détail (Cf. l’explication de 12, 27). Il est vrai que l’art de l’exorciste était souvent transformé en un métier de charlatan
ou même de sorcier.